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Sans Tabou: processus du DDR, déjà le plomb dans l’aile ?
Publié le jeudi 8 novembre 2018  |  Info Matin
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© Autre presse par DR
Lancement officiel du processus de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion socio-économique
Ce 6 novembre 2018 a eu lieu à Gao, le lancement officiel du processus de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion socio-économique, (DDR)
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Le processus de DDR (Désarmement, démobilisation et réinsertion) accéléré de tous les bataillons du MOC ( Mécanisme opérationnel de coordination) de Gao, Kidal et Tombouctou a été officiellement lancé, ce mardi 6 novembre 2018 à Gao. Mais à peine annoncé, les groupes armés ont fait part de leurs inquiétudes. Nouvelle surenchère de ces groupes armés ou tout simplement le signe que des préalables au processus ont été ignorés par les acteurs ? La question taraude l’esprit de plus d’un observateur…

Ce qui est évident, c’est que l’intégration des éléments des mouvements signataires du MOC dans l’armée est considérée comme une étape importante vers une armée nationale. Aussi, le processus global d’intégration des ex-combattants est une composante incontournable dans le processus de mise en œuvre de l’Accord paix issu du processus d’Alger. Prévu dans l’Accord, ce programme doit permettre aux ex-combattants des groupes signataires de rendre leurs armes pour intégrer l’armée régulière ou bien de bénéficier d’un programme de soutien à la réinsertion dans la vie civile.

Si l’annonce de cette nouvelle avait suscité beaucoup d’espoir chez les populations, souvent victimes d’exactions attribuées à ces éléments des mouvements signataires de l’Accord de paix, la lettre des états-majors de la CMA et de la Plateforme tombe comme un cheveu dans la soupe.

Dans une correspondance adressée aux le 3 novembre 2018, les chefs d’état-major des groupes armés ont fait part de certaines inquiétudes. Parmi les questions prioritaires, il y a celle des grades attribués aux anciens combattants qui seront intégrés dans l’armée régulière. La Coordination des mouvements de l’Azawad et la Plateforme souhaitent que leurs éléments conservent les mêmes au sein de l’armée régulière.

Autres préoccupations, celle de la solde et des droits des anciens combattants s’ils venaient à être blessés ou tués. Depuis près de deux ans, des combattants ont déjà rejoint le MOC, qui regroupe anciens rebelles et les éléments des FAMA à Gao, Kidal et Tombouctou. Une soixantaine d’entre eux ont péri en janvier 2017 dans un attentat à Gao, d’autres ont été assassinés cette année à Tombouctou. Dans leur lettre, les états-majors ont déploré le fait que les indemnisations des familles n’ont toujours pas été réglées.

Pour les groupes armés, le lancement du DDR dépend de la satisfaction de ces doléances. D’ores et déjà, l’ancien ministre Zahabi Ould Sidi MOHAMED, président de la commission nationale du DDR a répondu qu’ils obtiendront des réponses à toutes ses préoccupations.

Une chose est sûre, sans l’implication d’une autorité ayant réellement un pouvoir de sanction contre tous les contrevenants à l’Accord et aux principes du DDR, aucune avancée notoire ne sera enregistrée dans la marche de la nation vers cette paix tant désirée.

Notons que dans son dernier rapport, le Centre Carter, observateur indépendant de la mise en œuvre de l’Accord, a invité la Commission nationale du DDR à lancer l’opération générale du DDR dans les meilleurs délais, compte tenu de la disponibilité des listes quasiment complètes des combattants éligibles.

Plus de 3 ans après sa signature, l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issue du processus d’Alger n’a pas connu de grandes avancées. Aucun de ces chronogrammes n’a été appliqué à la lettre par les parties signataires de l’accord.

Par Abdoulaye OUATTARA

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