Pouvoir traiter des questions de rémunération des agents publics et celles liées à la problématique des statuts sont, entre autres, les objectifs de la conférence sociale que le gouvernement organisera dans la première quinzaine du mois de janvier 2019. Cette importante rencontre va aussi traiter de la question du dialogue social dans un cadre rénové et sur une base durable.
En vue d’obtenir l’implication des partenaires sociaux dans l’organisation et la réussite de cette conférence inédite, le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, a consulté, hier, les différentes centrales syndicales. La première délégation reçue à la Primature est celle de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM). Au sortir de la rencontre avec le chef du gouvernement, le secrétaire général adjoint de l’UNTM, Pr Mamady Kané, a salué l’initiative de tenir la conférence sociale, assurant la pleine adhésion de son organisation. «Pour le moment nous n’avons pas les Termes de référence (TDR), mais déjà au cours des échanges, nous avons formulé un certain nombre de préoccupations qu’on avait exprimées déjà lors de la visite de courtoisie du Premier ministre à la Bourse du Travail», a-t-il confié.
Pour Mamady Kané, il s’agit avant tout d’améliorer le statut général des fonctionnaires. En appui à ses propos, il dira que si pratiquement tous les syndicalistes demandent à avoir un statut autonome, c’est que celui de la fonction publique «n’est pas attrayant». «A travers ça peut-être, nous allons revoir les problèmes de salaires, les problèmes de primes et même les problèmes d’organisation de travail. Nous espérons beaucoup sur ce forum», a conclu le leader syndical.
Peu de temps après, le chef du gouvernement a échangé avec les représentants de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM).
A l’issue du huis clos, le secrétaire général de la CSTM, Hamadoun Amion Guindo, a estimé que c’était une très bonne chose que la Primature ait pensé à organiser cette conférence pour, à priori, évaluer la situation sociale dans le pays (celle des travailleurs notamment) et projeter comment avoir une feuille de route de sortie de crise que le pays connaît actuellement. Le patron de la CSTM est impatient d’avoir les termes de références (TDR) de cette conférence, pour les étudier, et à priori, indiquer ce qui préoccupe sa «Confédération» et dans quel cadre tout cela doit être géré. Tout en assurant la disponibilité et l’implication de la CSTM, Hamadoun Amion Guindo n’a pas manqué de rappeler au chef du gouvernent qu’il y a des doléances et des revendications en cours. «C’est de dire quelque part que la tenue de cette conférence ne doit pas mettre fin aux revendications actuelles. Je pense que nous nous sommes bien compris, parce que quelque part, ils ont conscience qu’ils ont l’obligation d’écoute et d’échanges avec les partenaires sociaux», a-t-il déclaré. Dans l’après-midi, le Premier ministre a reçu les délégations de la Confédération malienne des travailleurs (CMT) et de la Centrale démocratique des travailleurs du Mali (CDTM). Ces centrales syndicales étaient conduites par leurs secrétaires généraux, respectivement Mme Kamaté Kadiatou Touré et Mme Sidibé Dédéou Ousmane. A l’issue de l’audience, le secrétaire général de la CMT a estimé que le dialogue social est une bonne chose à partir du moment où il permet à l’Exécutif et aux travailleurs d’échanger et de pouvoir arrêter des choses concrètes pour le bien des travailleurs. «Parler de l’amélioration des conditions de vie des travailleurs ne peut qu’être salutaire pour nous», s’est réjouie Mme Kamaté Kadiatou Touré.
Quant au secrétaire général de la CDTM, elle a aussi apprécié l’initiative du chef du gouvernement. «C’est même une revendication syndicale parce que tous les points évoqués par le Premier ministre, notamment les TDR de cette conférence, rentrent en droite ligne de nos préoccupations», a indiqué Mme Sidibé Dédéou Ousmane. Elle s’est réjouie également du fait que le dialogue social soit devenu l’une des préoccupations du gouvernement.
Au terme de cette série de rencontres avec les centrales syndicales, le Premier ministre a déclaré que c’est un exercice qui s’inscrit dans la mise en œuvre des instructions que le président a données au gouvernement à travers une feuille de route, à savoir travailler à créer un climat d’apaisement social et à inscrire le traitement des questions relatives aux conditions de travail et de rémunération des travailleurs dans la durée.
«C’est pourquoi, bien avant les élections, j’avais rencontré les différentes centrales, les différents syndicats pour leur dire que si les Maliens renouvelaient leur confiance au président de la République, son intention est de nous faire organiser une conférence sociale pour traiter de toutes ces questions. Donc, c’est dans ce cadre là que j’ai initié ces rencontres que je vais poursuivre dans les jours à venir avec les syndicats autonomes pour les informer officiellement de la date de la conférence sociale et des thèmes dont nous allons traiter, en particulier toutes les questions relatives à la rémunération des travailleurs, à la gestion des ressources humaines et des carrières, à trouver une meilleure échelle d’appréciation sur la représentativité des partenaires sociaux», a détaillé Soumeylou Boubèye Maïga.
Le chef du gouvernement a annoncé que la conférence sociale traitera aussi de la question de l’âge de la retraite, de déploiement et redéploiement des travailleurs dans les différentes régions du Mali (donc de la mobilité), de toutes les questions relatives aux conditions de travail, de rémunération des agents de l’Etat, mais aussi des agents du privé. Dans ce cadre, le Premier ministre a annoncé qu’il rencontrerait le Patronat aussi, précisant que l’objectif est d’informer les uns et les autres, de solliciter leurs contributions, leurs observations, leurs commentaires pour une meilleure organisation de cette conférence. «Parce que nous voulons inscrire aussi le traitement de toutes ces questions dans une sorte de Pacte sur le dialogue social, de manière à ce que nous soyons tous dans la prévisibilité, pour que nous ayons une vision commune de ces questions là, et savoir quelles sont les exigences qui pèsent sur les uns et les autres ; qu’est ce qui est soutenable aussi pour chacune des parties, en particulier pour l’Etat, en termes de rémunération», a relevé le Premier ministre.
Soumeylou Boubèye Maïga a insisté en disant que l’objectif est vraiment d’aboutir à une situation où les fruits de la croissance, la richesse que le pays parvient à créer, puissent avoir une incidence inclusive, et que l’ensemble des composantes du pays puissent en bénéficier. Toutes choses, à en croire Soumeylou Boubèye Maïga, permettront d’avoir une plus grande stabilité sociale sans laquelle le Mali ne pourrait pas atteindre les objectifs communs : la stabilité, le renforcement de la résilience et de la cohésion sociale.