Décédé le samedi 27 octobre, le chef de village de Somasso, Bayo Dao, a été conduit ce dimanche, en sa dernière demeure. Présents à ces funérailles, des autorités administratives de la région de Ségou, l’ancien ministre, Ousmane Koné, et des ressortissants du village, ont témoigné de leur compassion à la famille de l’illustre disparu.
C’est une énorme perte pour le cercle de Bla et particulièrement la Commune rurale de Somasso. Bayo Dao dit Narcisse, chef de village, depuis six ans, a tiré sa révérence le samedi 27 octobre 2018.
Après 84 bonnes saisons sur terre, l’homme n’a pas vécu inutile. Né en 1934, et nanti d’un niveau intellectuel acquis pendant ses années d’études à l’école des missionnaires blancs de son village, Bayo Dao va vite intégrer le cercle des futurs décideurs. Issue de la famille de la chefferie du village, il fut très tôt compté parmi les futurs leaders du village. Selon le pasteur Abel Dao, neveu du défunt, Bayo Dao avait toutes les qualités d’un homme. “Je retiens de notre papa l’image d’un grand homme, très combatif et actif. Un éducateur par excellence”.
Sa vie n’a pas été marquée seulement par son combat pour la reconnaissance d’un droit à une communauté aussi laborieuse que celle de sa terre natale. “Même sur le plan politique, il s’est fait beaucoup remarquer. Il a influencé l’environnement de son temps à l’Union démocratique du peuple malien (UDPM). D’abord à la jeunesse de ce parti unique avant d’être admis dans les instances supérieures. Il a beaucoup évolué avec tous les responsables politiques du cercle de Bla. Mais ça n’a pas été tout”, ajoute Abel Daou.
C’est à l’avènement de la démocratie qu’il s’est retiré de la scène politique, rappelle-t-il.
“Il est retourné à Somasso pour se consacrer à la cohésion sociale de cette localité qui traversait une passe difficile à l’époque. Il fallait quelqu’un pour fédérer les cœurs, pour appeler à la cohésion et à l’engagement pour le développement du village. Il a fait ce travail pendant six ans, en tant que chef de village. Et dans cette tâche, il fut un exemple pour Somasso. Il a surtout encouragé le dévouement…”, a-t-il témoigné.
Cette image de rassembleur est restée gravée dans la mémoire collective à Somasso.
Le président de l’Association pour le développement de Somasso, Markatié Daou, a témoigné des hauts faits de l’illustre disparu de son vivant.
“L’ADS a été beaucoup plus touchée par cette disparition, survenue de façon inattendue. Nous retenons de lui l’image d’un grand baobab ayant œuvré sa vie durant au service de la communauté. Il est de ceux qui ont contribué à réhabiliter le tissu social. Notre regretté chef de village a pu planter l’arbre de la paix et de la réunification à Somasso. Sous son règne Somasso a retrouvé sa grandeur d’antan”.
L’homme que nous venons d’accompagner en sa dernière demeure n’a pas vécu inutile, dit-il. “Pendant 84 ans, il n’a cultivé que de l’amour du village, surtout aux jeunes. Nous souhaitons la même détermination pour celui qui doit prendre le trône de poursuivre les belles œuvres de Bayo Dao. Il est parti, le plus important est d’assurer une relève qui profite mieux. En 2015, lorsque nous sommes venus, pour la première fois, avec l’idée du festival pour la revalorisation de notre culture, nous n’avons pas manqué de son assistance.
On avait besoin d’un accompagnement, d’un appui-conseil et surtout de la collaboration de tout le village. Bayo s’est mis devant nous, il a donné le premier coup de pioche. Dieu merci aujourd’hui, l’arbre qu’il a planté pousse petit à petit. Pour l’ADS, l’homme a posé des actes que seront gravés dans les annales du village de Somasso”. Sa mort a suscité une vague d’émotions de personnalités dont l’ancien ministre Ousmane Koné, le Gouverneur de la région de Ségou, le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Pr Samba Sow.
Marié et père de 5 enfants avec des dizaines de petits-enfants, Bayo Dao, repose pour l’éternité au cimetière de Somasso, aux côtés de ses ancêtres.