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Problématique de la paix au Mali : Les concertations sont la vraie solution !
Publié le lundi 12 novembre 2018  |  L’Inter de Bamako
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Le président feu Modibo Keïta avait déjà averti: «Lorsque les propriétaires deviennent des spectateurs, c’est le festival des brigands.»



La problématique de la paix dans notre pays se pose avec acuité depuis maintenant fort longtemps. Sans vouloir faire ici un point d’histoire sur les velléités sécessionnistes dans le grand Nord Mali, il convient de rappeler qu’une source d’information nous a appris que le 30 mai 1958 une lettre-pétition a été remise au général De Gaulle pour la création d’un Etat saharien indépendant dans la boucle du Niger (Tombouctou, Gao, Goundam). En bas de page de ladite lettre-pétition, on pouvait lire: «Vive la France; Vive Tombouctou Sahara français.»

Cette lettre-pétition portait la signature (toujours selon nos sources) du cadi (juge coranique) de Tombouctou le sieur Mohamed Mahamoud Ould Cheikh. Cette lettre était l’œuvre, semble-t-il, de plus de 400 cadres et notables touaregs de Tombouctou. Visiblement donc, la France était et reste au cœur du problème de la paix dans notre pays. Il convient donc de reconnaître qu’elle ne saurait contribuer véritablement à la résolution dudit problème car comme le dirait l’autre on ne règle pas les problèmes avec ceux qui les ont créés.

Il faut dire que si les première et deuxième Républiques ont pu juguler à leur façon la crise sécuritaire qui accable notre peuple, avec la troisième de la République la crise s’approfondit jour après jour. Ainsi pour colmater la problématique de la paix, rappelons qu’en 1994, le régime Alpha a intégré 640 ex-combattants touaregs dans l’armée nationale avec les grades suivant: trente-deux (32) officiers, soixante-sept (67) sous-officiers et 424 soldats de 2ème classe.

De 1994 à 1995, nos sources indiquent l’intégration dans la fonction publique de 20190 ex-rebelles. Près de 9509 ex-combattants démobilisés ont reçu des financements du PUND pour leur auto-développement.

Lors de la Flamme de la paix organisée par Alpha, en 1996, 800 ex-combattants ont été intégrés dans l’armée nationale. Pour 2018, les rebelles réclament 32000 des leurs à intégrer.

Rappelons que sous ATT, les différentes vagues d’intégration des rebelles dans l’armée ont eu le temps d’espionner tous les rouages de notre sécurité pour sortir ensemble un jour pour rejoindre la rébellion en 2012. C’est avec affliction que nous rappelons que lors de cette Flamme de la paix, Alpha a fait une déclaration visant à phagocyter davantage notre système de défense et de sécurité nationale. Il avait dit en substance que le Mali n’a pas besoin des armes mais de matériel agricole.

Informons les générations montantes sur le sens de la sécurité de nos ancêtres: pendant les périodes de razzias les paysans se partageaient en deux groupes, l’un pour assurer la sécurité de l’autre dans les champs. Pour cultiver, il faut sécuriser le territoire national. Il y a donc une grande part de responsabilité de Alpha dans l’occupation des trois régions du grand Nord Mali par les rebelles et leurs associés djihadistes.

Alpha est parti, en 2002 et ATT a poursuivi sa politique de sape de notre souveraineté nationale. Cela est d’autant exact qu’en prélude à sa politique de continuation de la ligne de son prédécesseur en matière de paix et de sécurité, ATT a procédé à la nomination au poste de Premier ministre de M. Mohamed Ag Hamani.

Allez savoir la justification de cette nomination. Gamou (si nos souvenirs sont bons) a quitté la rébellion pour intégrer l’armée nationale, où il gravira rapidement les échelons.

Aujourd’hui, il est général de l’armée malienne mais à la tête d’une milice d’auto-défense dénommée Groupe d’autodéfense des Touaregs imghad et alliés (GATIA).

Notons que jusqu’ici il relève des rangs de l’armée nationale. Quel cafouillage ! ATT a aussi nommé dans les différents départements ministériels des rebelles touaregs comme conseillers. La dernière goutte d’eau qui a fait déborder le vase c’est lorsque ATT a autorisé les rebelles venus des champs de bataille de la Libye à entrer sur notre territoire avec armes et bagages.

Nous rappelons que lorsque le confrère français Christophe Boibouvier a demandé à ATT à la télévision nationale pourquoi il n’a pas désarmé les rebelles venus de Libye avant de les autoriser à entrer au Mali, le président ATT a répondu devant Dieu et les Maliens: «Si, nous les désarmons qui va les défendre ?».

Le journaliste français a compris que la cause était entendue. Maintenant, il importe de demander à ATT: ‘’les défendre contre qui et ou contre quoi ?’’ Contre l’armée malienne ? Contre les antilopes du désert ? Avant cette farce de stratège, ATT avait été informé qu’un avion s’est posé dans la région de Gao en novembre 2009.

Selon «Le Républicain» du 14 décembre 2009 citant «RFI», l’avion incendié à proximité de Gao avait servi de trafic de la drogue à Tarkint.

L’avion était un modèle de Boeing 727 affrété depuis le Venezuela par des trafiquants sud-américains pour acheminer la cocaïne au Mali. Une partie de cette marchandise devrait être réacheminée à Bissau et à Conakry via le Sénégal.

Il faut simplement dire que la démilitarisation des régions nord du Mali et l’entrée des rebelles en provenance de Libye avec armes et bagages ont été les détonateurs de l’occupation de nos trois régions. Qui peut aimer le Mali et avoir le courage de dire que ATT n’a rien fait de grave comme certains le prétendaient à l’Assemblée nationale. Indubitablement, il s’est rendu coupable de haute trahison au même titre que Alpha Oumar Konaré.

Le peuple malien croyait, en 2013, que Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) pouvait venir à bout de la rébellion et de la tentative de partition de notre territoire. C’est pourquoi il avait été élu avec 77,66% des suffrages exprimés. Hélas! Au lieu de régler le problème, le régime IBK l’a tout simplement amplifié. Il suffit de prendre connaissance de l’accord de paix d’Alger pour se rendre à l’évidence que le président IBK est incapable de répondre à l’aspiration de notre peuple à la paix comme en témoignent l’accord de paix d’Alger, la Conférence d’entente nationale (CEN) et le projet de son Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga de tenir sa conférence sociale, en janvier 2019.

Il faut dire avec juste raison que ce n’est pas une conférence avec les syndicats des travailleurs qui viendra à bout de cette sempiternelle crise multi dimensionnelle dont le peuple malien reste victime. C’est plutôt là, il faut s’en convaincre, une manière de déplacer le problème sans vouloir l’attaquer frontalement.

Pendant qu’il est encore temps, il faut la tenue des concertations nationales pour permettre aux Maliens d’exposer les problèmes qui affectent dangereusement la vie nationale et qui sèment les graines de la dislocation de notre patrie dont l’indépendance a été arrachée des serres du colonisateur français.

Ces concertations sont la seule solution non seulement aux différents problèmes du Mali mais en particulier de la paix dans notre pays. Elles sont la seule occasion d’arrêter la désintégration en marche de notre pays, toute chose que la France coloniale et ses valets afro-maliens souhaitent de tout leur cœur.

Ces concertations seront l’occasion de démasquer de façon historique tous ceux qui sont coupables de cette faillite humiliante du Mali et donc de la désagrégation de son tissu socioéconomique et culturel. Elles seront l’occasion rêvée pour les Maliens de tourner définitivement la page de toutes les sangsues de notre peuple laborieux afin que naisse un Mali nouveau débarrassé de la race de politiciens véreux qui ne jurent que par leurs intérêts sordides privés.

Il faut les concertations nationales pour sortir le Mali de l’engrenage monstre dans lequel il ne saurait construire une paix durable pour enfin amorcer son développement durable.

Fodé KEITA
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