En réponse à la lettre du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation le 30 octobre 2018 sur les concertations régionales autour du projet de découpage, la Coalition des forces patriotiques (COFOP) a exprimé toute son opposition à ce projet qui contient plusieurs anomalies et a invité le gouvernement à le retirer pour l’intérêt de tous.
Comme la majorité des Maliens, la coalition formée par Housseyni Amion Guindo, Moussa Mara, Oumar Mariko, Abdoulaye Amadou Sy… rejette en bloc l’avant-projet de découpage administratif et les concertations régionales que le gouvernement compte entreprendre. Pour cette coalition, l’initiative des gouvernants n’est « ni opportune, ni utile, ni soutenable et encore moins souhaitable » pour le Mali. Sans langue de bois, les membres de la COFOP invitent le gouvernement à retirer ce projet qui divise tant les Maliens. « Les nombreuses manifestations d’hostilité organisées dans les régions et à l’extérieur du pays témoignent du rejet de nos compatriotes », écrivent Dr Abdoulaye Amadou Sy et ses collègues.
Le COFOP énumère les anomalies du projet de redécoupage territorial du Mali
Dans sa lettre adressée au ministre Mohamed Ag Erlaf, la Coalition des Forces Patriotiques a indiqué que le projet de découpage contient de nombreuses anomalies tant au niveau de la forme qu’au niveau du fond.
Les anomalies au niveau de la forme
Au niveau de la forme, le COFOP mentionne trois anomalies : l’absence totale de concertation sur la vision globale qui porte ce projet ainsi que sur ses modalités pratiques de mise en œuvre ; la volonté du gouvernement de « régionaliser » le débat alors que les reformes touchent principalement les cercles et les communes pour les créations de circonscriptions et collectivités et ensuite les communes, villages, quartiers, et fractions sur les questions de rattachement ; et la précipitation du ministre Ag Erlaf à conduire cet exercice très lourd en moins de quelques mois.
Au niveau du fond
Selon la Coalition des Forces Patriotiques, le projet contesté du ministre Mohamed Ag Erlaf contient plusieurs anomalies dans son fond. Parmi ces anomalies, la COFOP estime que le projet n’a pas de rapport avec l’accord de paix. En plus de cela, « le projet ne peut être justifié ni par les questions de fichier électoral ni par l’ambition de rapprocher l’ambition des citoyens », regrette la Coalition. Une autre anomalie de fond, aux dires de la COFOP, est que le projet n’est pas soutenable en termes de moyens humains, matériels et financiers. Ce n’est pas tout, Moussa Mara, Poulo, Oumar Mariko, Abdoulaye Amadou Sy, Mohamed Traoré, Aliou Badra Dembélé et autres… estiment que le projet n’est pas équitable entre les communautés et entre les régions. « Votre projet n’est pas équitable entre les différentes régions en termes de couverture spatiale du pays par les circonscriptions administratives, il ne l’est pas non plus en termes de présence étatique en rapport avec le nombre d’habitants ; il n’est pas justifiable et porte en lui les germes de la division voire l’implosion du Mali », critiquent les initiateurs de la COFOP.
Enfin, pour la Coalition des Forces Patriotiques, le projet de découpage administratif du Mali ne se justifie pas par l’ambition de représentation équitable des populations.
Avec ces faiblesses et anomalies mises à nu, le gouvernement doit, aux dires des membres de cette coalition patriotique, retirer ce projet pour l’intérêt de tous.