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France’actu * : L’indépendance de la Nouvelle Calédonie est problématique
Publié le mercredi 7 novembre 2018  |  Le challenger
Arrivée
© AFP par CHRISTOPHE PETIT TESSON
Arrivée du Président Français, Emmanuel Macron à Gao
Le Président de la République Française, Emmanuel Macron est arrivé à Gao le 19 Mai 2017 pour une visite à la force Barkhane.
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Dans le calendrier de l’ONU, l’archipel de la Nouvelle Calédonie est l’un des 17 territoires qui restent encore à décoloniser dans le monde. Ce bout de territoire où vivent 274 000 âmes et qui fait deux fois la superficie de la Corse, se perd dans le Pacifique. Hier dimanche 4 novembre, 165 ans après le début de la colonisation française, 30 ans après les événements tragiques qui ont conduit à la prise d’otages d’Ouvéa et sa lourde répression, les habitants « Des Cailloux » devaient décider de leur avenir : continuer de rester rattachés à la France ou devenir pleinement indépendants.

En substance, si près de 158.000 électeurs de ce territoire français devaient dire, par référendum, s’ils veulent « que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante » ou non, les résultats des votes d’hier sont restés conformes aux sondages qui prédisaient la victoire du Non à l’indépendance. Un verdict des urnes que redoutaient d’ailleurs les dirigeants indépendantistes, dont Roch Wamytan qui préside le groupe FLNKS au Congrès de la Nouvelle-Calédonie. En somme, le territoire va demeurer dans le giron de la France.

Distante de la Métropole d’environ 18.000 km, la Nouvelle Calédonie est française depuis 1853. C’est une collectivité d’Outre-Mer dotée d’un statut spécial, qui bénéficie notamment d’une certaine autonomie politique. Depuis 1988, elle est partagée en trois provinces qui disposent de représentants au Congrès. Le rôle de cette assemblée est notamment d’élire les membres du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Le président du gouvernement représente l’archipel et dirige l’administration. L’Etat français est représenté par le Haut-commissaire de la République, dont le rôle est proche de celui des préfets. La Nouvelle-Calédonie dispose également d’un Sénat coutumier. Gardien et défenseur de l’identité kanak, il a été créé en 1998 dans le cadre de l’Accord de Nouméa.

Dans les années 1980, des tensions éclatent entre les communautés Kanak (calédoniens de souche) et Caldoches (calédoniens d’origine européenne). Ces dernières culminent le 5 mai 1988 avec l’assaut de la grotte d’Ouvéa : 19 indépendantistes et deux militaires sont tués. Des négociations entre les deux camps et leurs dirigeants ont lieu. Elles débouchent sur les Accords de Matignon-Oudinot. Signés le 26 juin 1988, ils prévoient une période de développement de dix ans et instaurent des garanties économiques et institutionnelles pour les Kanak, avant que tous les Calédoniens ne se prononcent sur leur indépendance.

Toutefois, un nouvel accord est alors signé à Nouméa le 5 mai 1998. Celui-ci instaure une décolonisation progressive qui prévoit le transfert de certaines compétences de la France vers la Nouvelle-Calédonie dans de nombreux domaines, à l’exception de ceux de la défense, de la sécurité, de la justice, de la monnaie et de la diplomatie. Cet Accord de Nouméa prévoit l’organisation avant fin novembre 2018, d’un référendum sur l’accession de la Nouvelle-Calédonie à sa pleine souveraineté. Mais en cas de vote négatif, une deuxième et éventuellement une troisième consultation pourraient être organisées. A l’issue de deux votes négatifs, un nouvel accord sera cependant négocié.

Dans ce territoire de 274.000 âmes où les Kanaks sont devenus minoritaires (39 %), la liste électorale spéciale compte à ce jour 158.000 électeurs qui se sont prononcés sur l’accession à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie. Or l’accord de Nouméa prévoit que « pour avoir le droit de voter, il faut au minimum vingt ans de présence en Calédonie et l’avoir prouvé ». Mais seulement, entre-temps, de nombreux ressortissants des territoires français proches des « Cailloux » s’y sont installés et sont devenus éligibles et électeurs. Et ces nouveaux arrivants sont majoritairement défavorables à l’indépendance.

Un autre facteur défavorable à l’indépendance est d’ordre stratégique. L’archipel calédonien se situe au carrefour de l’Asie du sud-est, de l’Australie, de la Nouvelle Zélande et de plusieurs micro-états du Pacifique. C’est le territoire français le plus proche des puissances émergentes à savoir : l’Indonésie, la Malaisie, le Vietnam, les Philippines mais aussi des puissances incontournables dont la Chine, le Japon et la Corée du Sud. L’indépendance de la Nouvelle Calédonie verrait alors la France perdre un espace maritime très considérable mais aussi et surtout une position hautement stratégique dans le Pacifique.

Gaoussou Madani Traoré
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