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Edito : Le paradoxe malien !
Publié le mercredi 14 novembre 2018  |  Le Démocrate
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C’est un secret de polichinelle ! Le Mali traverse des moments sombres de son histoire. L’ampleur de cette crise que vit notre cher pays devrait nous interpeller tous et nous devons remplir notre devoir de vérité et de courage d’actions intelligentes et efficaces face aux enjeux et défis de sortie de crise. Depuis des décennies, le Niger, la Mauritanie et l’Algérie se battent pour sauvegarder l’intégrité de leur territoire et la souveraineté de leurs Etats respectifs. Que faisons-nous au Mali ? Rien, absolument rien !

Le paradoxe malien est que personne ne croit aux représentants de l’État, mais tout le monde attend tout de l’État, décrit de façon diabolique, mais sollicité de façon abusive. En témoignent les grèves incessantes déclenchées au même moment de presque tous les corps (Santé, Education, Justice…). Et personne ne fait rien pour aider ou faciliter les gouvernants dans leur travail. Le sport favori du Malien c’est de critiquer le pouvoir sans rien proposer à la place. Ce n’est pas dans l’hypocrisie et la singerie couverte de vernis démocratique que nous arrêterons la descente aux enfers que connait actuellement le pays, au su et au vu de tous.

C’est un devoir de changer de paradigme, de logiciel, en revenant à nos sources (sans revenir en arrière), à nos valeurs de dialogue, en mettant le sauvetage de la patrie au-dessus de tout. C’est cette démarche que nos gouvernants actuels ont entreprise. Ils ont initié des concertations politiques autour des problèmes sociaux, politiques, et du nouveau projet de découpage administratif. Après une rencontre en début de semaine avec des partis de la majorité, le Premier ministre SoumeylouBoubèye a rencontré deux opposants (Me MountagaTall et Mohamed Ali Bathily…), candidats à la dernière présidentielle. Mais le chef de l’opposition, Soumaïla Cissé, lui, a décliné la proposition. Pour le Mali, il est temps que l’élu de Nianfunké mette entre parenthèses l’élection présidentielle. Il doit faire de nouveaux sacrifices en acceptant de dialoguer avec le pouvoir en place. Seul le dialogue permettra d’asseoir les conditions du consensus le plus large possible et la sérénité requise pour mener à bien les réformes politiques, institutionnelles et administratives indispensables au développement et à la stabilité de notre pays.

Le dialogue entamé par le régime actuel avec la classe politique permet de livrer la bonne et saine information, de lever les malentendus éventuels à la veille des concertations régionales sur la réorganisation administrative et de recueillir les contributions des acteurs politiques. Ces concertations régionales qui ont débuté hier, mardi 13 novembre, se poursuivront jusqu’au 17 novembre 2018 dans les différentes régions et le district de Bamako. Cette réforme engagée par nos autorités va changer largement la carte territoriale de notre pays. De nouvelles régions, de nouveaux cercles et de nouvelles communes verront le jour. Ainsi, les entités existantes, régions, cercles et communes, vont subir d’énormes changements. Cela veut dire que les nouvelles entités à être créées seront déduites des anciennes. C’est des circonscriptions électorales qui sont appelées à changer, c’est des habitudes de collaboration, de partage, qui vont changer. Le projet peut renforcer la décentralisation, mais il peut aussi être une vraie source de divergence, d’incompréhension, de conflit et de division de notre peuple uni et solidaire.

C’est la cohésion sociale, la stabilité, la paix dans notre pays qui sont engagées, bref c’est l’avenir de notre pays qui est enjeu. Chacun d’entre nous est donc interpellé. Ne laissons pas les autres décider à notre place au risque d’un regret qui va nous ronger toute notre vie. Sortons massivement pour participer à ces concertations en vue de comprendre le projet dans la forme et dans le fond. Sortons massivement afin de faire entendre notre voix. Sortons massivement pour l’unité et la stabilité du Mali. Sortons massivement pour le Mali et pour nos enfants. L’opposition doit savoir que cette réforme n’est pas une lutte politique, mais plutôt une lutte pour la sauvegarde de l’intérêt national. Ensemble, mettons le Mali au-devant et au-dessus de nos intérêts personnels.

Aliou Touré
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