Si vous lisez cette chronique sur un terminal, cela signifie que vous appartenez au petit cercle de privilégiés qui ont accès à une connexion internet. Qu’importe le débit ! Malheureusement, en Afrique et dans d’autres vastes régions du monde, ils sont encore des centaines de millions de vos congénères qui ne goûtent pas au bonheur d’une liaison Internet. Mais plus pour longtemps depuis que de nombreux petits malins du secteur de la nouvelle économie, flairant le bon coup – le coup de génie- se sont mis en tête de démocratiser l’accès à ce sésame de notre époque en raflant, par la même occasion, un pactole rondouillard.
Parmi les capitaines d’industrie qui trustent le statut de leader dans ce secteur des nouvelles technologies, je voudrais vous entretenir du fantasque Elon Musk, ingénieur américain d’origine sud-africaine, canadien par sa mère, qui a le privilège de figurer, mais au bas de l’échelle, parmi les 2208 milliardaires recensés par Forbes en 2018, dont la fortune personnelle est estimée à 9,9 milliards de dollars. Excusez du peu !
Depuis Los Angeles où il est installé, Elon Musk manage deux fleurons de la technologie américaine : SpaceX et Tesla. Pour faire ample connaissance avec ce personnage haut en couleurs, je vous conseille de lui rendre une petite visite via Google pour vous faire une idée, de vous-même, des folies qui se bousculent dans sa petite tête d’ « Africain » né à Pretoria en 1971, dans un pays qui expérimentait à l’époque un modèle de développement séparé, connu sous le tristement célèbre nom d’Apartheid.
Le jeudi dernier, Elon Musk a obtenu de la Commission fédérale américaine des communications (FCC) l’autorisation de déployer 7518 satellites par SpaceX, sa compagnie spatiale. Si l’on comptabilise les 4425 satellites déjà approuvés en sa faveur en mars dernier par la FCC, cela porte son crédit à quelque 12 000 satellites. Selon les médias spécialisés qui ont relayé l’information, le déploiement de cette constellation de stellites vise à fournir une connexion Internet à très haut débit sur la Terre dans les années 2020. Lesquels précisent aussi qu’ « Aucun de ces satellites n'a encore été lancé. SpaceX a six ans pour en placer la moitié en orbite, et neuf ans pour l'ensemble, selon les règles de la FCC ».
Concrètement, comment SpaceX compte-t-il s’y prendre pour mettre en orbite ces engins ? Toujours selon les médias spécialisés, la compagnie d’Elon Musk « veut faire fonctionner la majorité de cette constellation en orbite très basse, entre 335 et 346 kilomètres d'altitude, soit en dessous de l'altitude de la Station spatiale internationale, qui est à environ 400 kilomètres d'altitude ».
Pour le quidam de Gori Gopéla, de Zimpièla ou le berger qui conduit ses chèvres dans la vallée de l’Amettetai (Tigharghar), tout ça ressemble à une vaine gymnastique intellectuelle à laquelle il ne comprend que dalle. Par contre, si on lui explique que « l'intérêt d'être en orbite aussi basse que celle demandée par SpaceX est que le temps de communication - la latence - sera très court entre les satellites et l'utilisateur Internet sur la Terre ». Selon Elon Musk, cette latence est estimée à 25 millisecondes pour deux satellites tests lancés en février. Conclusion, selon lui, ce temps est suffisamment court pour que les jeux vidéo soient rapides.
Quid des pays cibles, des équipements au sol et des modalités pour profiter de cette formidable aubaine ? Pour le moment, on n’en sait pas grand-chose sauf que, dans les toutes prochaines années, l’Internet tombera abondamment du ciel comme des précipitations pour aider à résorber drastiquement le gap abyssal qui sépare les milieux urbains des zones rurales.
En effet, de nombreuses autres grandes compagnies américaines sont dans les starting-blocks pour offrir les mêmes services presque dans les mêmes délais. Il faut citer, entre autres, Google, Facebook ou OneWeb qui, à elle-seule, prévoit de lancer 900 satellites pour créer un réseau Internet à haut débit accessible dans le monde entier. A ce moment-là, les prix pratiqués sur les différents marchés vont être outrageusement cassés et même le dernier des crève-faim pourrait s’offrir du haut débit. Imaginez un peu le potentiel que nos Etats pourraient tirer de cette formidable offre de service pour booster leur développement socio-économique.
Il ne nous reste plus qu’à prier pour que les feux qui dévorent la Californie depuis plusieurs longues semaines n’aient aucune incidence négative sur les projets d’Elon Musk, ni sur ceux de ses concurrents pour le bonheur du progrès de l’Humanité. Alors, à vos marques pour l’Internet haut débit, comme s’il en pleuvait.