Figure de proue de la contestation du président Ibrahim Boubacar Kéita, Me Mohamed Aly Bathily conditionne sa participation à la satisfaction de la requête sur l’invalidation de la prestation du serment du président. “Soumeylou Boubèye Maïga et IBK sont mes frères, mais ils ne sont pas dans la légalité”, dit-il.
Dans le cadre du dialogue politique sur le nouveau découpage administratif, le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, était ce samedi 10 novembre chez l’opposant Me Mohamed Aly Bathily, candidat malheureux à la présidentielle et ancien ministre. Soumeylou Boubèye Maïga a expliqué les motivations et les avantages du nouveau découpage administratif qui est actuellement en débat dans les régions.
Prenant bonne note de la volonté du PM, Me Bathily a rappelé l’illégalité du président et son PM. “Je voudrais préciser que le PM a exprimé sa volonté de dialoguer avec les acteurs politiques. Mais si ce dialogue devrait se tenir, il était important de discuter sur les points inscrits à l’ordre du jour. Ils sont venus avec leur point de vue, alors que notre position est patente depuis un moment”, dira-t-il.
“Ils ont librement ignoré nos inquiétudes. IBK a juré de respecter la loi et de faire respecter cette même loi. Nous avons clairement dénoncé la violation de la loi par la Cour constitutionnelle. Cette Cour qui est disqualifiée pour forfaiture a déclaré IBK président. Donc, il n’est pas le président ! Boubèye qui est là aujourd’hui est mon petit frère, mais lui et IBK ne sont pas légitimes. Nous ne pouvons parler sans discuter sur nos inquiétudes. Il faut qu’IBK sorte du silence. Qu’il s’explique devant le peuple…”
Par cette déclaration, Me Mohamed Aly Bathily se montre intraitable sur l’illégitimité d’IBK et son PM. Il soutient ainsi sa requête d’invalidation de la prestation de serment du président.
Pour lui, le droit constitutionnel est un pan important de la vie de l’Etat de droit, et il met un accent sur la démocratie. La Cour constitutionnelle est le juge de l’élection, expliquera-t-il, ajoutant qu’elle est tenue au respect des textes en vigueur. “Si les textes sont violés, la démission d’office de ses membres est constatée. Il n’est pour un candidat de l’annoncer. Parce que l’article 8 de la cour est clair. Ce n’est pas une institution qui a un vide juridique”, selon lui.
Me Bathily pense qu’il y a quand même quelque chose de très étonnant. “Nous avons rencontré le ministre de l’Administration territoriale et la Décentralisation sur le cas des procurations qui avaient été frauduleusement attribuées aux citoyens. Le ministre a demandé l’avis de la Cour constitutionnelle sur la situation. C’est là que la présidente de la Cour a autorisé les procurations à l’échelle communale. Alors que l’avis de la présidente ne doit prévaloir la loi. Donc elle a pris parti…”
“Le respect des articles 72, 77, 78 du code pénal“
“Fort de ces constats, la Cour constitutionnelle n’avait plus mandat à se prononcer sur les requêtes électorales. C’est une obligation de constater parce que ce n’est pas facultatif. Elle n’a pas agi, laissant Manassa Danioko lire l’arrêt sur les résultats définitifs du 2e tour de la présidentielle du 12 août. Une fois qu’elle proclame les résultats dans ce contexte, il devrait y avoir d’autres dispositions puisqu’il n’y a rien de vide dans les cas de forfaiture. L’arrêt de la Cour est une coalition de fonctionnaires contre l’Etat. C’est pourquoi nous avons saisi la Cour suprême pour le respect des articles 72, 77, 78 du code de procédure pénal”, dira-t-il.
Il faut que la Cour suprême veille au respect de la loi. “Le premier responsable ne doit pas violer la Loi fondamentale. Le combat des Maliens doit être pour le respect de la loi. Ce n’est pas le combat de Soumaïla Cissé. Il y va au-delà. Si nous avançons à l’allure, nous serons dans une démocratie trisomique. Un chef n’est pas exonéré des lois…”