Le rassemblement pacifique co-organisé par le Front de la sauvegarde de la démocratie (FSD) et la Coalition des forces patriotiques (CoFoP) le vendredi 16 novembre a été violemment réprimé par les forces de sécurité à coup de gaz lacrymogènes devant la Bourse du Travail. Une atteinte à la démocratie et aux droits humains, dénoncent les acteurs politiques et des institutions de droits de l’Homme.
Le rassemblement pacifique organisé par les deux coalitions de l’opposition notamment le Front de sauvegarde de la démocratie et la Coalition des forces patriotiques n’a pas été une partie de plaisir. Aussitôt arrivés à l’esplanade de la Bourse du travail, les agents ont usé de la force pour disperser le rassemblement. Pour les organisateurs, l’intention était claire : tuer ou blesser pour l’exemple, faire peur et dissuader l’opposition à organiser d’autres manifestations. “Avec une rage inexplicable, plusieurs dizaines d’agents se sont acharnés, entre autres, sur Amadou Araba Doumbia, député à l’Assemblée nationale et membre du Bureau politique du parti Sadi. L’honorable Doumbia sortait d’une rencontre avec le Premier ministre. Son macaron d’élu national était accroché sur son boubou blanc. Il a été violemment frappé à coup de bâtons et de matraques. Il a été admis à la polyclinique pasteur souffrant de multiples contusions et de bosses à la tête et sur le côté gauche. Sa lèvre inférieure est perforée. D’autres participants au rassemblement ont été blessés. Quelques-uns ont été interpellés et au moins deux militants sont détenus au commissariat du premier arrondissement de Bamako”, indique un communiqué signé par les deux organisations.
“Dans son obsession à étouffer par la violence toute contestation même pacifique, le régime n’a pas hésité à ordonner à sa police de gazer des personnalités de dimension nationale et internationale comme Aly Nouhoum Diallo, Soumaïla Cissé, Mme Sy Kadiatou Sow, Djibril Tangara, Mohamed Ali Bathily, Choguel Kokalla Maïga, Housseinou Amion Guindo, Maîtres Mountaga Tall et Hassane Barry, Djiguiba Keïta, Oumar Mariko ou Coulibaly Kadiatou Samaké”, poursuit le communiqué.
Les responsables des deux coalitions condamnent avec la dernière énergie la répression barbare planifiée par les plus hauts responsables du régime : “Cette agression barbare ne restera pas sans conséquences. D’ores et déjà, les responsables des organisations signataires tiennent Ibrahim Boubacar Keïta, Soumeylou Boubèye Maïga et le général Salif Traoré pour responsables de cette violence que rien ne justifie. En s’en prenant au droit de manifestation pacifique garanti par la constitution, le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta veut intimider et terroriser l’opposition, les forces vives et l’ensemble du peuple malien. Ce faisant, il espère faire passer par la terreur ses réformes dont la finalité est la déstabilisation du Mali. Les signataires lancent un vibrant appel à toutes les forces démocratiques de l’intérieur et de l’extérieur afin qu’elles se mobilisent pour mettre en échec le fascisme rampant et les plans machiavéliques du régime…”.
ADEPM s’indigne
Le FSD, la CoFoP, et l’Adema Association ne sont pas seuls à réagir ainsi. Le parti ADEPM condamne avec la dernière énergie la répression policière du meeting unitaire. Dans un communiqué signé par son président Aboubacar Sidiki Fomba, la formation politique souligne que “la divergence de vue sur des questions nationales est une nécessité absolue pour la bonne marche de la démocratie et le meeting. Les débats et autres manifestations pacifiques en sont les exercices”.
La CNDH aussi
La Commission nationale de droit de l’Homme est aussi revenue sur les évènements. Elle a tenu à préciser que la liberté de manifester pacifiquement sans troubler l’ordre public est un exercice démocratique et constitue un droit fondamental des droits de l’Homme. La Commission appelle le gouvernement à l’observance de ce droit constitutionnel; condamne fermement tout recours excessif à la force. La CNDH invite les acteurs politiques à inscrire leurs actes dans la légalité, en usant plutôt des voies de recours prévues par la réglementation en vigueur. La CNDH exhorte l’ensemble des forces vives à créer et à maintenir un climat politique apaisé dans l’intérêt supérieur de la nation malienne en engageant un dialogue politique constructif.
Pour la CNDH, la prévention des troubles, porteurs de violations des droits humains, est une responsabilité partagée.