Hier, à Gao, devaient débuter les concertations régionales sur le découpage administratif pour prendre fin le 19 novembre prochain. Mais les populations se sont opposées à l’ouverture des travaux.
Un échec. C’est ainsi qu’on peut qualifier le début des concertations régionales dans la cité des Askia. Alors que Gao n’a pas fini d’enterrer ses morts et de soigner ses blessées, suite à l’attentat terroriste survenu dans la nuit du lundi au mardi dans le 8equartier, que la Délégation gouvernementale veut ouvrir les concertations sur le découpage administratif territorial dans la ville. Très tôt le matin, la ville s’est réveillée, encore sonnée par l’attentat de la veille n’a pas mis de temps pour se remettre d’aplomb et converger vers le quartier administratif de la ville. Ils s’y sont rendus, société civile et Groupes armés, pour aller empêcher le début des travaux de la concertation régionale, promis par le Premier Ministre, Soumeylou Boubèye Maïga. La société civile a, dans une lettre adressée au Gouverneur, étayé les raisons de son refus. «Les populations de la Région de Gao voient dans les propositions du Gouvernement pour les concertations régionales une contradiction totale d’avec les recommandations de la marche d’indignation tenue le 22 octobre 2018 pour les mêmes propositions exclusives. Par conséquent, la société civile prendra toutes les dispositions nécessaires pour la non-tenue de ces concertations à Gao», écrit le Vice-président de la société civile, Chouaïbou Alhousseïni Maïga. Ampliation de cette lettre a été faite à la MINUSMA et à Barkhane. Ce refus catégorique de Gao de recevoir les concertations régionales ne risque pas d’être le seul. À Tombouctou aussi, la même réaction est attendue. On se souvient que les Ressortissants de Goundam ont été les plus bruyants pour rejeter ce projet de découpage administratif. Et puisque rien n’a changé depuis, il faut s’attendre à ce que les populations de Tombouctou à leur tour disent non à cette concertation. Des refus qui risquent de mettre à mal le projet de découpage.
Une autre couleuvre ?
Si ce projet de découpage venait à se mettre en péril, le régime prendra un coup dur après celui de la révision constitutionnelle toujours en sursis. Cela ferait deux reformes majeures que le Pouvoir en place peine à conduire. Ce qui traduirait un sérieux manque d’exclusivité dans la préparation de ces projets de loi et, aussi, une preuve d’incapacité à gouverner le pays avec une vision politique claire. Un Régime sans politique claire est appelé à piloter à vue ou à gouverner selon l’humeur de la masse. L’un et l’autre cas sont suicidaires. Surtout pour un pays qui cherche ses repères pour s’extirper du gouffre dans lequel il est depuis plus de cinq ans. Grèves dans presque tous les secteurs, le Président de la République hué et bousculé lors de ses déplacements hors du pays, le terrorisme qui reprend du poil de la bête, une opposition toujours plus dure, le Régime d’IBK est cerné de toute part. Pour sortir de ce qui s’apparente désormais à un imbroglio pour IBK et les siens, il faudra un Homme de poigne capable de tenir la barre. Lui-même, affaibli depuis, les regards se tournent vers son Premier Ministre, Soumeylou Boubèye Maïga. Or, ce dernier est lui-même aujourd’hui dans une situation délicate avec cette accusation de certains médias français, dans l’assassinat des journalistes de RFI, Ghislain Dupont et Claude Verlon. Si le sort du projet de la révision constitutionnelle s’abattait sur ce projet de découpage territorial comme l’a si bien prédit Salikou Sanogo, Premier Vice- président de l’URD, le Régime d’IBK aura du mal à avoir la main pour le reste d’un quinquennat qui commence à peine.