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Le football malien en deuil : Nani Touré tire sa révérence
Publié le mardi 30 octobre 2018  |  Le challenger
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Ancien joueur du Réal de Bamako et de l’équipe nationale du Mali, Nani Touré, est décédé le 26 octobre 2018 à l’hôpital de Kati à l’âge de 80 ans. Il est le père d’autres célèbrités du ballon rond malien comme Feu Binké Touré, Bassala Touré et Almamy Touré. Son enterrement a eu lieu le dimanche 28 octobre à Oulofobougou Bolibana à 16 heures. Qui était donc l’illustre disparu. Lisez cet article de notre confrère Souleymane Diallo qui vient d’être nommé chargé de mission au cabinet du ministre de la Réforme administrative et de la transparence de la vie publique.

Parcours du sportif : Nani Touré, le football dans le sang

Il a le football dans le sang si bien qu’après une brillante carrière internationale, il se satisfait du parcours de ses enfants et petits enfants qui font le bonheur du football malien.

Né en 1938 à Bamako (Dravela), Idrissa Nani Touré est l’un des meilleurs footballeurs que le Mali ait connu. Sans conteste, il demeure cet ailier de débordement dont les qualités font rêver plus d’un, et surtout dont le football malien reste encore nostalgique.

Nani a procuré des joies immenses à ses nombreux fans de l’As Réal de Bamako ou de l’équipe nationale du Mali. Il se réjouit d’avoir connu de grands profits relationnels du milieu sportif, dont la reconnaissance de la nation qui lui a valu d’être désigné chevalier de l’ordre national du Mali. Plus tard il sera élevé à la dignité d’officier de l’ordre national par le président Amadou Toumani Touré.

En contre partie, il a toujours voulu s’occuper de football après sa retraite. « S’occuper de la formation des footballeurs de talent est pour moi une chère ambition » confie-t-il. C’est pourquoi, il a concocté deux ambitieux projets de centre de formation qui n’ont jamais vu le jour, faute de site adéquat. D’abord, la ville de Sikasso aurait bénéficié des actions de l’école de football Ousmane Touré dit Pekin en 1995, alors que Bamako devrait accueillir un centre qui porte le nom de son défunt fils Sory Ibrahima Touré dit Binké, à Kandiourabougou (Sébénikoro) en 1999.

Malgré les difficultés qu’il a rencontrées pour la mise en marche de ces centres de formation, Nani ne renonce pas pour autant à s’atteler à la formation des talents, lui, qui est un entraîneur de haut niveau nanti de nombreux stages. Sa carrière d’entraîneur l’a conduit à diriger l’As Réal et l’équipe nationale juniors et seniors du Mali.

L’ As Réal des années 1980 lui doit sa renommée et ses deux titres de champions du Mali conquis en 1983 et 1986. Même s’il garde encore un douloureux souvenir de la finale perdue en 1987 face à l’As Sigui de Kayes, Nani Touré peut légitimement se flatter d’avoir réussi à monter ce que notre confrère de l’Ortm, feu Demba Coulibaly, appelait «l’attaque électronique de l’As Réal». C’était à un moment où les Mamadou Coulibaly «Benny», Beydi Sidibé « Baraka », Drissa Konaté «Driballon» et Amadou Samaké « Vieux gaucher » étaient insaisissables sur un terrain au grand bonheur des scorpions de Bamako.

Mais depuis ce moment là, l’As Réal a commencé à être miné par des problèmes de personnes. Nani Touré qui a également été secrétaire général du comité directeur de 1989 à 1992 a dû démissionner, les siens lui ayant surtout reproché le transfert de son fils prodige Binké Touré au stade Malien de Bamako. Depuis, il a été marginalisé et combattu par certains responsables de son club de toujours qui se sont même opposés à sa collaboration avec Jean Marc Guillou dans le cadre de l’académie de l’As Réal.

Et pourtant, c’est avec l’As Réal de Bamako que l’enfant de Dravela a connu la gloire et le bonheur. A son palmarès, figurent six coupes du Mali, plusieurs titres de champion de la ligue de Bamako et d’inter ligue du Mali. Mais surtout l’ancien capitaine des scorpions a marqué les deux 1eres éditions de la coupe d’Afrique des clubs champions.

D’abord, avec le stade Malien (en 1965), il a perdu la finale contre l’Oryx de Douala. Et l’année suivante, avec l’As Réal, Nani Touré a connu la déception d’être dominé par le Stade d’Abidjan dans un match retour qui se passe de commentaire. Après avoir gagné 3-1 à l’aller, les Réalistes se sont inclinés 4-2 à Abidjan. En somme, depuis sa 1ère licence signée avec le Racing club de Bamako en 1957, l’homme a connu beaucoup de succès dans son élogieux parcours. D’abord avec le RCB, il garde la fierté d’avoir remporté la dernière coupe du Soudan 1959. Depuis la fusion du RCB et de l’avenir de Bamako qui a donné naissance à l’As Réal, il n’a connu que ce club au sein duquel il a accumulé les joies et les peines. Encore faut-il préciser qu’il a évolué avec le Stade Malien en 1965 seulement pour les besoins de la compétition africaine qui autorisait à l’époque la sélection de deux joueurs d’autres clubs.

La touche de Ben Oumar Sy

Au-delà des clubs, Idrissa Nani Touré a aussi écrit de belles pages dans la sélection nationale du Mali. Au sein de celle-ci, il a pu établir une grande complémentarité avec des noms comme Abdoulaye Diawara « Blocus » qui continue de l’appeler « Partenaire » ou Karounga Keïta avec qui il répond au sobriquet « Assoce » pour dire « associé ». Cette génération de footballeurs d’élite qui comprenait aussi Sidy Diarra, Ousmane Traoré, « Ousmane Bleni », Cheickna Traoré « Kolo National », Moriba Dembélé, Mamadou Doudou Diakité, Salif Keïta Domingo ou Yacouba Samabally était admise aux ordres de feu Ben Oumar Sy. Pour Nani Oumar Sy était un entraîneur exceptionnel dont il ne cessera jamais de louer les mérites.

D’ailleurs, affirme t-il, « C’est lui qui m’a transformé en ailier de débordement en 1959- 60 avec la première équipe nationale du Mali, alors que je jouais au milieu de terrain avec Rcb ». Ce poste lui a si bien réussi que beaucoup se souviennent encore de ses performances avec l’équipe nationale notamment lors de la coupe Kwame NKrumah en 1963 où il a été médaillé d’argent. Ou lors des 1ers Jeux africains de Brazzaville en 1965 où il est également sorti médaillé d’argent. A ces deux occasions, il a connu ses plus gros regrets avec l’équipe nationale. « Nous avons perdu des matches qui étaient pourtant à notre portée » nous a-t-il confié.

Pour Nani, la chance leur a très souvent manqué. C’est pourquoi, il traîne le regret de n’avoir pu donner un trophée continental à notre football aussi bien en sélection qu’en clubs.

C’est au niveau des clubs et à l’occasion de la finale de 1966 qu’il tient ses succès personnels. Nani Touré se souvient : « Nous avons joué la finale aller le 18 décembre 1966 devant le président Modibo Keïta qui a chaleureusement accueilli mon 2è but contre le Stade d’Abidjan. J’étais d’autant heureux que j’ai moi-même vu le président manifester sur les écrans du cinéma Babemba ». Ce but était si beau qu’il n’avait pas seulement fait « exploser » le président Keïta, mais aussi des journalistes ivoiriens (dont Simplice Zinsou) qui n’ont pas tari de commentaires. « Après une interview qu’il a eue avec moi, le journaliste ivoirien m’a demandé si ce n’était pas un but de hasard. Non lui ai-je répondu tout en promettant de marquer pareil à Abidjan », rappelle Nani qui regrette que l’arbitre ait injustement refusé son but. A la fin du match, il a reçu les félicitations de Zinsou qui l’a magnifié comme un footballeur qui fait la fierté africaine.

Un entraîneur de haut niveau

En fait, l’ailier droit des scorpions était si véloce qu’il constituait une véritable terreur pour les défenseurs adverses.

Il était doté d’une vitesse d’exécution littéralement recherchée. Sa technique de base, son sang froid devant l’adversaire, ses dribbles déroutants et surtout sa clairvoyance faisaient de lui l’un des attaquants les plus dangereux de sa génération.

On pourrait même dire que Nani a le football dans le sang, car ses innombrables qualités ont été transmises à quelques uns de ses enfants. Polygame, il est le père de plusieurs enfants dont le regretté Sory Ibrahima Touré Binké, Bassala Touré dit Kokè ou Sidi Bekaye Touré dit Papa qui ont tous brillé sur les pelouses du Mali, d’Afrique ou du monde. Sidi a été élu meilleur joueur du Mali en 1986 et a remporté la coupe Amilcar cabral en 1989 avec l’entraîneur Kidian Diallo avant d’écourter sa carrière pour raison de blessure.

Alors que feu Binké qui fut le plus grand passeur de sa génération fut un clairvoyant distributeur qui manque encore au football malien. Bassala Touré qui est aujourd’hui le plus capé de l’équipe nationale semble le plus ressembler à son père. « Il a sa morphologie et un peu de ses qualités tout comme Binké, mais aucun des enfants n’a l’ensemble des qualités de Nani » nous précise un ancien footballeur pour qui Nani doit avoir le football dans le sang en faisant allusion à l’unique fils de Binké, Adama Touré dit Damus qui évolue actuellement au Stade Malien. Plus que les noms cités, dans la famille et aussi bien que dans la vie de Nani, c’est le football qui domine.

C’est pourquoi après avoir arrêté sa carrière en 1973 avec l’équipe nationale et en 1974 avec l’As Réal, il s’est adonné à la fonction d’entraîneur en commençant d’abord par son club. Puis les équipes nationales étaient servies. C’est ainsi qu’il a pu amener les Aigles en demi finale de la coupe Amical Cabral en 1983 à Nouakchott en Mauritanie. Par la suite, il a conduit l’exceptionnelle génération des Aiglons à la finale du championnat d’Afrique Juniors en 1989, et surtout à la 5è coupe du Monde Juniors en 1989 en Arabie Saoudite. C’était avec les Oumar Guindo, Binké Touré, Malick Tandjigora ou autres Boubacar Barry et Mamoutou Tolo, Bouba Diabaté, N’Faly Kanté, Harouna Coulibaly, Boubacar Sissoko, Oumar Sidibé, Mamoutou Kané. Il exploitait ainsi son diplôme d’entraîneur obtenu en 1971 à Leipzig en Allemagne après 8 mois de formation.

Souleymane Diallo

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