L’absence d’une institution acceptée et intériorisée comme représentant et garant de l’intérêt général a ouvert la porte ces dernières années à un recul grave de notre organisation sociale. La question ethnique fait partie de ces reculs. De plus en plus d’associations ethniques voient le jour. Même au sein des universités dont le principe est pourtant de promouvoir les fondements, les savoirs et les cultures universels du monde.
Sous le couvert de promouvoir une culture ethnique, ces associations s’inspirent secrètement de l’exemple de la minorité touarègue qui a déstabilisé le nord du Mali pour peut-être devenir, comme eux, puissantes, écoutées et intouchables. Ces «associations ethniques» se positionnent de plus en plus pour influencer ce qu’on appelle aujourd’hui dans la presse «le découpage territorial».
Si je suis IBK, plutôt que de faire un «découpage territorial», j’organiserais la décentralisation de la gestion du pays sur une base objective de production de richesse et d’un système de solidarité entre les territoires. C’est la démarche la plus objective qui s’offre à nous contre un découpage ethnique. D’ailleurs nos anciens, dont s’inspirent les entrepreneurs de «l’ethnitisation» du Mali, n’ont jamais organisé leur société en ethnie.
Nos sociétés anciennes étaient plutôt organisées en lignées professionnelles : cultivateurs, éleveurs, pêcheurs, commerçants, forgerons, tisserands, griots, cordonniers, familles maraboutiques… Chacune de ces organisations sociales, que les premiers sociologues occidentaux ont abusivement nommée ethnie, avait une fonction professionnelle qu’elle transmettait de génération à génération et développait des spécificités en phase avec le territoire climatique qu’il occupait. Nos institutions politiques traditionnelles ont été inventées en phase avec cette organisation sociale et de production. Le sinankoya fait partie de ces institutions.
Si je suis IBK, je m’inspirerais de cette démarche moderne de nos anciens pour proposer une décentralisation qui organise le Mali en pôles territoriaux de développement et de productions. Je ferais : des régions de Koulikoro et de Gao, les Pôles de la Justice, de l’armée et de la Sécurité ; des régions de Kidal, de Taoudéni et de Ménaka, le Pôle énergie solaire ; des régions de Mopti et de Tombouctou, des Pôles de tourisme, d’élevage et de la pêche ; des régions de Sikasso et de Ségou, le Pôle agriculture ; de la région de Kayes, les Pôles Industrie et Mines ; du district de Bamako, les Pôles ingénierie financière, nouvelles technologies et culture.
Cette spécialisation des différents territoires du pays permettra une meilleure lisibilité de la décentralisation et une facile répartition des ressources publiques. En fonction de leur mission, l’évolution de la décentralisation des territoires pourrait être pensée objectivement en dehors des petits jeux politiques, par étape et dans un délai raisonnable.
Si je suis IBK, symboliquement, je commencerais la mise en place des pôles de développement par la région de Kidal. Considérée comme une destination de punition, j’en ferais une destination d’opportunités. J’y lancerais un programme ambitieux d’énergie solaire en y attirant des centaines de milliards d’investissement sur une dizaine d’années.
Il y a la géographie (le soleil, l’espace et le sable). Il y a une base de travail : le CRES. Il y a des développements de collaboration structurelle possible avec certains pays et des multinationales d’énergie solaire : Allemagne, Espagne, Chine, Israël. J’y développerais des expertises techniques (construction de plaques solaires et de batteries), des ingénieries (stockage, distribution et transport d’énergie) et des recherches (Université) et y construirais quelques plus grands champs d’énergie solaire au monde. Enfin, je ferais de Sévaré la capitale du Mali. À la semaine prochaine !