21 et 23 octobre 2018, deux autres dates symboliques pour la CMA. La première symbolise un élan de volonté de démonstration, l’envie d’une autonomie et de liberté et l’autre, des nuages sombres et mauvais augures se sont affichés.
Alors que les Maliens du Centre et de la capitale continuent de se tirailler et pointer du doigt les mauvaises manœuvres par lesquelles le président IBK a été élu, d’après eux, à Kidal, on festoie les signes d’une indépendance prochaine avec une présidence tournante tripartite. Une attitude qui démontre que la région est loin d‘être une partie du Mali même si les deux tours de la présidentielle se sont tenus dans la zone.
“Le patriotisme est une chose, la démontrer en est une autre”, affirment les nationalistes soucieux du devenir de leur pays. Le paradoxe est que les chefs de ces groupes armés sont logés dans la capitale et continuent de bénéficier des grâces soigneuses du gouvernement. Ils sont soigneusement entretenus par l’argent du contribuable, au nom d’une paix dont ils n’ont aucune volonté qu’elle soit une réalité. Le retour effectif de la paix est synonyme de fin de leurs privilèges.
Ils sont les enfants gâtés de la République, affirmait il y a peu un confrère, alors que la famine menace plus de quatre millions d’autres Maliens dont des enfants et les couches défavorables, sans oublier les populations de la région de Mopti et une partie de Ségou. La culture des champs n’a pas été effective dans ces deux zones à cause de l’insécurité omniprésente.
En effet, les groupes armés de la CMA continuent dans la douceur et loin des médias nationaux à se montrer persuasifs dans leur idée d’indépendance. Leur bureau exécutif a tenu sa traditionnelle rencontre annuelle, le 21 octobre dernier pour changer la tête de l’exécutif. Et c’était, disaient-ils, dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas (Kidal ville). Ainsi, Alghabass Ag Intalla, leader du HCUA, est nommé nouveau président de la CMA pour un mandat d’un an.
A l’issue de leurs travaux, la CMA s’est prononcée sur des questions d’ordre politique, économique, de sécurité et sur le “Pacte pour la paix” signé, le lundi dernier, entre le gouvernement malien et l’ONU. Les questions de politique, de l’économie et de la sécurité abordées lors de leurs travaux devraient relever des compétences des autorités nationales. Même si avec la décentralisation actuelle et la régionalisation future, chaque commune ou région peut planifier les grandes lignes de ses domaines afin de prendre des mesures en fonction de la situation et des réalités socio-économiques qui prévalent dans la zone respective.
Deux jours après le changement à la tête de la CMA, le vice-président du bureau exécutif du MNLA et membre du comité de suivi de l’accord d’Alger, Mahamadou Djéri Maïga tirait sa révérence. Une disparition douloureuse pour la Coordination qui écarte du coup toute hypothèse d’une mort naturelle.
La CMA doute une main mise quelconque
Le lendemain après la mort de Mahamadou Djéri Maïga, la CMA sort ses gants et se met sur le ring pour exiger l’autopsie d’un médecin légiste sous la protection de la communauté internationale du corps du vice-président du MNLA. Dans un communiqué, la CMA a ‘’rejeté’’ toute supposée mort naturelle et a affirmé que “la mort est inévitable pour quiconque vivant“ mais “voulant lever toutes inquiétudes sur les causes de ce tragique événement ; soucieuse de préserver la sécurité des personnes membres du MNLA et des populations de l’Azawad en général, demande aux parties signataires et aux garants de l’accord que les circonstances de ce décès soient élucidées de manière à lever toute équivoque ; que le corps du défunt soit soumis à une autopsie indépendante avant l’enterrement“.
Elle a décrété un deuil de trois jours allant du 23 au 25 octobre 2018 sur toute l’étendue du territoire de l’Azawad et à l’extérieur où résident les populations azawadiennes. Ce dernier passage de leur communiqué est un argument assez suffisant pour démontrer que la CMA continue d’entrainer les autorités du Mali dans un jeu de dupe et d’intérêts.