Le Mali pleure son meilleur joueur de tous les temps. Idrissa Toure dit Nani. Il a tiré sa révérence jeudi 25 octobre à l’âge de 80 ans à l’hôpital Militaires de Kati, des suites d'une longue maladie. L'information est tombée tel un couperet pour les membres de sa famille, ses amis et proches ainsi que les férus de la balle ronde nationale, que le regretté avait tant enchantés à son époque. Dès vendredi matin, son domicile a été pris d’assaut par des sportifs pour présenter les condoléances.
« Le destin a voulu ainsi. Je lui ai croisé un y a quelques jours il sortait de l’ambassade de France pour son rendez-vous. Que Dieu l’assiste », témoin l’ancien défenseur du Djoliba, et des Aiglons 1989 dont Nani fut son entraîneur, Oumar Guindo.
Selon sa famille et un communiqué de l’AS Réal de Bamako ( son club de cœur), dimanche 28 octobre, aura lieu son l’enterrement au cimetière d’Hamdallaye et une foule nombreuse est attendue pour rendre un dernier hommage à celui qui est l’un des meilleurs footballeurs que le Mali ait connu « Il fut incontestablement l’ailier de débordement que nous footballeur reste encore nostalgique », renseigne l’ancien défenseur du Réal des années 1980, Mamadou Coulibaly alias Benny (père Kalifa joueur de Nantes).
La reconnaissance de la nation qui lui a valu d’être désigné chevalier de l’ordre national du Mali. Plus tard il sera élevé à la dignité d’officier de l’ordre national par l’ancien président Amadou Toumani Touré.
Son amour pour la discipline date de sa tendre enfance dans son quartier natal, où il évoluait à Dravela puis l’AS Réal de Bamako qu’il a connu le bonheur et le gloire.
La campagne des premiers Jeux africains de Brazza où il est sorti médaillé d’argent, reste l’un de ses grands souvenirs. A l’époque, il a pu établir une grande complémentarité avec des noms comme Karounga Keïta avec qui il répond au sobriquet « Assoce » pour dire « associé » ou Abdoulaye Diawara « Blocus ». Cette campagne constitue un tournant dans la vie de l’ancien international. Selon lui, l’équipe nationale du Mali méritait mieux. Ce qui l’a choqué davantage, c’est la coloration politique donnée à l’événement. Cette génération de footballeurs d’élite qui comprenait aussi Sidy Diarra, Ousmane Traoré, « Ousmane Bleni », Cheickna Traoré « Kolo National », Moriba Dembélé, Mamadou Doudou Diakité, Salif Keïta Domingo ou Yacouba Samabally était admise aux ordres de feu Ben Oumar Sy. Pour le défunt Nani Oumar Sy était un entraîneur exceptionnel dont il ne cessera jamais de louer les mérites.
Six coupes du Mali, plusieurs titres de champions de la ligue de Bamako et d’inter Ligues du Mali. Il a surtout marqué les deux premières éditions de la coupe d’Afrique des clubs champions. D’abord avec le Stade Malien en 1965 contre l’Oryx de Douala et ensuite avec l’AS Réal en 1966 contre le Stade d’Abidjan.
Idrissa Touré dit Nani est le père de feu Sory Ibrahima Touré « Binkè », Bassala Touré, Sidy Bekaye Touré, Samba Lamine Touré (Saint-Malo) et Almamy Touré de Monaco.
Depuis sa 1ère licence signée avec le Racing club de Bamako en 1957, l’homme a connu beaucoup de succès dans son élogieux parcours. D’abord avec le RCB, il garde la fierté d’avoir remporté la dernière coupe du Soudan 1959. Depuis la fusion du RCB et de l’avenir de Bamako qui a donné naissance à l’AS Réal, il n’a connu que ce club au sein duquel il a accumulé les joies et les peines. Encore faut-il préciser qu’il a évolué avec le Stade Malien en 1965 seulement pour les besoins de la compétition africaine qui autorisait à l’époque la sélection de deux joueurs d’autres clubs. Noter encore de ses performances avec l’équipe nationale notamment lors de la coupe Kwame Nkrumah en 1963 où il a été médaillé d’argent.
Après avoir raccroché les crampons avec l’équipe nationale en 1973 puis le Réal une année plus tard. Il arbore la tenue d’entraîneur. Ainsi, il conduit les Aigles du Mali à la demi-finale de la Coupe Amical Cabral en 1983 à Nouakchott (Mauritanie). Première qualification des Aiglons à la finale du championnat d’Afrique en 1989 perdue contre le Nigeria (0-2 et 2-0) et la phase finale de la Coupe du monde delà catégorie en Arabie Saoudite avec l’actuel sélectionneur des U20 Mamoutou Kané dans la cage. Le diplôme obtenu en 1971 à Leipzig en Allemagne après 8 mois de formation, est passé par là. « Il jouait avec la hargne et la détermination. Aux Jeux africains 1965 il jouait à gauche, Moi à droite et Blocus au centre. A chaque instant il nous procurait la joie d’évoluer ensemble. Il se respectait… », témoin son ancien coéquipier en sélection, Mamadou Diakité dit Doudou qui a passé près de 18 ans au sein du seul Stade Malien.
Chaque matin, ses amis de quartiers de Bolibana et anciens sportifs tout court, lui rendre visite à domicile.
Boubacar Diakité dit Sarr