La lenteur notoire qui a caractérisé les différentes étapes de la mise sur pied de la force du G5 Sahel, son mode opératoire ainsi que le rythme saccadé de sa poignée d’interventions sur le terrain suscitent des interrogations sur les véritables objectifs que s’assigne cette force conjointe dans les pays du Sahel. Si officiellement elle est constituée pour lutter contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne que se partagent le Mali, le Niger, la Mauritanie, le Burkina Faso et le Tchad, les donnes actuellement en cours au sein de son quartier général, portent à lui assimiler une raison officieuse : celle de la lutte contre la migration des jeunes Africains vers l’Europe.
Quelques mois après la délocalisation provisoire de son QG de Sévaré pour Bamako et après ses toutes premières opérations aux confins de la frontière Mali Burkina, on en sait un peu plus sur les dessous de cette initiative longtemps défendue par la France auprès des Nations Unies. Selon nos informations, la genèse de cette force remonterait au sommet de La Valette sur la migration, tenu en novembre 2015 où il avait été question pour les chefs d’Etats ou de gouvernements africains et européens de renforcer la coopération en vue de relever les défis que représente la migration.
En fait il s’était agi d’un compromis scellé qui engageait les dirigeants africains à s’opposer par tous les moyens à la migration de leurs populations pour, en contrepartie, jouir des aides financières de l’Union Européenne. Il fallait donc disposer d’une structure garde-fou à ce pacte et censée assurer la lutte effective sur le terrain. D’où l’idée de la constitution d’une force pour cerner le flux migratoire dans sa zone de prédilection qui se trouve être le Sahel de par sa position géographique de porte d’accès à la Méditerranée via l’Afrique au nord. La graine du G5 Sahel venait de germer sauf que par souci de lui camoufler sa véritable cible, ses pères fondateurs se devaient de lui trouver une très jolie couverture. Le terrorisme sévissant aussi au Sahel se prêtait bien pour faire le jeu de cette couverture.
Cependant, comme aucune supercherie n’a su éternellement perdurer, les réalités d’aujourd’hui ont fini par lever le voile sur ce qui s’était tramé à La Valette. Ces réalités relèvent plus de la lutte contre la migration que contre le terrorisme selon un gendarme en formation pour être déployé sur le terrain. En effet, il nous revient qu’une formation actuellement en cours dans les locaux de la gendarmerie nationale à Faladiè, est censée déverser à terme quelques centaines de gendarmes aux différentes frontières maliennes en vue de dissuader les migrants prendre le chemin de l’Europe. Le Groupe d’Action Rapide, Surveillance, Intervention au Sahel en abrégé GARSI-Sahel, telle est l’appellation donnée à cette unité de gendarmes en formation, assurée par des militaires français et espagnols de l’EUTM, la mission militaire européenne au Mali. C’est ce GARSI-Sahel qui sera donc prochainement déployé aux frontières Mali-Mauritanie, Mali-Algérie surtout, dans le cadre des opérations à venir du G5 Sahel selon nos informations. Et, pour la réussite de sa mission, ce groupe de gendarmes jouirait déjà d’un budget de 3 milliards de nos francs injectés par l’Union Européenne aussi bien pour sa formation et son équipement logistique. En matière logistique, ils auraient reçu 18 pickups, un hélicoptère et des armes de précision comme pour signifier qu’ils auront à en découdre avec des terroristes. Les notions à eux inculquées n’augurent en rien des perspectives de combats corps-à-corps d’après des indiscrétions. Qui trompe-t-on alors quand on sait que la vigilance n’est pas forcément de mise sur toute la ligne ?