Notre pays abrite la Formation d’Aide d’Urgence au Patrimoine Culturel en Temps de Crise (FAC) du 12 au 30 de ce mois. Une formation internationale qui est délocalisée dans un pays africain pour la première fois, depuis sa création en 2010. Il s’agit des cours intensifs de trois semaines pour former les responsables des sites et patrimoines culturels, pour qu’à leur tour, ils forment les acteurs de leur pays. La cérémonie d’ouverture était présidée par Mme Nina WALLET INTELOU, ministre de l’Artisanat et de tourisme, reprenant son homologue de la Culture à l’École paix Alioune BLONDIN BAYE, en présence de Mme M’Baranga GASARABWE, représentant le système des Nations Unies.
Créer un réseau de secouristes culturels dynamiques, capable d’influencer les politiques et les pratiques en matière de préparation et d’intervention d’urgence aux niveaux local, national, régional et/ou international, tel est l’objectif de cette formation.
Mme M’Baranga GASARABWE a, dans son allocution, rappelé que le patrimoine culturel, dans ses composantes matérielles et immatérielles, a été mis en danger, suite à l’invasion des régions du nord du Mali par des groupes armés. Selon elle, quatre sites sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, notamment la ville de Tombouctou, ont été particulièrement endommagés.
« 14 des 16 mausolées et le monument à l’effigié d’El Farouk ont été détruits, la porte de la mosquée Sidi Yahia, considéré comme sacrée par les habitants a été arrachée et endommagée, environ 4203 manuscrits anciens ont été brulés et les mosquées de Djingareyber, Sankoré et Sidi Yahia ont souffert du manque d’entretien pendant cette période », a-t-elle déploré, avant de se rassurer que l’UNESCO a porté secours au gouvernement du Mali afin de l’aider à mobiliser la communauté internationale pour reconstruire les mausolées et les manuscrits qui ont pu être exfiltrés à Bamako, grâce aux communautés.
« Les communautés ont protégé ce patrimoine, au péril de leur vie, nous rappelant que la culture est partie intégrante de la vie humaine, et que nous devons protéger ensemble les patrimoines. Cette leçon est universelle et nous ne l’oublierons jamais », a-t-elle dit. Elle a enfin rappelé que l’initiative FAC comprend le renforcement des capacités, la planification de la gestion des risques de catastrophe, le déploiement d’urgence des ressources multilingues et une communauté croissante de plus de 100 secouristes du patrimoine culturel dans plus de 70 pays prêts à partager leurs connaissances et à apporter leur soutien.
Mme Nina WALLET a, quant à elle, au nom du gouvernement du Mali, adressé la chaleureuse bienvenue aux participants venus de 19 pays du monde.
« Nous sommes très honorés du choix de notre pays pour abriter cette septième édition du Cours internationale sur l’aide d’urgence au patrimoine culturel en temps de crise, car c’est la première fois que ce cours est délocalisé en Afrique. Ce choix de mon pays est à la fois une marque de confiance renouvelée et une reconnaissance des efforts du gouvernement du Mali pour ses amis et partenaires techniques et financiers dans la reconstruction de son patrimoine culturel », a-t-elle dit.
Elle a aussi déploré la destruction du patrimoine multiséculaire du Mali.
« Ces atteintes graves aux biens culturels immobiliers d’importance majeure, aux manuscrits anciens, aux objets archéologiques de valeur exceptionnelle et l’interdiction de toute expression de la culture vivante, ont mis le patrimoine culturel au cœur des enjeux de la crise. Car le dessein inavoué de ces terroristes était de traumatiser psychologiquement les communautés locales en détruisant leurs marques identitaires », a-t-elle dénoncé.
C’est pourquoi elle a, au nom du gouvernement du Mali, encouragé cette initiative, qui permettra de mettre à l’abri les patrimoines culturels des pays en crise. Selon elle, ces cours doteront les participants des compétences nécessaires pour former leurs collègues à protéger les patrimoines culturels en cas de dangers. Elle les a, à cet effet, invité à suivre attentivement les modules qui seront présentés.
Rappelons que depuis 2010, les cours FAC ont été dispensés aux niveaux international, régional et national. Le premier cours sur l’aide d’urgence au patrimoine culturel qui s’est tenu à Rome, en Italie, était organisé par l’ICCROM en coopération avec le ministère de la Culture italien, MIBACT, l’UNESCO et le Bouclier Bleu. Par la suite, des cours internationaux ont été offerts à Amsterdam et à Washington DC, tandis que des formations spéciales liées à des événements de crise ont été organisées en Égypte, en Haïti, en Irak, au Myanmar, au Népal, en Ukraine et dans d’autres pays.
Signalons que l’école de maintien de paix, le Musée national serviront de cadre pour ces trois semaines de cours intensifs d’aide d’urgence au patrimoine culturel.