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La presse, les femmes et les jeunes : Un Tiercé dynamique dans le processus démocratique
Publié le mercredi 26 juin 2013  |  Le Guido




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La femme considérée comme la gardienne de la famille et les jeunes comme symbolisant l’insouciance, depuis les temps anciens, doivent être mieux considérés. Ce regard conservateur à l’égard de la femme malienne et des jeunes de notre pays pour l’une cantonnée dans le foyer, à côté de son mari et ses enfants, et l’autre cloitré dans son grin ou s’amusant dans les boîtes de nuit, doit être banni en notre ère démocratique. Les deux ne cessent de lutter contre ces préjugés qui deviennent de lourds fardeaux handicapant leur émancipation comme leur destin de citoyens à part entière. Ce processus de prise de conscience a été souvent catalysé par la presse malienne, ainsi que leur croisade contre la marginalisation.



Pour la tenue d’élections paisibles et transparentes, comme celles espérées à partir du 28 juillet 2013, la presse a un rôle important à jouer surtout dans un Etat démocratique comme le Mali. L’un de ses rôles est de mobiliser l’opinion publique autour du processus électoral. Ainsi, les informations des medias peuvent pousser les citoyens lambda à exercer pleinement leur droit de voter. De prime abord à s’inscrire, à contrôler si leur nom figure sur la liste électorale, à retirer leur carte et enfin à aller voter. Les medias au Mali ont contribué à ce que les élections se passent de façon transparente avec l’appui de la population. Bien évidemment ce ci ne peut se faire sans le renforcement des dispositifs et logistiques des différents medias pour assurer une bonne couverture. Pour couvrir de manière professionnelle et la plus accompli possible les activités des différents candidats aux élections. Elles doivent être dotée de tous les moyens pour accomplir cette mission de sensibilisation auprès des femmes et des jeunes, les plus grands électeurs, aujourd’hui, plus que par le passé



Un rôle incontournable dans la politique



Au regard des statistiques, la femme et la jeunesse composent la majorité de la population malienne. Force est de constater qu’elles sont, au regard de ce poids, presqu’absentes dans le processus des élections, qu’elles soient communales, législatives ou présidentielles. Comme on le sait, chaque citoyen doit apporter sa pierre pour la construction de l’édifice national. De ce fait, les rôles de la femme et de la jeunesse sont incontournables dans la politique. Les jeunes et les femmes ne doivent pas être là seulement pour épauler les hommes politiques. Il faut qu’ils mettent un terme au temps de la servitude. Ils ne doivent plus se contenter de faire du thé, de cuisiner et de danser dans les meetings. Ils peuvent, bien sûr, mobiliser les gens, faire la campagne pour quelqu’un d’autre, mais ils doivent avoir de l’ambition, s’impliquer eux-mêmes pour leur destin.





« Comme vous l’avez si bien dit, les femmes ne doivent pas voter à cause du thé, des tee-shirts, ou autres. Ces choses peuvent finir du jour au lendemain mais un président c’est 5 ans pas faciles de lui faire respecter son engagement. Elles doivent voter ou s’impliquer dans la politique parce que seule elles peuvent connaitre ses propres problèmes. La preuve en n’est que avec mon association, tous les membres de mon association est allé vérifier si leurs noms sont sur la liste » a confirmé Mme Traoré Fatoumata Traore, présidente de l’association féminine Jiguitougou.

Djénéba Koné ménagère «Nous remercions les journalistes qui, comme vous viennent à nous pour nous dire que les femmes ne doivent pas rester à la maison, mais se préparer à aller voter, pour que Dieu, avec leur aide, donne un bon président au Mali. On occupe la moitié de la population. Donc si tu ne votes pas quelqu’un d’autre choisira à ta place, le pire si ce n’est pas ton choix. Cela a été le cas avec le régime déchu ».





Selon Yahaya Sangaré «La presse doit dénoncer les politiciens qui ne font pas la politique pour faire avancer le pays, mais pour s’enrichir eux mêmes. Au fait, c’est un moyen d’enrichissement pour eux. Mais ceci est un peu la faute de la jeunesse, des femmes, parce qu’elles se laissent emporter par ces politiciens. Mais de plus en plus, la presse nous aide dans cet éveil des consciences, dans cette implication active à la politique. Avec vous, Je leur dirai d’aller voter massivement. Ce qui est un droit pour tout bon citoyen. Car après tout, nous somme maliens ».





Du fatalisme à l’activisme total

Il est temps de reconnaître, comme lui, que la politique n’est pas une question de sexe, ni d’âge mais de capacité, d’audace, de volonté. L’heure est venue pour les femmes de s’asseoir et réfléchir sérieusement à l’action efficace, en passant résolument de la passivité et du fatalisme à l’activisme total. Ne jamais rester en marge, précéder les hommes s’il le faut, quand on demande de sortir ; s’imprégner de tout ce qui concerne le bon fonctionnent du pays, tel doit être désormais son credo de citoyenne. S’il faut élire un candidat masculin, elle doit le faire dans le fond et non dans la forme. Les femmes ont compris les jeux des hommes politiques qui les utilisaient comme des bétails électoraux pour arriver à leur fin qui est d’être élu et après basta. « Femmes dans les campagnes, dans les régions, cercles et autres, ne vous dites pas que c’est le problème des femmes en villes ou de celles qui sont instruites. Seules les femmes connaissent mieux leurs propres préoccupations. Il est temps que les autres aussi se mobilisent pour elles. Il est temps que la mentalité change », voilà le message que nous avons fait comprendre à nos différentes interlocutrices au cours de notre mission par monts et par vaux .Il a été reçu cinq sur cinq, avec enthousiasme.



La jeunesse au créneau !

Force est de constater que le Mali est un pays jeune c’est-à-dire que la majorité de la population est la jeunesse, voire même 70% de la population. Si l’on sait que le développement d’un pays repose sur sa jeunesse, cette jeunesse doit donc s’impliquer davantage et massivement dans la politique. Si on essaye de remonter un peu l’histoire des deux décennies précédentes, on se rend compte que tous les élus, de quelque bord qu’ils soient, ont utilisé la jeunesse pour arriver à leurs fins. Elle a été très peu payée en retour. Les jeunes que nous avons rencontrés en sont conscients. Ils reconnaissent à la presse d’avoir participé au combat de leur reconnaissance et du rôle qu’ils doivent jouer dans un pays comme le Mali, dont le peuple aspire aujourd’hui, plus que jamais, à la démocratie, à la justice sociale et au plein épanouissement. « Oui ! La jeunesse doit monter au créneau ? ont-ils répondu à l’unanimité.





En Afrique particulièrement au Mali, la participation des femmes et jeunes dans les niveaux de décisions, aux postes importants, dans les affaires publiques, est très limitée vu son faible pourcentage de participation aux élections. Particulièrement chez la femme, eu égard aux discriminations dans son implication dans la vie politique, alors qu’elle représente pourtant plus 50 pour cent de la population. Ces tristes constats doivent susciter chez eux un changement impératif et rapide. Femmes et jeunes étant acteurs importants du développement sociopolitique à travers leurs participations positives à tous les changements majeurs dans la vie du pays. Mais bizarrement, la place occupée dans l’exercice des responsabilités et de la prise de décisions est minime.





Nous sommes tout à fait d’accord avec Abdoulaye Sanogo, inspecteur jeunesse sport à la Maison des jeunes de Bamako qui nous a confié : « La jeunesse n’a jamais été marginalisée, elle ne sait pas seulement ce qu’elle veut. Elle se laisse piloter depuis le début des élections jusqu’à la fin. Ce que je demande à la jeunesse c’est de s’organiser pour chercher le pouvoir. Il faut qu’elle cesse de régler ses problèmes personnels durant cette période. Cesser de penser à l’argent facile. Sinon elle occupe la moitié de la population, elle doit s’organise pour conquérir le pouvoir. Si elle n’en a pas la mesure, de prendre le pouvoir, qu’elle soutienne au moins des candidats qui ont un programme qui touche leur problèmes, qui sont entre autres l’éducation, le chômage, la pauvreté, etc. Je lui demande de compter sur elle-même d’abord, après les autres viendront. Toutes les associations jeunes que je rencontre, je leur demande toujours, de se faire confiance d’abord, de monter leur propre programmes, de cotiser pour organiser leurs activités sans l’aide des leaders politiques. Elles peuvent même les inviter, afin qu’ils voient ce qu’elles peuvent faire sans leur aide ».



Même son de cloche chez Mme Dadi Traoré, présidente de l’association « balimaya- sindinya, « Il faut que les femmes enlèvent cette idée qu’elle doit toujours rester derrière les hommes. Cette pensée est dépassée, elles doivent s’impliquer dans la politique tant bien que les hommes. C’est le poids social qui joue un peu sur elle. Mais Dieu merci, certaines se réveillent. Cet argent pour la politique elle n’en a pas, c’est bien vrai. Sinon la capacité on l’a. Et aussi il n’y a pas cette solidarité entre les femmes. Au lieu de s’organiser pour des femmes politiques qui connaissent leurs problèmes mieux que quiconque, c’est le contraire. Au niveau intellectuel, on n’est pas trop à la hauteur. Peu de femmes connaissent leurs droits et devoirs. C’est ce qui fait que la femme n’a pas compris la politique. Sinon voter c’est un droit. On doit nous expliquer ça. Comme vous le faites ».



C’est pourquoi Madame Keita Estelle Domont, du bureau national de la Cafo, demande encore plus d’activisme de la part de ses consœurs :



« Informer les femmes sur le processus électoral surtout l’étape par laquelle nous nous trouvons qui est l’inscription sur la liste électorale, qui sera suivie à la remise de la carte électorale. C’est aussi de donner l’information aux femmes pour aller vérifier d’abord si leur nom est sur la liste, ensuite récupérer leur carte et enfin participer massivement aux élections générales. Avec plus de 14..000 000 d’habitants seulement 6.000 000 vont voter, sans prendre en compte les décès et les malades. C’est dans ce cadre que nous interpelons les femmes pour qu’elles agissent. C’est triste, mais je demande à la femme d’aller vers l’information, au lieu que par presse interposée elle vienne d’abord à nous, à votre exemple. Les femmes ne font pas vers l’information choses que déplore. Si on veut occuper les postes importants, il faut qu’on s’informe davantage».



Quant à Diallo Mariam Traoré, présidente de la Cafo commune 3, elle nous a précisé que leur rôle est de sensibiliser les femmes, afin que le taux de participation, le pourcentage des femmes change positivement par rapport aux dernières élections. Elles les poussent à être courageuses, à aller à la quête de l’information pour s’impliquer à la politique. Au sein de la Cafo, on envisage d’aller dans certaines régions pour sensibiliser davantage les femmes. « Tout le monde aura l’information dans le but d’aller voter. Pourquoi ne pas s’impliquer à la politique »? Conclut-elle.

Kassim Tabouré, animateur jeunesse sport à la mairie de la commune 3 va plus loin : « La femme joue le premier rôle dans la société, comme productrice, mère et éducatrice. C’est dans ce cadre qu’on accompagne la Cafo pour sensibiliser les femmes. En disant en nos sœurs et mères d’aller voter. Qu’elles cessent de dire on a d’autre préoccupation que cela. Le choix de tout un chacun est demandé, pourquoi rester à l’écart, alors qu’élue on ne peut satisfaire le besoin de tout un chacun. Je demande aux femmes d’être soudées, unies. Et d’être participatives à jamais aux élections. Elles peuvent accompagner, mais elles peuvent aussi prendre place. Pourquoi ne pas être présidente du Mali ? ».



Le temps du bétail électoral est révolu

Femmes et jeunes, c’est le même combat. Maïmouna Coulibaly, de la mairie de la commune 3, se dit franchement déçue .Parce que sur les listes électorales ce sont les hommes qui sont devant et les femmes derrière. Même s’il est vrai qu’elles ne sont pas toutes instruites, à son sens, elles ont un rôle à jouer pour le développement du pays. Elle pense que les hommes ne sont pas seuls fautifs, mais les femmes les premières. Mais ils ont compris, les femmes et les jeunes qui ont toujours fait campagne pour les autres. Ils vont désormais œuvrer pour eux-mêmes.



Ousmane Camara, de la commune 3, lui aussi, espère tellement que les femmes prennent conscience, qu’elles s’impliquent à la politique. Qu’elles votent pour elles afin d’avoir des postes importants.



A titre d’exemple, à la mairie de la commune 3, il y a 37 conseillers dont 7 femmes seulement, le bureau communal comprend 6 membres dont une femme. Donc leur rôle n’est seulement de voter mais d’être dans les lieux décisions. Mais il retient qu’aux communales communal 2007 il y a eu une députée. Il est d’avis que cela change, avec l’inverse, surtout avec 52 pour cent de femmes. Il leur demande de penser à cette puissance, afin qu’un jour elles puissent avoir une place prépondérante pour parler des affaires du pays.

La conclusion, assez pertinente, vient d’une de nos sœurs, visiblement une responsable de coordination d’associations féminines nationale, qui a voulu garder l’anonymat.

A son avis, il est complètement faux de dire que les femmes ne sont pas impliquées dans la politique. Elle affirme que ce sont les hommes politiques qui leur barrent la route. Autrement, qui fait la campagne, qui leur donne des directives en cas de besoin, pour avoir beaucoup d’électeurs ? Les femmes, bien sûr. Catégorique, elle assure que le temps du bétail électoral est fini. Car les femmes vont s’impliquer en politique. Il y aura des tournées de sensibilisation dans les régions, dans les communes, partout afin qu’elles comprennent. Car beaucoup de femmes ne comprennent pas la politique. Donc, il faut leur expliquer. Cette fois-ci, a-t-elle promis, elles vont bousculer les taux de participation. Elles ne vont plus se laisser manipuler. Le temps du bétail électoral est fini. Cette année, avec les prochaines échéances électorales, c’est l’occasion ou jamais pour elles de prouver qu’elles sont, avec les jeunes, incontournables sur l’échiquier politique et dans les affaires de la nation.



Oui, effectivement, les deux forces de la démocratie malienne se sont éveillées. Elles vont bientôt, de manière historique, bousculer les taux de participation. Et pour la démocratie malienne, rien ne sera plus jamais comme avant.

Habibatou Coulibaly

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