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5ème législature au Mali : Peut-on se réjouir du bilan ?
Publié le lundi 5 novembre 2018  |  Mali Horizon
Questions
© aBamako.com par A S
Questions orales à l`Assemblée Nationale du Mali
Certains ministres du gouvernement étaient face aux députés le 31 Mai 2018
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Depuis l’avènement de la démocratie en 1991, la 5eme législature est sans doute l’une des plus décevantes. Non seulement les députés ont déçu en se montrant distants du peuple, mais il y a aussi la démission de ces mêmes députés dans l’animation de la vie politique. A deux mois de la fin de leur mandat, malgré le report de quelques mois, c’est un triste bilan que ces derniers feront de la 5eme législature.

L’histoire des faits politiques au Mali sera marqué dans les archives par le passage des députés de la 5eme législature comme ayant été ceux qui auront le plus déçu leurs mandants. Élus en 2013, les députés de la 5eme législature ont le plus déçus les Maliens. Dans le passé, le parlement était débordant de vitalité. Il y a des débats de haut niveau et des interpellations des ministres à hauteur de souhait.

En son temps, l’hémicycle a constamment créé de l’insomnie au gouvernement à travers des questions orales aux membres du gouvernement, qui se faisaient le devoir de venir répondre. Les dénonciations des critiques des députes sur l’action du gouvernement sous Amadou Toumani Touré étaient monnaie courante à travers l’ORTM et les stations de radio. Puis en 2013, le gouvernement de la rupture est arrivé aux affaires et l’on a assisté à la mutation totale des députés de la 5eme législature. Les députés ont, presque tous, opté pour le soutien à l’aveuglette des actions du chef de l’Etat et du Gouvernement, pour la simple raison que la grande majorité des députés ont décidé de faire le godillot ou des hommes-liges du locataire du palais de Koulouba.



Les choses se précisent après les votes en cascade des différents projets soumis aux députés par l’exécutif. L’on assistait alors à des débats de bas niveau entre certains députés, qui pour eux s’attaquer au gouvernement était un crime de lèse-majesté.

Très vite, le chef de l’Etat s’est saisi de cette opportunité pour annoncer qu’il a désormais sa majorité au parlement appelée, le bloc de la majorité parlementaire, CMP. Ce bloc regroupe à son sein la quasi-majorité des partis politiques, les présidents de la majorité des commissions parlementaires et presque l’essentiel des membres du bureau de la Représentation nationale.

En face de ce bloc de la majorité, s’est aussi constitué le bloc de la minorité parlementaire, composé d’une vingtaine d’élus sur les 147. Ce groupe, de par son infériorité numérique, n’a pas selon les textes de l’Assemblée, les coudées franches pour influer sur le vote des lois. A chaque fois, l’opposition parlementaire a pu réunir la minorité sans rien influencer dans la procédure législative. Pour le reste des lois, c’est la CMP qui, disposant d’une majorité obèse, vote mécaniquement tous les projets et propositions de loi. Réduisant ainsi la minorité parlementaire aux seules dénonciations des pièges contenus dans les lois ainsi votées. On verra même des cas de députés (de la majorité) contestant le bien-fondé de certains textes et finissant par voter pour…

Avec arrogance et une fermeture affichée aux récriminations des mandants, les députés de la CMP ont voté des lois avec une célérité quelquefois déconcertante. Pendant que les députés de la minorité se plaignaient du court temps accordé pour étudier ces textes, les députés du bloc de la mouvance présidentielle les votaient les yeux fermés.



La 5eme législature, précisément les députés de la CMP devenue EPM ont marqué les esprits par leur soutien indéfectible aux consignes du chef de l’Etat pour le grand malheur des populations et des corporations. Ce sont ces députés qui ont pris la tête de la campagne pour le soutien indéfectible pour la révision constitutionnelle. Comment comprendre autrement le rejet de ce projet référendaire dûment initié par le président de la République et soutenu par cette majorité parlementaire mécanique ?

Les députés du bloc de la majorité présidentielle, qui sont des élus du peuple, ne se sont ensuite presque jamais prononcés sur les lamentations des populations. Ils n’ont pas par exemple pipé mot sur le déguerpissement brutal des occupants de la voie publique. Ils ont gardé le silence face aux nombreuses crises dans les universités, sur l’augmentation des taxes et des impôts, sur les retraits polémiques d’agrément, sur le non-respect par le gouvernement de certaines décisions de justice, sur la fermeture des entreprises pourvoyeuses d’emplois. Pendant ce temps, les députés de la CMP claironnaient partout leur disponibilité à accompagner le chef de l’Etat dans ses ambitions et ceci les yeux fermés.

Pourtant, même dans les pays où le parti au pouvoir dispose d’une majorité parlementaire issue d’un seul parti, cela ne confère pas un chèque en blanc au gouvernement de faire ce qu’il veut. Mais les députés de la mouvance présidentielle ont presque créé l’exception au Mali. Le soutien à la politique du chef de l’Etat est synonyme de subordination, de vassalisation et d’érection du parlement en institution faire-valoir sans propre conviction. C’est cela le bilan de la honte de la 5eme législature.

Paul N’GUESSAN

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