Le dossier judiciaire des deux journalistes de RFI assassinés au Mali, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, a commencé à livrer quelques pistes troublantes qui mèneraient, pour certaines, vers les services algériens du célèbre général Toufik (voir sa photo ci contre).
Selon un document signé des juges en décembre 2017, explique le journaliste français de « l’Express », Laurent Léger, dans une enquête fort instructive, les investigations judiciaires ont permis de cibler six suspects. Qu’il s’agisse des quatre membres du commando ayant enlevé et exécuté les deux Français en reportage à Kidal ou des deux possibles commanditaires.
Le premier commanditaire serait Abdelkrim le Touareg, un émir lié à Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), « neutralisé » depuis par la DGSE. Le second serait le patron d’Ansar Dine, Iyad ag-Ghali, supérieur d’Abdelkrim le Touareg, dont les initiatives belliqueuses en janvier 2013 depuis Mopti au Nord Mali, furent à l’origine l’intervention militaire française, dite « opération Serval ».
Terrains mouvants
Le journal « l’Express » raconte comment un journaliste d’investigation malien qui connaissait bien Ghislaine Dupont, a été entendu le 4 octobre dernier, par un juge français. Une de ses sources, explique-t-il, lui a récemment confié que « quelqu’un dans le commando était en relation avec un officiel malien ». Une piste étayée, dit-il, par un contact ultérieur avec un « ancien officier français ».
Autant de sources sérieuses qui évoquent, toujours pour l’Express, une conversation téléphonique entre un membre du commando, Baye ag-Bakabo, et l’ancien ministre de la Défense malien devenu Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, qui aurait été interceptée par les Américains.
Alger tapi dans l’ombre
Fait troublant, le Premier ministre malien, dont l’influence grandit à Bamako, passe pour un proche d’Alger. A peine nommé, il se rendait à Alger, ainsi que dans le Nord du Mali, et cela sans difficulté majeure alors que cette partie du territoire est généralement jugée dangereuse par les membres du gouvernement de Bamako.
Notons aussi que Ag Ghali, mis en cause dans l’assassinat des deux journalistes, a toujours été en contact étroit avec les services algériens. Au point qu’il semble bien, d’après des sources sérieuses, que ce chef terroriste a pu échapper aux forces françaises en 2013 grâce à une intervention d’Alger auprès de Paris, un épisode dont personne ne parle volontiers.
Autant d’indications qui amènent à s’interroger sur le rôle dans l’assassinat des journalistes de l’ancien DRS (services algériens) qui avait fait longtemps du Mali son pré carré, où il règnait en maitre. En 2013, les patrons du DRS ont vu d’un fort mauvais oeil l’intervention française au Mali qui a été rendue possible grâce à la bonne entente qui rêgnait alors entre les présidents Bouteflika et Hollande mais contre laquelle ils étaient vent debout.
De là l’hypothèse, pour l’instant non confirmée, que l’assassinat des deux journalistes était un message clair à l’égard des Français…..