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Moussa Traoré au devant de la scène politique: Signe de réconciliation ou trahison du Mouvement démocratique ?
Publié le vendredi 9 novembre 2018  |  Infosept
Moussa
© AFP par FRANCOIS ROJON
Moussa Traoré
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IBK, après avoir qualifié le Général Moussa Traoré (GMT) de grand républicain dans son discours d’investiture le 04 septembre 2013, vient de lui donner un nouveau statut. Celui de grand médiateur de la République. Le baptême de feu de ce nouveau statut aurait été la médiation qu’il a entreprise auprès du Chérif de Nioro. En réhabilitant ainsi l’ancien dictateur, IBK ne serait-il pas en train de trahir la mémoire des martyrs de la démocratie ? Ou c’est le signe avant-coureur d’un rapprochement entre les leaders du mouvement démocratique et ceux de l’ancien régime pour une véritable réconciliation ?

Depuis l’avènement d’IBK au pouvoir, l’ancien Président de la République, le Général Moussa Traoré, semble trouver un nouveau souffle. En effet, invité de marque lors de l’investiture du Président IBK en 2013, GMT a été agréablement surpris du qualificatif à lui attribué de « grand républicain » par le nouveau Président. Ce qui est aux antipodes de tous les sobriquets négatifs qu’on lui a attribués depuis sa chute.

Dès ce jour, il semble se faire une nouvelle virginité politique et ses partisans sont vent debout. Ils ont même eu l’audace de réécrire l’histoire récente du Mali. En effet, sous la direction de Djibril Diallo, ancien secrétaire politique du B.E.C, certains dignitaires de l’ancien régime ont publié un livre intitulé « LE MALI sous MOUSSA TRAORE ». Dans cet ouvrage, Djibril Diallo et son équipe ont voulu peindre en blanc le bilan des 23 ans de règne de GMT, et cela, au nez et à la barbe des leaders du Mouvement démocratique, qui ont, certes timidement porté la contradiction, mais sans véritablement être incisifs, ni convaincants.
C’est ainsi que les anciens dignitaires du régime GMT avec le soutien tacite du prince du jour, ont marqué leur retour sur la scène politique.

Et depuis, l’ombre de Moussa Traoré n’aura cessé de planer sur les grandes décisions de la République, comme entre autres les grandes reformes au sein de l’Armée. Il sera même le parrain de certaines candidatures à la dernière présidentielle. Malgré son âge et son passé peu glorieux, GMT semble avoir la confiance d’IBK. C’est pourquoi, il aurait fait de lui le médiateur dans le différend qui l’oppose au Chérif Bouyé de Nioro.

Et si la division du Mouvement démocratique a fait renaitre l’ancien régime GMT !
Depuis l’avènement de la démocratie en Mars 1991, les acteurs du Mouvement démocratique n’ont jamais accordé leurs violons sur les valeurs et les idéaux qui ont sous tendus leur combat. Ils n’ont pas non plus fait l’unanimité autour des grands principes qui auraient dû être le rempart pour que l’édifice, qui est la démocratie, bâti à la sueur et au sang des martyrs, ne s’écroule. Tous leurs combats étaient focalisés sur le pouvoir et sur comment le conquérir. Campagne de diffamation, de dénigrement des tenants du pouvoir, critiques stériles, foulant aux pieds les fragiles acquis.

Les débats d’idées ont laissé la place au combat de personnes, au même moment les restaurateurs étaient à pieds d’œuvre pour capitaliser les errements et se positionner. Ils ont commencé par répandre des slogans comme : le Mouvement démocratique a échoué ; le régime de Moussa Traoré vaut mieux que celui des pseudos démocrates. Le couronnement de leur combat a été le coup d’Etat du 22 mars 2012. La junte militaire qui l’avait perpétré n’aurait d’autre repère que le Général Moussa Traoré et n’eut d’autres ennemis que les acteurs du Mouvement démocratique.
Moussa Traoré au-devant de la scène politique, signe de réconciliation ou trahison du mouvement démocratique ?

IBK aurait dû être le chantre de la paix et de la réconciliation depuis son premier mandat, au regard du plébiscite et de la relative unanimité dont il a fait l’objet en 2013. Il a également l’avantage d’avoir collaboré avec les deux camps, ou tout au moins d’avoir des amis dans les deux parties. Donc, c’est lui qui aurait dû réconcilier les maliens avec eux-mêmes.

Pour cela, il aurait dû privilégier trois conditions tout aussi indispensables, à savoir demander à GMT de présenter ses excuses au peuple malien pour tous les crimes qu’il a commis pendant les 23 ans ; ensuite que toute la lumière soit faite sur toutes les violations de Droits de l’Homme et enfin qu’une conférence nationale de réconciliation soit organisée. En français facile, il faut cette trilogie : pardon- justice- réconciliation.

Youssouf Sissoko
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