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Hommage à la « force noire » de la première guerre mondiale: Une dette de sang qui peine à tarir
Publié le lundi 12 novembre 2018  |  Infosept
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© Reuters par Philippe Wojazer
Le président Macron et son homologue malien Keïta se recueillent devant le «Monument au héros de l`Armée noire», dans le parc de Champagne, à Reims, le 6 novembre 2018.
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Manipulation médiatique, oubli politique ou total mépris envers le fait historique, la vérité sur l’enrôlement des soldats subsahariens dans la grande guerre fait encore l’objet d’embellissement honteux de la part de l’ex puissance colonisatrice. Aujourd’hui encore, beaucoup en France osent parler de retombées positives de la colonisation sur les populations autochtones africaines, presqu’en occultant l’oppression et l’humiliation qu’elles ont subies. Des populations qui donnèrent, la mort dans l’âme, beaucoup de ses fils pour aller faire la guerre.

Le centenaire de la première guerre mondiale (1914-1918), célébré tout au long de la semaine dernière, fut l’occasion de se remémorer une barbarie humaine, la première de l’époque moderne. L’Afrique a particulièrement été mise à l’honneur à cet effet par l’inauguration d’un monument dédié “aux héros de l’armée noire” qui combattirent auprès de l’armée française contre son ennemi d’alors, l’Allemagne. Le monument inauguré par les présidents Macron et IBK est une réplique car l’original fut démonté et emporté en 1940 par l’armée allemande.

Le hic, c’est que l’on a du mal à comprendre tous les contours de cet hommage. Car tel que présenté par les médias français et surtout par les deux chefs d’Etat présents pour l’occasion, les soldats africains étaient bien heureux de quitter le foyer chaleureux et convivial de leur pays pour mourir dans le froid glacial de l’Europe qu’ils ne connaissaient point. Avis aux historiens pour nous édifier sur ce fait précis. Car un tel fait est inconcevable pour tout esprit logique.

Quand le président IBK dit dans son discours que « près de 200.000 combattants africains ont accouru à la rescousse pendant la Première Guerre mondiale, ils se sont battus, de jour et de nuit, pour la France mais pour eux-mêmes aussi”, beaucoup d’entre nous, empreints d’humanisme, se sentent choqués. Ont-ils réellement accouru à la rescousse de la France, pour se battre « de jour comme de nuit », comme s’ils se rendaient à une cueillette de fruits d’or ? D’autant que le président Macron lui-même précisa, sur son compte twitter, qu’ils ont combattu « dans des villages dont ils ne connaissaient pas le nom ».

Ces combattants africains étaient issus de l’empire colonial français. Pour la seule guerre de 14-18, 400 000 soldats ont été recrutés sur le continent noir. Mais le fait d’occulter que ce recrutement s’est effectué par la force, est beaucoup plus un oubli politique qu’historique. Un fichage ethnique était même mis en œuvre présentant les africains de l’ouest comme plus résistant et guerrier, de ce fait envoyer en première ligne, et les indochinois comme plus petits et frêles, donc alloués grandement à des tâches de seconde ligne.

Comment en pouvait-il être autrement pour la France de l’époque pour qui la colonisation était un instrument d’oppression des populations dites indigènes et de pillage de leurs richesses ? Mais alors, pourquoi ce silence autour de ce recrutement forcé ?

Rétablir la vérité historique sur cet épineux sujet et surtout demander pardon devant Dieu et les hommes pour cette exploitation humaine, sauvage et barbare de combattants africains, grandiraient la France. Pour rappel, aucun monument aux morts ne recense leurs noms. Le continent a fourni, malgré lui, 165.000 combattants de l’Afrique ­Occidentale française (AOF) et 18.000 de l’Afrique Equatoriale française (AEF). Pour ce qui concerne les « tirailleurs sénégalais », en réalité issus de l’AOF, au moins 30.000 d’entre eux ne sont pas rentrés et 36.000 ont été blessés.

Ahmed M. Thiam
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