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Entre nous : Vérité et justice pour Gislaine et Claude
Publié le vendredi 2 novembre 2018  |  Le challenger
Ghislaine
© Autre presse par DR
Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les deux envoyés spéciaux de RFI tués près de Kidal
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02 novembre 2013 – 02 novembre 2018 ! Il y a cinq ans que nos deux confrères de Radio France Internationale (RFI), Ghislaine Dupont et Claude Verlon, ont été sauvagement assassinés à Kidal dans des circonstances toujours obscures. Les deux envoyés spéciaux de RFI ont été enlevés, puis exécutés après une interview avec un responsable du Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA).



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En hommage à Ghislaine et Claude, RFI a initié la « Bourse Ghislaine Dupont et Claude Verlon » qui est à sa troisième édition. Sur décision de l’ONU, le 2 novembre de chaque année est décrétée Journée Internationale de la fin de l’impunité des crimes commis contre les journalistes.

Cinq ans après, la lumière n’a toujours pas été faite sur les circonstances de l’assassinat de Gislaine et Claude. Hier comme aujourd’hui, il faut la vérité sur cette affaire et la justice pour les familles de nos deux confrères. Il faut se battre pour que la vérité et la justice soient recherchées sous les intérêts géostratégiques. Déjà, le ministre français de la Défense a mis beaucoup de temps à accepter de déclassifier les documents demandés par le juge en charge du dossier.


Le 08 octobre 2018, dans une interview accordée à RFI, l’un des personnages clés de l’Etat français au moment des faits, Bernard Bajolet, Directeur général de la Sécurité Extérieure (DGSE) de 2013 à 2017, n’a pas voulu entrer dans les détails d’un sujet qui a fait l’objet d’une instruction. Voilà les propos de l’ex-patron de ce service de renseignements français : « Bien sûr ! C’est un drame qui m’a marqué et je pense à eux en ce jour, à cet endroit encore plus que jamais. Je ne rentrerai pas dans les détails parce que c’est un sujet qui continue à faire l’objet d’une instruction, d’une procédure judiciaire… Voilà… Mais je crois pouvoir dire ici que les coupables sont identifiés. Donc, ce qu’on peut souhaiter c’est qu’en effet, la lumière soit faite, que les familles, leurs confrères, leurs collègues sachent exactement ce qui s’est passé et que les coupables, dans la mesure où ils sont encore en vie, répondent de leurs actes devant la justice ».


L’armée française et les services secrets de l’ancienne puissance coloniale en savent beaucoup sur les circonstances de l’assassinat de Gislaine et Claude. Mais, il est peu probable que nous saurions un jour la vérité sur cette affaire qui embarrasse au plus haut niveau les autorités françaises qui ont noué des alliances compromettantes avec des personnalités à la moralité et aux fréquentations douteuses. Il est peu probable que nous saurions la vérité sur cette affaire puisque c’est l’armée française qui contrôle, à travers l’opération Barkhane, ce vaste territoire depuis janvier 2013 et qui s’est attribuée ‘’un permis de tuer’’ pour reprendre une expression de l’ancien diplomate français, Laurent Bigot.

L’armée française annonce avoir éliminé des chefs terroristes à coup de communiqués soigneusement rédigés. Des éliminations difficilement vérifiables par le commun des mortels. Il est peu probable que les parents de Gislaine et Claude et leurs collègues obtiennent, un jour, justice. Il est peu probable que nous saurions la vérité parce que le pays de Gislaine et de Claude dont les soldats ont été accueillis en janvier 2013 en libérateurs au Mali, a fait de Kidal, par les maladresses de ses diplomates et les tiraillements de ses militaires, un no man’s land aux mains des petits aventuriers du MNLA, sérieusement déculottés par les islamistes du MUJAO sur les terres de leur imaginaire république de l’Azawad.

Malgré tout, il faut continuer à réclamer la vérité et la justice pour nos deux confrères froidement abattus par des individus sans foi ni loi.

Selon les statistiques de la FIJ, 73 personnes ont déjà perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions depuis le début de l’année. A l’heure actuelle, seul un meurtre de journaliste sur 10 est résolu. La situation est encore pire pour les agressions qui ne sont pas mortelles. Les gouvernements ont failli à leur devoir de traquer les agresseurs et les meurtriers de travailleurs des médias.

Par Chiaka Doumbia
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