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Sans Tabou: brigade de veille citoyenne: un monstre à encadrer
Publié le jeudi 8 novembre 2018  |  Info Matin
58ème
© aBamako.com par A S
58ème anniversaire de la police nationale
Bamako, le 4 octobre 2018 Le Président de la République, Chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta a présidé les activités de la troisième édition de la Journée nationale de la Police qui fête également son 58ème anniversaire.
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Lors d’une patrouille le mardi dernier, un groupe d’auto-défense des jeunes de Doumanzana, en Commune I du District de Bamako, légalement constitué pour lutter contre l’insécurité dans ce quartier, a tué par amateurisme trois frères bouchers, pris pour des malfrats. En effet, il était environ 5 heures du matin, lorsque ces jeunes patrouilleurs sont tombés sur deux frères, exerçant le métier de bouchers sur une moto Djakarta, en partance pour l’abattoir. Au niveau de la place publique, appelée «Kolon bada» située au cœur du quartier «Petit Paris», ces bouchers, pris pour cible, ont été traqués avant d’être tabassés à mort. La troisième victime, qui n’est autre que le frère aîné des deux malheureux bouchers, venait au secours de ses deux jeunes frères gisant dans une mare de sang et voulait témoigner qu’ils ne sont pas des voleurs, mais bien des bouchers. Peine perdue, les jeunes excités et ivres de colère ont asséné des coups de gourdin à ce dernier qui tentait en vain de se justifier à travers ses pièces d’identité. Les trois frères de la même famille ont ainsi été tués sur le champ. Comme un malheur ne vient jamais seul dit-on, on apprend également que la vieille mère des trois bouchers assassinés est décédée des suites d’une crise cardiaque due au chagrin de la perte cruelle de ses trois fils.
Pour manifester leur mécontentement et exiger justice, les bouchers de Bamako ont déclenché une grève de 3 jours, à compter d’hier lundi.
C’est pour assurer la protection des personnes et de leurs biens du quartier Doumanzana et surtout après l’assassinat d’un chef de famille dans sa chambre pour prendre sa moto, ainsi qu’à la suite d’une série de cambriolages commis par les bandits armés, qu’un Comité d’auto-défense de brigade de vigilance a été mis en place avec l’autorisation du chef du quartier, du Commissariat du 6ème arrondissement de la Commune et de la mairie de la Commune I du District de Bamako. Et depuis, une fois la nuit tombée, ces jeunes volontaires engagés et bien déterminés à affronter les grands bandits et autres malfrats, patrouillent dans le quartier. Une belle initiative citoyenne certes, mais qui a besoin d’un encadrement des forces de sécurité, pour éviter des bavures de ce genre.
Cette affaire, qui est à l’origine d’une journée d’hommage aux bouchers assassinés, interpelle les autorités quant à la nécessité d’encadrer ces groupes d’auto-défense, qui agissent sans professionnalisme, ni discernement. D’ailleurs, c’est à raison que le Commissaire du 6ème Arrondissement, qui a autorisé la création de ce Comité composé de jeunes amateurs parfois surexcités, est fortement accusé par les parents des victimes pour complicité.
Il n’est un secret pour aucun Bamakois, surtout des quartiers périphériques, ces derniers temps, les bandits armés ne cessent de semer la terreur, à travers les vols à domicile et les attaques à mains armées.
A défaut de dissoudre le groupe, en raison de son utilité, le ministère de la Sécurité se doit d’encadrer ces jeunes, en les apprenants les règles basiques du métier de sécurité. Mieux, il faut recentrer leurs missions et actions ; autrement dit, s’en tenir uniquement à l’arrestation des cas suspects qui seront remis aux forces de sécurité afin de poursuivre les enquêtes. La sécurité est un art et n’est pas agent de sécurité qui veut.
La preuve : l’irréparable a été commis à l’aube du mardi dernier, avec trois paisibles citoyens sauvagement assassinés à la place des vrais malfrats.
Ces brigades d’auto-défenses ne sont pas un phénomène nouveau dans notre pays. Les premières, créées au lendemain de l’éclatement de la rébellion au Nord de notre pays en 1990, ont débouché sur la constitution des milices populaires, dont la gestion est toujours source de problèmes. Il est donc temps qu’elles soient règlementées, au regard de l’incapacité de nos forces de sécurité à assurer seules la protection des citoyens et de leurs biens, sur l’ensemble du territoire malien, en proie à une insécurité grandissante doublée de terrorisme.

Par Sékou CAMARA

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