Dans l’enquête en cours sur l’assassinat à Kidal de Claude Verlon et Ghislaine Dupont, des révélations font désormais état d’une possible connexion entre l’actuel locataire de la primature, Soumeylou Boubeye Maiga. L’intéressé a naturellement nié toute implication dans cette sulfureuse affaire et se dit serein mais le PM SBM aura tout de même encaissé un sérieux coup dans sa marche progressive vers le sommet de l’Etat. Dérangerait-il autant à Paris ?
Soumeylou Boubeye Maiga, le Premier ministre malien, semble être dans le viseur du renseignement français qui, dans la traque des présumés auteurs du double assassinat des journalistes Ghislaine Dupont et Claude Verlon de Radio France Internationale (RFI). Dans un article publié par l’Agence France Presse et l’Express, les enquêteurs tenteraient d’établir les liens du PM malien avec le principal suspect dans l’affaire, Baye Ag Bakabo. Un coup de fil entre les deux hommes serait à la base de ce que beaucoup, au Mali, pensent être une tentative de déstabilisation d’un homme au faîte de sa gloire. Il est un peu prématuré d’affirmer quoique ce soit à ce stade mais, le moins que l’on puisse dire est que cette accusation sortie par deux médias français notamment l’AFP et l’Express, est que le « Tigre de Badalabougou » en sort avec une image quelque peu écornée. L’homme qui a jusqu’ici coulé une existence politique tranquille en inscrivant des victoires à son tableau de chasse va devoir désormais composer avec des sommeils agités jusqu’à son blanchiment si blanchiment il y en aura dans cette affaire.
Pour l’heure, beaucoup de zones d’ombre entourent l’accusation dont le PM fait aujourd’hui l’objet ; notamment au niveau de sa révélation (médias français) et au niveau de ses éventuels commanditaires puisqu’on ne saurait écarter l’hypothèse d’un complot monté de toutes pièces par ses détracteurs pour ternir son image et subséquemment mettre la pression sur le Mali, déjà affaibli ? La première interrogation qui saute à l’esprit avec cette nouvelle donne est : « pourquoi les médias français se retournent aujourd’hui contre celui-là qu’on a souvent « accusé » d’être un des pions de la France quand on sait que SBM est réputé spécialiste du renseignement et fin stratège politique. » Eu égard à son passé d’ancien patron des renseignements et homme des réseaux des services de renseignements occidentaux et même israéliens, ce coup semble pour Boubeye un pétard mouillé si l’on s’en tient à son entourage.
De la révélation faite par l’Agence France Presse (AFP) et l’Express, relayée ensuite par RFI, un flou entoure le choix du timing. « Selon de nouveaux éléments de l’enquête, que révèlent l’AFP et L’Express, les juges ont recueilli un témoignage troublant il y a à peine un mois. Un témoin assure qu’une de ses sources lui avait confié qu’un des auteurs de l’assassinat des deux journalistes de RFI « était en relation avec un officiel malien. Cette information lui aurait été ensuite confirmée par un ancien officier français. Celui-ci lui a dévoilé l’existence d’une conversation entre Baye ag Bakabo, le chef du commando qui a enlevé et exécuté Ghislaine Dupont et Claude Verlon, et l’actuel Premier ministre, Boubeye Maïga, à l’époque ministre malien de la Défense. Cette conversation aurait été interceptée par les Américains. »
L’on se demande pourquoi les médias qui révèlent ces nouveaux éléments de l’enquête ont attendu plus d’un mois avant de les rendre publics. Dieu seul sait mais visiblement ce timing dénote d’une machination avec des mains invisibles tirant la ficelle pour mettre un bâton dans les roues gagnantes de l’homme à qui IBK doit quelque part son salut.
On débouche alors par ricochet sur la seconde grande interrogation : celle relative à cette main qui tire les ficelles. A qui profite cette accusation ? Qui trouverait plus à gagner dans la chute de SBM ?
La stabilisation du centre et du nord de notre pays, l’organisation de l’élection, l’apaisement du conflit intercommunautaire, etc., ces prouesses à mettre à l’actif du PM du président IBK semblent se révéler une menace pour les intérêts de la France et de la CMA, son protégé. Celles-ci trouveraient plutôt mieux à gagner dans la déstabilisation de SBM parce qu’à leurs yeux, il aurait commis un crime de lèse-majesté en annonçant dans un premier temps la mise en veille voire l’annulation du nouveau projet de découpage territorial qui est sur la table du Gouvernement et en faisant de la loi de 2012 son bouclier. SBM ignorait qu’il venait ainsi d’être condamné à subir les mêmes affres que le président IBK avait subis en 2013 et 2014.
Selon l’entourage de SBM, des révélations seront mises au goût du jour dans les jours à venir. Mais en attendant, ces sorties, à coup sûr, défensives, il y a lieu d’admettre que le moment est aussi propice pour les aigris de sa famille politique de lui assener le coup de grâce. L’homme qui est sur le point d’engranger une énième victoire avec son chantier actuel de parvenir aux réformes institutionnelles et administratives, sur le découpage territorial, est plus que jamais exposé aux torpilles de ses adversaires ou ennemis. Il reste à savoir si les intentions voilées auront gain de cause. L’avenir nous édifiera.