Une grande partie du site occupé par des fabricants de savon artisanal «Gabacourouni», dans la zone aéroportuaire de Niamakoro, a été détruite la semaine dernière par un bulldozer, à la demande du maire du district de Bamako et ses complices. Le déguerpissement de ce site va certainement mettre au chômage plus de 8000 jeunes maliens.
Récemment déclassée de la zone aéroportuaire pour recaser les déguerpis de Niamakoro, le lotissement de cette zone bat son plein. Les fabricants de savon installés sur le site, depuis plusieurs dizaines d’années, n’ont jamais été concertés concernant ce projet de la mairie du District de Bamako. Ils ont alors été estomaqués de voir débarquer un bulldozer sur le site le samedi 20 octobre 2018.
Selon Mahamadou Sidibé, secrétaire administratif de l’association nationale des fabricants de savon artisanal dans la zone aéroportuaire de Niamakoro, le bulldozer était escorté par plusieurs agents de police. Ils étaient arrivés vers 5 heures du matin pour tracer une voie de 30 m dans la zone. Concernant le mandataire, aucune précision n’a été donnée.
Pis, les occupants n’avaient reçu aucun avertissement ou avis d’expulsion. Sous les yeux impuissants des occupants, une grande partie du site a été détruite, notamment des fûts d’huile, des hangars et du matériel de travail. Le coût des dégâts est estimé à plus de 1 750 000 FCFA.
Aux dernières nouvelles, a-t-on appris, le tout-puissant maire du District aurait commandité cette opération de destruction. Une situation que les occupants n’ont pas appréciée.
À cet effet, ils ont organisé une assemblée générale le samedi dernier sur le site pour exprimer leur ras-le-bol et interpeller le gouvernement à agir pour sauver l’emploi des milliers de jeunes.
Au cours de cette assemblée qui a mobilisé un millier de fabricants, le président de l’association, Sékou Diakité, a exprimé son indignation avant d’annoncer que l’association est disposée au dialogue. À défaut, les occupants se disent prêts à tous les sacrifices pour sauver leur site.
Les plus hautes autorités sont averties, car, sur ce site, plus de 8000 personnes travaillent, sans compter les vendeurs et revendeurs. Le maire du District de Bamako, Adama Sangaré, qui ne recule devant rien, risque de provoquer un affrontement sanglant dans cette zone. Après les déguerpis de Niamakoro, une autre couche sociale vient d’être victime de sa mauvaise politique.