Quand on dit qu’on n’a aucune considération pour les enseignants de ce pays, cela peut surprendre certains mais la décision du gouverneur de Kidal à l’encontre de nos camarades de sa région prouve à suffisance combien on a du mépris pour la vie des enseignants.
En lançant un ultimatum aux enseignants de regagner leur poste, d’ici le 30 octobre prochain, sous peine de radiation, ce gouverneur montre ici que la vie de ces derniers importe peu pour lui. Ils ont eu le malheur d’être enseignants, ils doivent aller enseigner, peu importe ce qui leur arrivera. Sinon, je sais que mon cher gouverneur n’a pas oublié la menace proférée par les djihadistes à l’encontre des enseignants du Nord qui oseraient rentrer en classe. Quelles dispositions sécuritaires a- t- il prises à ce niveau face à cette menace ?
Non, nous savons que cela ne l’intéresse pas. Mieux, le gouverneur peut- il nous dire que ce sont les enseignants seuls qui ont abandonné leurs postes ? Combien de ses fonctionnaires et même de hauts cadres résident aujourd’hui à Bamako pour les même raisons, quelle mesures a- t- il prises à l’encontre de ceux-ci ? Ou bien va- t-il nous dire que Kidal n’a pas besoin de leurs services ?
Comme un adage de chez nous le dit «Ça se casse là où c’est faible». Mais je dois dire à nos camarades que nous ne sommes pas les maillons faibles de la société, c’est le manque de solidarité entre nous qui nous rend faibles.
Nous ne devons pas et nous n’avons nullement le droit de laisser nos camarades à la merci d’un gouverneur pour qu’il les envoie à la boucherie. Nous devons nous assumer. Pour cela, j’en appelle à tous les syndicats d’enseignants pour qu’ils prennent la mesure de cette décision qui risque de mettre en danger la vie de nos camarades.
Si le gouverneur veut exiger d’eux qu’ils reprennent leurs postes, il faut qu’il leur donne une garantie sécuritaire, et il doit exiger la même chose pour les autres fonctionnaires de la région.
Dans ce pays là, nous ne devons plus accepter une politique de deux (02) poids, deux (02) mesures. En restant indifférents, nous laisserons un précédent fâcheux.