Dans le but d’aider à la consolidation de la démocratie, le cadre de réflexion et d’échanges citoyens (CREC) a organisé un débat citoyen le samedi 10 novembre 2018 à Bamako, avec comme invité le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. Occasion pour l’invité d’annoncer que le début de l’année 2019 sera consacré à la réduction du train de vie de l’Etat.
Ce premier exercice citoyen a été une belle opportunité pour débattre des questions d’actualité du moment. Les échanges ont porté sur la situation globale du pays, et particulièrement sur les questions relatives aux élections, à la situation sécuritaire dans le centre et nord du pays ; l’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens, de l’école, de l’accélération de la mise en œuvre de l’accord en ces volets sécuritaires, le découpage administratif et le DDR.
Sur le plan sécuritaire, le Premier ministre a informé les invités que les choses bougent et qu’il faut juste donner du temps au processus de sécurisation d’aboutir.
Concernant le report des législatives et du découpage territorial qu’il qualifie de réorganisation de l’administration, le Premier ministre a déclaré que le Gouvernement, en raison de contraintes objectives, techniques et administratives, à savoir la prise en compte des nouvelles régions avec un nouveau fichier est la cause principale du report des élections législatives. Et de soutenir : « Nous ne créons pas de nouvelles régions. Nous faisons l’opérationnalisation des celles prévue de 2012 à 2017. » L’ambition du gouvernement, dira-t-il, est de parvenir avec l’implication de toute la classe politique, de la société civile des différentes régions du pays à l’organisation de ces élections législatives de manière transparente et crédible sur l’ensemble du territoire afin que tous les Maliens puissent y prendre part. Et d’ajouter que le découpage territorial en cours est un souci de rapprocher l’administration plus près des populations.
Le Premier ministre Maïga de renchérir : « Nous avons une situation difficile parce que nous avons hérité d’une crise multiforme qui a touché tous les segments de la vie nationale. Nous sommes au cœur d’une situation régionale où il y a beaucoup de facteurs internes et externes qui s’imbriquent pour nous fragiliser, nous exposer à un moment où nos institutions sont faibles et où le consensus national n’est pas grand. Il y a donc beaucoup de défis que nous devons relever. Nous qui sommes leaders, nous devons faire à tout moment preuve de beaucoup de lucidité, beaucoup de sang-froid pour pouvoir mieux diriger. Et ne pas céder à la facilité, au populisme, et parfois même à l’outrance, car les problèmes auxquels les gouvernants sont confrontés peuvent assaillir les uns et les autres. Nous devons agir beaucoup plus en termes de propositions que simplement en termes de critiques, d’anathèmes et d’invectives… »
Si les autres principes et fondements de la démocratie sont entre autres : la liberté des individus; la règle de la majorité ; l’existence d’une “Constitution“; la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) ; la consultation régulière du peuple (élection et référendum) ; la pluralité des partis politiques ; l’indépendance de la justice, Soumeylou Boubèye Maïga a souligné que, certes la démocratie est l’expression de la liberté d’expression, « mais les hommes politiques, il y en a de simples, d’opportunistes, mais aussi d’engagés. Les décisions en politique ne sont pas si faciles. »
Concernant le niveau de vie de l’Etat, le Premier ministre a fait une annonce qui a fait vibrer la salle : « Nous allons rationaliser les dépenses de l’Etat et réduire le train de vie de l’Etat. »
Car selon lui, il est inacceptable de voir des enfants déserter les salles de classe à cause de disparités sociales. Pour cela, l’Etat doit accroître les transferts financiers pour les ménages à faibles revenus dans toutes les régions du pays.
Sur le front social, il soutiendra que le Gouvernement a reçu 84 préavis de grève. Mais qu’un cadre de dialogue, à travers le forum social, sera le lieu idéal de débattre des maux qui gangrènent l’administration malienne, afin de trouver des solutions idoines.
Pour l’occasion, les représentants de plusieurs regroupements de jeunes, des membres du gouvernement et d’autres invités de marque ont répondu présent à ce rendez-vous d’échanges.
Le Premier ministre a exprimé sa disponibilité et celle de son gouvernement à satisfaire, dans la mesure du possible, les attentes et les aspirations de la jeunesse qui constitue 65% de la population et l’avenir de la Nation. Selon le PM, la jeunesse est convoitée et courtisée de part et d’autre. Donc, il est impératif de cultiver le sens de l’effort et de la citoyenneté afin de la garder au sein de la République. Aujourd’hui, beaucoup d’attentes reposent sur la jeunesse. Elle doit, par conséquent, s’impliquer dans la cause du pays en participant activement au débat politique car, dira M. Maïga, elle est l’élite.
Pour le locataire de la primature, les jeunes doivent apprendre à construire leur vie en suivant les étapes normales au lieu de courir vers la facilité. Enfin, il dira à la jeunesse d’avoir des perspectives de l’espérance, passant par la confiance en soi afin d’amener les autres à avoir confiance en elle.