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Le ministre de la justice : « Vouloir reformer la justice sans les magistrats est un leurre
Publié le lundi 11 juin 2012   |  Proces Verbal


Malick
© Autre presse par DR
Malick Coulibaly : Le nouveau ministre de la justice au Mali


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Quelle est la suite donnée à l’agression du président de transition ?

e vous remercie de l’opportunité que vous m’offrez de m’acquitter d’un devoir, celui d’éclairer l’opinion nationale et internationale. L’agression d’un citoyen lambda est déjà un acte grave; l’agression du président de la République par intérim est un acte très grave; mais de par notre culture, l’agression d’un homme de 70 ans est un extrêmement grave. Devant cet état de fait, le gouvernement et les autorités judiciaires ne pouvaient rester de marbre; c’est pour cela qu’il a été instruit aux unités d’enquête de mener une enquête, avec toute la sérénité réquise, pour démasquer les personnes qui ont posé cet acte. Au jour d’aujourd’hui, il y a beaucoup de responsabilités à situer. La première responsabilité, c’est peut-être les personnes qui, par leurs paroles ou actes, ont inspiré l’acte d’agression. Il y a aussi à situer la responsabilité de ceux qui, matériellement, ont commis l’agression. Enfin, il faut situer la responsabilité de ceux qui auraient dû empêcher l’agression. Quand on sait que l’agression est survenue à la suite d’une marche, est-ce que ce n’est pas un gros boulot pour la justice ? Le contexte actuel ne sert pas la procédure mais j’appelle les Maliens à faire confiance à leur justice qui fera son travail en toute indépendance et en toute impartialité. Aucune instrumentalisation ne passera par la personne du ministre de la justice.

Qu’est-ce qui a été fait dans ce dossier ?

Au cours de l’enquête, une cinquantaine de personnes ont été interpellées. Aujourd’hui, nous avons trois personnes en prison. Ces trois personnes sont poursuivies pour troubles graves à l’ordre public. Cela s’explique par le fait que ce sont des gens qui ont été retrouvés sur les lieux de l’agression. Mais rien n’indique qu’ils aient personnellement pris part à l’agression du président. En procédure pénale, il faut éviter l’inculpation hâtive. C’est pour cela qu’aujourd’hui, personne n’est inculpé pour agression. L’information pour tentative d’assassinat sur le président Dioncounda a été ouverte contre X.

A quoi faut -il s’attendre dans les prochains jours par rapport au dossier ?

Nous avons instruit d’approfondir l’enquête pour la simple raison que des images ont circulé et que des gens ont paradé à Koulouba. Même s’il faut procéder à un appel à témoins, il faut faire en sorte que seules les vrais auteurs soient punis.

Vous confirmez avoir les mains libres dans cette affaire ?

Je ne suis pas homme à avoir les mains liées, ça je peux vous le garantir.

Autre affaire: celle dite des bérets rouges. Des personnes ont été arrêtées ; est-ce que leurs droits sont garantis ?

Une anecdote: il y a quelques jours, un aîné m’a demandé: « Etes-vous ministre de la justice ou défenseurs des droits de l’homme ? ». Je lui ai répondu qu’il n’y a pas de différence entre un ministre de la justice et un défenseur des droits de l’homme. De par mes attributions de ministre de la justice, je suis chargé de la mise en œuvre de la politique de protection et de promotion des droits de l’homme.Il y a 48 h, je me suis rendu à Kati pour constater les conditions de détention des militaires détenus. Ils m’ont fait part de leurs difficultés et j’ai pris des dispositions pour l’assouplissement des conditions de détention. Leurs familles ne pouvaient pas leur apporter à manger mais après ma visite, cela fut possible.Je continuerai de veiller au grain.

Quelles sont les motivations de la loi d’amnistie votée en faveur des pustchistes du 22 mars ?

Le gouvernement n’a pas à motiver ou à justifier le vote de cette loi car l’initiative de la loi d’amnistie est antérieure à la mise en place du gouvernement. Nous ne faisons que mettre œuvre l’accord-cadre (du 6 avril signé avec la CEDEAO, ndrl). Un principe juridique dit: »Périsse un principe plutôt que périsse l’Etat ». Si l’absence de poursuites judiciaires peut permettre de sauver l’Etat, il faut franchir le rubicon.

Et l’indemnisation des victimes du 22 mars ?

Les modalités seront définies. Dans l’immédiat, nous allons faire adopter le principe de l’indemnisation à travers une loi. Il s’agit d’indemniser toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont subi un préjudice au cours de la mutinerie du 22 mars.

Une amnistie pour les putschistes du 22 mars, oui; mais pourquoi pas pour les bérets rouges ?

L’appréciation n’appartient pas au gouvernement. L’article 45 de notre Constitution dit que c’est au président de la République de proposer les lois d’amnistie.Cela n’ayant pas été fait, il appartient au gouvernement de mettre en œuvre les poursuites judiciaires tout en veillant au respect strict des droits des détenus.

Ces événements ne sont-ils pas similaires ?

Je ne ferai pas ce lien-là. Les contextes sont différents. Cependant, il est regrettable que pendant qu’on a besoin de tous nos soldats pour faire front contre l’ennemi au nord, nous ayons à garder certains en prison.
Et l’affaire du campus ?

Il y a eu une série d’événements préjudiciables à l’image du pays. L’agression sur le campus universitaire a conduit à mort d’homme. Une information judiciaire est ouverte pour situer les responsabilités

Le nord est occupé par la rébellion et le gouvernement a décidé de saisir la cour pénale internationale. Pourquoi?

Ce qui s’est passé au nord est un affront à la civilisation humaine. Dans les conditions normales, il revient à l’État du Mali de poursuivre ces gens-là. Pour l’instant, une partie du territoire nous échappe; les responsables du MNLA paradent sur les chaînes de télévision. Lorsque des prisonniers de guerre ligotés sont retrouvés égorgésou avec une balle dans la tête, c’est un crime de guerre. Le gouvernement a décidé, lors du dernier conseil des ministres, d’adopter le principe de la saisine de la CPI. Le principe de la saisine est différent de la matérialisation de la saisine. Cela va passer par le rassemblement des éléments de preuves.

Vous vous retrouvez à la tête du département de la justice que vous souhaitez reformer alors que les relations avec vos anciens collègues étaient tendues …

Je n’ai jamais eu de problème particulier avec les magistrats. J’ai fait partie de cette famille. En tant que ministre de la justice, j’entends pleinement jouer mon rôle en toute impartialité, sans esprit de vengeance.

Vous ne serez pas tenté de régler des comptes ?

Je me suis élevé contre ce que j’ai considéré comme attentatoire aux principes de justice. Aujourd’hui, j’ai l’opportunité de mettre la justice sur de bons rails. C’est cela mon combat – les questions de personnes m’importent peu. Je le ferai avec les acteurs de la justice. Vouloir reformer la justice contre les magistrats est un leurre. Nous allons reformer avec eux et pour eux.

Transcrit par Abdouylaye Guindo

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