C’est la colère et l’indignation chez les populations et, singulièrement les bouchers depuis la mort cruelle de trois jeunes, dans la nuit du lundi au mardi dernier, à Doumanzana en commune I du district de Bamako, pris pour des voleurs par une brigade de surveillance instaurée en commune I. Malgré les interventions et les appels au calme, la tension reste vive dans ce quartier et personne ne se hasarde dans les rues après 20 heures.
Pour exprimer leur mécontentement, les bouchers de Doumanzana et de Fadjiguila ont observé 72 heures de grève en guise de protestation. Les bouchers dénoncent avec la plus grande vigueur cette bavure populaire et exigent une réaction des autorités. Pour le moment, au niveau du quartier des dispositions sont prises pour mieux sensibiliser les patrouilleurs volontaires de la brigade de vigilance pour qu’une pareille bavure ne se reproduise plus. Néanmoins, un climat de vengeance terrorise les populations qui se terrent chez elles, une fois la nuit tombée.
Qui sont les jeunes patrouilleurs volontaires qui composent cette brigade civile constituée de commun accord avec la mairie, les notabilités et le Commissaire du 6ème arrondissement ? Les initiateurs ont-ils sélectionné les membres de la brigade sur la base d’une enquête de moralité avant de leur donner leur mandat ? Ce sont des interrogations qui méritent d’être faites. La méthode musclée et disproportionnée en dit long sur les jeunes patrouilleurs.
Une victime qui a requis l’anonymat, a affirmé avoir été sérieusement tabassée par les patrouilleurs, quand il a voulu savoir si les éléments de la brigade étaient des policiers pour agir de la sorte. « Ils m’ont roué de coups comme si j’étais un voleur », nous a confié le malheureux avant de pointer du doigt le commissaire du 6ème arrondissement qui s’est montré incapable de rétablir l’ordre et fuit ses responsabilités en confiant la sécurité des populations à des civils.
Il n’est pas le seul, plusieurs autres victimes de violences physiques ou verbales sont signalées et des cas d’extorsion d’argent pour les vignettes de motos sont fréquents. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que la bête du banditisme a repris du poil dans la capitale et ses environs, mais il serait tout aussi suicidaire de laisser prospérer des brigades civiles de surveillance dans les quartiers. Le Général Salif Traoré en charge de la sécurité et de la protection civile est vivement interpellé.