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Commission dialogue et réconciliation : Grogne et menace de démission
Publié le jeudi 27 juin 2013  |  Le Prétoire


© Primature par S.A
Primature : le premier ministre reçoit une délégation commission dialogue réconciliation (CDR)
Lundi 27 mai 2013. Bamako. Le premier ministre Diango Sissoko échange avec la commission dialogue réconciliation (CDR) au cours d’une visite de courtoisie.


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La Cdr aurait visiblement besoin de dialogue et de réconciliation entre ses membres, certains commissaires nourrissant de sérieux griefs contre le président Mohamed Salia Sokona accusé de gestion exclusive et individuelle. Le président de la République non plus n’est pas épargné par les critiques.

Sous la pression de la communauté internationale qui exigeait des négociations entre le gouvernement malien et les bandits armés apatrides du nord, le président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, a répondu doublement. Il a créé d’abord la Commission Dialogue et Réconciliation (Cdr), nommé son président, un diplomate épousseté et dépoussiéré en la personne de Mohamed Salia Sokona, et nommé également des commissaires. Le président par intérim a ensuite nommé un conseiller spécial en la personne de Tiébilé Dramé, devant s’occuper des questions de paix et sécurité dans le nord du Mali. Et depuis sa nomination, ce dernier s’est montré très actif, a effectué plusieurs déplacements dans la sous-région, déplacements qui ont abouti à la signature, le 18 juin, d’un accord préliminaire entre le ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, Moussa Sinko Coulibaly, et les représentants du Mouvement national de libération de l’Azawad et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad. Depuis, tout le monde est en train de s’agiter pour savoir comment l’armée va reconquérir la ville de Kidal et, surtout, comment les élections vont être organisées dans cette ville.


En ce qui concerne la Cdr, c’est toujours le calme plat, interrogés, certains commissaires affirment ne pas savoir à quoi ils servent dans les anciens locaux du ministère de la santé. Selon eux, c’est le président qui fait tout, qui ne s’occupe d’aucun commissaire, ne les consulte pas à plus forte raison les associer aux prises de décisions.


Mohamed Salia Sokona serait à leurs dires, en train de perdre son temps dans l’organisation de sessions de formation ou de séminaires inutiles et coûteux. Or, ces commissaires affirment que depuis leur nomination, ils n’ont pas encore vu la couleur de l’argent avec tant de pompes. Alors que, pendant ce temps, les membres du secrétariat exécutif jouissent de tous les privilèges et honneurs : bureaux, véhicules, carburant, missions, etc.


Ce n’est que récemment que le président de la Cdr se serait décidé à rénover les anciens bureaux de la cellule de planification et de statistiques du ministère de la santé afin d’y caser ses commissaires qui ne savent toujours pas à quoi ils vont occuper leur temps.


Devant cette situation de délitement général, certains commissaires auraient décidé, par courrier adressé au président, de rendre leur démission car ils ne comptent pas servir de faire-valoir. Ils estiment que s’ils ont accepté d’entrer dans la Commission, c’est pour servir leur pays, c’est pour servir à quelque chose et non pour amuser la galerie.


Ce n’est pas Mohamed Salia Sokona seulement qui fait l’objet de leurs griefs. Le président de la République aussi, en effet, est fortement critiqué. Les commissaires affirment qu’en créant un poste de conseiller spécial du chef de l’Etat pour les questions de paix et de sécurité au nord, en envoyant cet émissaire négocier avec les groupes armés à Ouagadougou, Dioncounda Traoré a empiété sur leur prérogatives et leur a ravi l’objet de leur existence. Jusqu’à l’élection d’un nouveau président de la République et la signature d’un accord global inclusif de paix, les commissaires craignent de ne rien avoir d’autres à faire que de compulser de la paperasserie. En outre, le chef d’Etat par intérim ne semble pas leur accorder d’importance. Pour preuve, rappellent-ils, lors de sa visite à leur siège, Dioncounda Traoré ne serait resté que quelques minutes, à peine une quinzaine de minutes pour une structure dont le rôle devrait être très important. De même, depuis plusieurs semaines, le président de la Cdr aurait envoyé au chef de l’Etat le projet de règlement intérieur de la structure pour validation ou amendement. Jusqu’à présent, Dioncounda Traoré n’aurait pas réagi. A-t-il seulement consulté ce document ? Des commissaires en doutent et c’est pour cela qu’ils attendent plus d’engagement de la part du chef de l’Etat. Du président de leur structure, ils attendent plus de collaboration et, surtout, plus de considération car le secrétariat exécutif n’est pas à lui seul la Commission Dialogue et Réconciliation. Loin s’en faut.
Cheick TANDINA

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