Cette déclaration du président de la République a été très mal accueillie dans les milieux de la justice qui dénoncent la violation de notre Constitution qui garantit la séparation des pouvoirs. Comme à ses habitudes, le procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Daniel Tessougué, n’a pas manqué de fustiger cette attitude du président.
L’annonce de la libération sans délai des bérets rouges du président de la République par intérim, Dioncounda Traoré lors de la cérémonie de réconciliation entre bérets rouges et bérets verts mercredi dernier à Koulouba, n’a pas manqué de susciter la colère des magistrats dont la plupart critiquent très ouvertement cette intrusion de l’exécutif dans le judiciaire.
Selon le procureur général près la Cour d’Appel de Bamako, Daniel Tessougué, « ces propos du président constituent un véritable abus de langage. Nul ne peut ignorer le principe de la séparation des pouvoirs consacré dans la Constitution du 25 février 1992. Il faut que les autorités politiques apprennent à sécuriser la justice pour le salut de tous ».
En effet, l’article 81 de la Constitution du 25 février 1992 stipule que le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir exécutif et législatif. A ce titre, l’un ne doit pas s’immiscer dans l’autre au risque de violer la loi.
En déclarant la libération de tous les détenus, le président de la République outrepasse ses compétences et met ipso facto le pouvoir judiciaire sous la botte de l’exécutif. Ce qui sous-entend que les victimes n’ont plus d’espoir dans ce pays.