Le producteur et réalisateur de films et séries TV, Boubacar Sidibé, a plusieurs fois participé au Festival Panafricain du Cinéma de Ouagadougou (Fespaco). Des films ayant représenté le Mali et des Prix récoltés, Boubacar Sidibé nous raconte son parcours.
En tant que producteur et réalisateur, combien de fois avez-vous participé au Fespaco au Burkina-Faso ?
Boubacar Sidibé : 2019 sera ma neuvième participation au Festival Panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco). J’ai été à ce festival pour la première fois en 1999 comme caméraman et j’étais avec l’ancien Directeur du Centre national de la cinématographie du Mali (CNCM) Moussa Ouane, alors en service à l’ORTM comme réalisateur.
Nous devions réaliser un documentaire sur le Fespaco avec le matériel et le regard de l’ORTM. Les organisateurs du Fespaco avaient donné un jour à toutes les télévisions africaines pour faire un document filmé sur les activités du Fespaco pendant une journée. Ces reportages ont été montés et diffusés sur la RTB et l’ORTM.
Lesquels de vos films de séries TV se sont-ils illustrés au cours de vos différentes participations et les prix s’il en a eu ?
Comme réalisateur en 2001, j’ai eu la chance d’être invité et d’avoir à la sélection officielle du Fespaco deux courts métrages, à savoir “Tronkélé” et “les aventures de Seko”. Ce dernier a été primé meilleur film de fiction dans la compétition série TV et Vidéo professionnelle. Tandis que “Tronkélé” a été mis en sélection officielle en panorama. En 2003, j’ai eu la chance d’être invité et d’avoir à la sélection officielle du Fespaco Fiction TV deux autres films, “Sanoudjè” et “Fantan ni monè”.
“Sanoudjè” a été également primé meilleur film de fiction TV et “Fantan ni monè” a eu le prix UEMOA de l’intégration. En 2005, j’ai eu la chance d’être invité et d’avoir à la sélection officielle du Fespaco série télévisuelle avec 3 épisodes de la série “les aventures de Seko”. Elle n’a pas été primée mais j’étais dans la même compétition que la série “Sidagamie”, du Burkinabé Maurice Kaboré, produit par Sarama Films, réalisée au Mali avec des techniciens et des comédiens maliens qui ont eu le premier prix. J’étais le conseiller artistique du réalisateur Maurice Kaboré primé. En 2007, je n’ai eu la chance d’être invité.
Cependant, j’ai envoyé la série «Dou» dans la compétition série télé et le film «Le fou du village», malheureusement, ces deux films diffusés par TV5 et CFI, appréciés au niveau national et international, n’ont pas été retenus dans la sélection officielle du Fespaco 2007. J’ai été à mes frais pour soutenir «Faro, la reine des eaux» de Salif Traoré en compétition officielle dans la catégorie des longs métrages, car j’étais assistant réalisateur de ce beau film qui n’a pas été primé au Fespaco 2007.
En 2009, j’étais absent du festival car la période du festival a coïncidé avec le tournage des 20 épisodes de Bajènè la Sitcom de l’ORTM. En 2011, j’ai eu la chance d’être invité et d’avoir à la sélection officielle du Fespaco la série télévisuelle ‘’Les rois de Ségou’’ (saison 1) 21 épisodes de 26 minutes.
En 2013, j’ai eu la chance d’être invité et d’avoir à la sélection officielle du Fespaco la série télévisuelle ‘’Les rois de Ségou’’ (saison 2) 20 épisodes de 26 minutes. En 2015, j’ai eu la chance d’être invité et d’avoir à la sélection officielle du Fespaco la série télévisuelle ‘’Dougouba Sigui’’ 26 épisodes de 26 minutes. En 2017, j’ai eu la chance d’être invité et d’avoir à la sélection officielle du Fespaco la série télévisuelle DU’ANAADO SAARAA 28 épisodes de 20 minutes. En 2018, j’ai eu la chance d’écrire et de réaliser 3 grandes séries en langue bamanan. Ce qui est une prouesse technique et artistique, du jamais vu au Mali. Ces 3 séries non encore diffusées sont pour moi trois grands prix, car la première est sur la retraite. La deuxième sur la réconciliation nationale, la troisième sur les forces de sécurité.
Comment se passe la présélection des films qui doivent représenter le Mali au Fespaco ?
Comme beaucoup de festival à travers le monde, le principe du Fespaco est d’inscrire et d’envoyer les films. Il y a une commission nationale d’organisation qui est là pour les visionner. Ce sont les membres de cette commission qui choisissent les films. La décision de cette commission est sans appel.
En 2007, j’ai envoyé la série Dou dans la compétition série télé et le film «Le fou du village» en compétition fiction. Malheureusement ces deux films diffusés par TV5 et CFI, appréciés au niveau national et international, n’ont pas été retenus dans la sélection officielle du Fespaco 2017, et je n’ai rien pu faire.
Est-ce que vous êtes candidat cette année ? Si oui, avec quel film ?
Nous attendons la liste des films retenus mais j’affirme que l’ORTM a envoyé à la commission nationale de préselection la série ‘’La langue et les dents’’ ou La reconciliation Nationale. Cette série rappellera au fil des épisodes que le Mali est un peuple pacifique qui n’a qu’une seule aspiration, celle de la paix, de la cohésion sociale, du respect des religions et des libertés, et du développement économique et social pour toutes les ethnies qui y vivent et y cohabitent pacifiquement et fraternellement depuis des millénaires.
En 2011, j’ai eu la chance d’être invité et d’avoir à la sélection officielle du Fespaco la série télévisuelle ‘’Les rois de Ségou’’ (saison 1), mais le jury a primé la seule série en langue nationale wolof avec sous-titre français et a disqualifié les autres comme les rois de Ségou en langue française. Dans sa recommandation, il a invité les réalisateurs à faire les séries en langues nationales. Pour cette édition, j’ai réalisé la série ‘’La langue et les dents’’ en bambara et les sous-titres sont en français. J’espère avoir le genre de jury comme en 2011 avec l’esprit de promotion de nos langues nationales dans la commission de présélection avant d’être à la phase finale. TV5 et Canal encouragent à faire les séries en français. Une série avec sous-titre n’a pas beaucoup de chance avec eux.
Quelle est votre appréciation des éditions précédentes du Fespaco, et quelles sont vos attentes de la prochaine édition ?
Je pense que ce festival se professionnalise à chaque édition. Il y avait beaucoup d’aspects que nous ne maîtrisions pas auparavant. Les problèmes de logements se posaient de façon récurrente. Maintenant, les organisateurs commencent à avoir une approche professionnelle. Aujourd’hui, nous avons des contacts et des ateliers qui s’organisent autour des projections de films. Ces activités sont vraiment propices pour nous les professionnels du cinéma. Les partenaires du cinéma et de l’audiovisuel, pour donner de la visibilité à leurs actions, organisent des rencontres professionnelles, des conférences et des colloques pour que les cinéastes et les réalisateurs connaissent davantage leur travail. Nous aurons aussi des contacts au Marché International de la TV et du Cinéma Africains (MICA) avec les producteurs, les distributeurs, les diffuseurs, OIF, TV5, Canal Plus, l’UE, Canal Plus, etc.