SociétéVol sur le chantier des logements sociaux construits par la SIFMA à Kati Sikoro – Des sanitaires et des fils électriques dérobés dans 350 maisons
350 des 600 logements sociaux construits par la Sifma dans le cadre du partenariat public privé ont subi ces derniers temps un important vol de fils électriques et de matériels sanitaires. Le tribunal de Kati a eu la main lourde mercredi dernier contre les auteurs de ces vols qui ont été condamnés à des peines allant de 4 à 5 ans de prison ferme.
S’il y a une actualité qui fait aujourd’hui le chou gras de la presse malienne, c’est sans nul doute le retard accusé par les plus hautes autorités dans l’attribution des logements sociaux. Ainsi, après la sortie du président de la commission d’attribution, Issa Guindo, qui a avancé des retards techniques sur certains chantiers pour justifier le retard, le voile vient de se lever sur une grande partie des raisons de ce retard : il s’agit bien évidemment du vol perpétré dans ces maisons par des bandits de grand chemin.
Différents groupes de ces voleurs étaient face aux juges mercredi dernier pour répondre de leurs actes. Le premier groupe spécialisé dans le vol de matériel sanitaire était constitué de quatre personnes avec à sa tête Sékou Diarra et son complice Mamadou Dembélé dit silencieux. Ceux-ci avaient à leurs côtés les deux receleurs, Oumar Doumbia et Toumani Doumbia, tous commerçants au grand marché de Bamako.
Le second cas appelé à la barre concerne, toujours à propos des vols dans ces logements sociaux, Badiè Niaré, un jeune de 18 ans venu de Dougabougou dans la région de Ségou pour chercher un emploi décent à Bamako. Le jeune Niaré a été aussi pris en flagrant délit de vol de quatre rouleaux de fils électriques qu’il a dérobés dans les logements sociaux.
Premier à prendre la parole dans l’affaire du vol de sanitaire, Sékou Diarra, le chef de la bande pris en flagrant délit sur le site lors d’une ronde des policiers déployés sur le site, n’est pas allé par quatre chemins pour reconnaitre les faits. “C’est vrai, c’est moi qui suis l’auteur du vol des objets avec lesquels j’ai été appréhendé. Je n’étais pas à ma première fois. J’ai fait environ quatre vols et à chaque fois que je partais sur le terrain, je me faisais accompagner par mon complice Mamadou Dembélé dit Silencieux. Et après on partait revendre le butin au grand marché” a expliqué le chef de la bande.
A la question du président de la Cour, Adama Diawara, si les receleurs savaient qu’ils étaient des voleurs, M. Diarra répond par la négative : “On se faisait passer pour des plombiers”. Il affirme avoir mené toutes ses opérations avec son complice, Mamadou Dembélé, qui par contre, au moment d’écouler les produits sur le marché, trouvait toujours un prétexte pour s’éclipser. Faux, rétorque Mamadou Dembélé. “Je n’ai jamais mené aucune opération avec lui, d’ailleurs nous avons seulement un ami commun et en plus de cela, il n’a pas de numéro Orange money et me sollicite toujours pour ses réceptions d’argent. A part ça, il n’y a rien entre nous” s’est-il défendu.
A la question de savoir pourquoi et comment il s’est retrouvé cité dans le dossier, Mamadou Dembélé d’insister en ces termes : “Moi aussi je ne sais pas. C’est Sékou Diarra qui m’a dénoncé comme complice et les policiers m’ont interpellé. C’est sous le coup de la torture que je leur ai dit que nous avons mené les opérations ensemble, sinon je n’ai rien à avoir dans cette affaire”. Un argument que réfute le cerveau du groupe. Cependant, quant aux receleurs, Sékou Diarra a été franc et les a lavés de tout soupçon quant à leur complicité.
Intervenant à la charge, le représentant de la Sifma lors du procès, Issa Bagayogo, chef de la cellule de veille au niveau de ladite société, a confondu le chef du cerveau dans ses propos. Coincé aussi par le président de la Cour, il a reconnu sur le champ 6 vols sur le site au lieu de 4 précédemment déclarés. Pour Issa Bagayogo, c’est plus que 6 vols. “Depuis 2017, nous avons enregistré beaucoup de vols sur ce chantier. Quant aux récents vols, ces gens-là ont dérobé les sanitaires dans 350 logements pour un montant de 70 millions Fcfa. Nous voulons non seulement la réparation des dégâts qui s’élèvent à 70 millions Fcfa, mais aussi qu’ils soient condamnés à la peine maximale prévue par la loi” a-t-il demandé.
Deux receleurs sont toujours dans la nature
Le tribunal, dans son verdict, a condamné Sékou Diarra et Mamadou Dembélé à 5 ans de prison ferme chacun et au paiement de 1 200 000 Fcfa pour le préjudice subi. Et les deux receleurs Oumar Doumbia et Toumani Doumbia seront relaxés.
Quant à la seconde affaire, elle était relative au vol de fils électriques sur le site. Mais cette fois-ci, c’était une seule personne à la barre. Il s’agit Badié Niaré. Agé seulement de 18 ans, il a été pris en flagrant délit avec 4 rouleaux de fil électrique. Devant les juges, il a reconnu aussi les faits. A la question des juges de savoir pourquoi il a dérobé ces fils, il a répondu en ces termes : “J’avais faim, je n’avais pas de quoi manger, c’est pourquoi j’ai volé ces fils électriques, mais je l’ai fait dans un seul logement et pas les autres”. Un argument qui n’a pas convaincu le chef de la cellule de veille et suivi des marchés de la Sifma, Issa Bagayogo, qui a déclaré que presque tous les fils des 350 logements ont été dérobés.
“Pour le moment, comme c’est lui qui est entre nos mains, c’est pourquoi nous le reconnaissons comme responsable de ces actes” a soutenu M. Bagayogo qui a demandé que Badié Niaré paye à la Sifma 12 millions Fcfa en guise du préjudice subi. Le tribunal, dans son verdict, a condamné le prévenu à quatre ans de prison dont 3 ans ferme. Ces deux sentences relatives au vol de matériel sanitaire et de fils électriques n’ont pas été apparemment à la hauteur de la sentence voulue par le représentant de la Sifma qui a soutenu que leur société va faire appel de ces verdicts car il semblerait que la Sifma souhaiterait la rétention des receleurs dans les liens de l’accusation. Et surtout, lors des débats, il est ressorti que deux receleurs sont toujours dans la nature.
Aussi, il nous revient qu’aussitôt après le vol constaté, la Sifma-sa a commis un huissier pour constater les dégâts. Initiative qui aurait facilité la procédure. Peut être qu’en ayant la main lourde contre ces 3 personnes, les voleurs vont se faire désormais rares sur le site de la Sifma.