Située juste à une rue du cimetière de Lafiabougou, la décharge du même nom, n’est pas qu’un simple dépôt d’ordures. C’est aussi un lieu de travail et de gagne-pain. Reportage !
À l’instar d’autres dépotoirs d’ordures de la capitale, celui de Lafiabougou accueille chaque jour de nombreux travailleurs. Pour la plupart des femmes et des enfants, ils sont en quête de leur pitance. Déjà, aux premières heures de la journée, les charretiers défilent pour déverser leur trop-plein d’ordures ramassées dans les ménages de la Commune IV. Difficile de chiffrer la quantité qui y est déversée chaque jour. En plus des déchets ménagers, il y a également ceux des industriels. C’est une véritable course poursuite à chaque fois qu’une charrette vide son contenu. On s’empresse pour retirer tout ce qui peut rapporter. Passé l’euphorie des premiers instants menée par les jeunes, les femmes et les hommes plus âgés repassent, et plus patiemment trient, fouillent pour en tirer de quelque chose à revendre. Ces récupérateurs et recycleurs y gagnent leur vie grâce aux objets trouvés. «Les fils électriques trillés sont brûlés pour récupérer le zinc à l’intérieur, le fer est revendu pareil pour les bouteilles », nous renseigne un Recycleur. De l’Or dur, donc, extrait de ces ordures. «Il arrive que je gagne plus de 7500 FCFA par jour par la vente des objets récupérés», nous dit Hamidou. Si, par moments, il jette un coup d’œil furtif pour récupérer quelques objets, Moussa a plutôt opté pour la récupération du déchet pour en faire de l’engrais organique. Muni d’une brouette, d’une pelle et d’un grand Tamis, il extrait les matières plastiques de son engrais qu’il revendra ensuite. «Ça me permet de gagner dignement ma vie», dit-il sans entrer dans le détail de ses revenus qui sont, selon lui secrets. Les vieilles et les jeunes filles récupèrent quant à elles une masse de déchets plastiques rachetés selon elles par les usines de la place.
Les risques du métier
Comme toute activité, ce dernier n’est pas sans risque. Malgré ses avantages financiers, le métier de récupérateur et de recycleur de déchets ménagers engendre un certain nombre de dangers. Au-delà de la mauvaise odeur et de la puanteur des ordures, ils s’exposent à des problèmes respiratoires et dermatologiques. Exposés à des blessures des métaux en rouille et autres seringues qui peuvent être infectées, le tétanos et autre maladie comme le VIH Sida ne sont pas loin.
En plus du problème moral que peut constituer la proximité de ce dépôt avec le cimetière, il représente un danger public tout comme les autres sites pour les populations riveraines. Les fumées noirâtres qui s’échappent de cet endroit polluent l’air. Également, les eaux souterraines et superficielles ne seraient point épargnées par la pollution. Issus des familles démunies, les jeunes qui fréquentent cet endroit sont ainsi déviés des routes de l’école et vulnérables à la délinquance et à la consommation de stupéfiants. En lieu et place de leur acheminement prévu vers la décharge finale de Noumoubougou, située à une trentaine de kilomètres de Bamako, un mur a été construit pour empêcher que les ordures ne débordent sur la voie comme c’était le cas avant.
Dans une logique de lutte contre le changement climatique, donc, de diversification des sources d’énergie, un centre d’enfouissement serait le bienvenu pour produire du biogaz et un autre de tri qui va permettre de recycler les déchets solides.