La diaspora malienne représente pour certains un quart de la population du pays, pour d’autres le tiers. Ce que beaucoup ne savent pas par contre, c’est que 90% des « tounkarankés » résident en Afrique avec 75% pour la seule Afrique de l’Ouest. Diriger la diaspora malienne dans les pays d’accueil n’est pas un exercice facile parce cela requiert un profil tracé à partir de qualités particulières.
QUI PEUT DIRIGER LES MALIENS ÉTABLIS À L’EXTÉRIEUR ?
Pour l’histoire, on se souviendra que la Conférence Nationale réunie à Bamako aux mois de Juillet – Août 1991 avait formulé une recommandation demandant la création d’une structure fédérative unique pour diriger la diaspora malienne et devenir son interlocuteur auprès des pouvoirs publics. C’est ainsi qu’a été convoquée à Bamako du 4 au 11 Novembre 1991 la première Assemblée Générale Constitutive du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur (HCME) qui avait regroupé 27 pays. Les Statuts de l’association prévoient la mise en place d’un Conseil de base dans chaque pays de résidence et la tenue d’une Conférence tous les cinq ans pour, entre autres élire le président du HCME, dont la candidature est toujours proposée par un pays. Cela signifie tout simplement qu’il faut avoir fait ses preuves dans la gestion de la communauté malienne à l’étranger pour avoir la chance d’être proposé. Que demande –t-on au dirigeant d’un Conseil de Base des Maliens de l’Extérieur ? Quatre critères sont retenus :
-La représentativité qui implique le choix de la majorité des associations et autres regroupements de maliens, existant dans le pays d’accueil ;
-La compétence qui est l’aptitude à diriger avec le soutien d’un Bureau ;
-De bonnes relations avec les autorités du pays d’accueil et les autorités maliennes pour faire face aux problèmes qui surviennent
-La bonne moralité qui suppose l’exercice d’une activité reconnue régulière, loin des turpitudes.
Les responsables maliens qui s’illustrent à l’extérieur sont toujours connus. Hier, on les a vus à l’œuvre au Gabon, au Congo, en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, ils sont sur la sellette en Libye et en Angola avec les missions diplomatiques et consulaires du Mali. Nul ne peut s’autoproclamer dirigeant de la diaspora malienne à partir de Bamako. Chaque renouvellement d’un Conseil de Base (Côte d’Ivoire, France, etc) donne lieu à des empoignades souvent fratricides, témoignant de l’intérêt que suscite le HCME, qui a fini par être reconnu d’utilité publique par le Décret N°594 PRM du 3 Novembre 2009.
LA RECONNAISSANCE D’UTILITÉ PUBLIQUE (RUP), UN LABEL DE QUALITÉ ET DE CONFIANCE
La RUP est une procédure par laquelle l’État reconnaît qu’une association présente une utilité publique, ce qui lui permet de bénéficier d’avantages spécifiques, et lui confère aussi une légitimité particulière. Par définition, lorsqu’une association est reconnue d’utilité publique, sa crédibilité s’en trouve largement renforcée. Elle reçoit en effet un soutien de poids, celui de l’Etat. Ce dernier, en accordant le bénéfice de ce statut à une association, entend envoyer un signal fort et renforcer la légitimité de l’action qu’elle mène. Il s’agit, en quelque sorte pour l’Etat de lui délivrer un « label » de confiance et de qualité. Au-delà de la portée symbolique, la reconnaissance d’utilité publique permet à l’association de recevoir des legs et des donations, là où les autres associations déclarées ne peuvent recevoir que des dons manuels. Seules les associations d’utilité publique peuvent recevoir, à titre gratuit, des immeubles et des biens meubles corporels. C’est à ce titre que le président de la république a offert au HCME un siège social flambant neuf à Niamacoro avec tout l’équipement nécessaire. La reconnaissance d’utilité publique étant accordée par un décret publié au journal officiel, aucune confusion n’est juridiquement possible entre une association bénéficiant de ce statut et une simple association déclarée. Seule l’ignorance ou la mauvaise foi peut pousser à une telle confusion qui, au demeurant ne saurait prospérer durablement. Que les politiques, fonctionnaires ou simples citoyens qui voudraient trouver un rival au HCME reviennent sur terre car la loi n’est pas à géométrie variable. Autant une étoile ne peut se comparer à la lune, autant aucune autre association de migrants ne saurait se prévaloir des prérogatives du HCME. Simple question de bon sens, sauf à cultiver des instincts de putschistes !
En vérité, ce qui fait la beauté d’une constellation, ce sont toutes ces étoiles qui brillent dans le ciel autour de la lune. Le HCME reste une grande famille ouverte à tous mais, ceux qui auront choisi de rester en marge de ses activités devront se contenter de leur statut de simple association déclarée.
Mahamadou Camara
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