À Paris, Place de la République, ce vendredi 9 novembre2018, nous étions sous une pluie froide hivernale, les drapeaux de plusieurs Nations flottaient au vent. Ce mélange de couleurs évoquait le soleil de l’Afrique et dégageait en même temps de l’énergie pour ces centaines d’Africains de plusieurs nationalités. Enthousiasmés, ils jouaient leur musique et dansaient au rythme vivifiant dans une ambiance de fraternité. On pouvait voir les drapeaux du Mali, de la Côte-d’Ivoire, du Cameroun, du Tchad et du Congo parmi tant d’autres. L’objectif de cette rencontre était de lancer un message à Macron pour son ingérence dans la politique africaine et de dénoncer la mal gérance et les actes dictatoriaux qui persistent dans leurs pays respectifs par leurs Dirigeants. Parmi ces centaines de manifestants, notre attention s’est portée sur une Dame d’actions qui n’a pas pu échapper à l’œil vigilant de votre quotidien LE COMBAT. En allant à sa rencontre, voilà ce qu’elle nous apporte.
Trois questions pour cette Dame de choc.
LE COMBAT : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Marka Fama. Je suis originaire de Diéma, dans la première Région du Mali, Kayes, et je vis en France depuis 30 ans. Déléguée syndicale nationale d’une société de 8000 salariés, je suis une dame de terrain, et mère de quatre enfants qui travaillent tous en France.
Pourquoi ce combat ?
Moi, mon combat a toujours été le Mali. J’ai aussi fait le combat de « An té à bana » pour freiner le projet de la Révision constitutionnelle.
Cette année, j’ai fait campagne à Mohamed Bathily. Malheureusement, il a été éliminé au premier tour. Alors, dès cet instant, je me suis engagée à donner une chance à n’importe quel autre candidat sauf IBK. C’est dans cette logique que je me suis ralliée aux gens de Soumaïla Cissé.
Après les élections, nous avons mis sur pied ce mouvement que nous appelons «ÉQUIPE DE CHOC» afin d’obliger nos Dirigeants maliens à s’assumer et respecter le Peuple malien. Je suis la plus âgée du groupe. Quand on veut réagir sur un fait, on s’envoie des messages, puis on se retrouve dans un lieu où l’on décide de la stratégie à adopter. Nos réunions sont toujours discrètes.
Votre objectif ?
Notre objectif, c’est de choquer nos Dirigeants pour qu’ils comprennent enfin que leur devoir c’est d’améliorer la vie de nos frères et sœurs qui sont au pays. Nous voulons pour eux la santé et une vie décente.
Quand IBK est arrivé à Paris, on est parti lui montrer notre mécontentement. Ainsi, nous avons mené des actions devant son Hôtel. Avant cela, j’étais parmi les personnes qui ont siégé à l’Ambassade du Mali en septembre dernier et j’ai même passé la nuit là-bas.
Après avoir posé cet acte à l’Ambassade, le porte-parole du Gouvernement est sorti pour nous traiter de non-Maliens et de mal éduqués. Nos Dirigeants nous ont trop manqué de respect.
De ce fait, nous avons attendu le moment propice pour faire irruption dans une salle de réunions où se trouvaient les membres du RPM à la Mairie de Montreuil pour leur porter un message (message que nous vous livrons dans un encadré).
Ensuite, nous avons tous fait sortir nos documents d’identité pour montrer notre appartenance au Mali.
Une chose est sûre, toute personne du Gouvernement malien qui arrive à Paris est déjà signalée à notre niveau. Nous allons les traquer partout. Tant que les Maliens n’ont pas la quiétude, eux aussi ne l’auront pas ici en France. Et nous savons tous qu’ils ne peuvent pas se passer de la France, vu qu’ils se soignent ici et qu’ils veulent, à chaque fois que l’occasion se présente, venir passer du bon temps.
En ce qui concerne le contrôle de nos documents par les Policiers français, c’est tout à fait normal. Ils prennent nos identités, nos numéros de téléphone, au cas où il y aura, par exemple, des casses, des dégâts, que l’État français puisse établir les responsabilités. Ce que les gens ne savent pas, même sans papiers, la Police n’a pas le droit d’arrêter un manifestant.
Propos recueillis par NNC, Envoyée Spéciale à Paris
ENCADRE
L’équipe de chocs en action
Le 27 octobre 2018, dans la Mairie de Montreuil, une banlieue de Paris, au Sud du Département de la Seine-Saint-Denis, se déroulait une réunion. Parmi les participants se trouvait une Délégation du Ministère de l’Agriculture. Elle était venue participer à cette rencontre en vue de l’organisation du Salon de l’Agriculture. Soudain, un groupe d’individus de près de 10 personnes font irruption dans la salle en stoppant net la réunion. Ils ont expliqué la raison de leur intrusion et ont demandé quelques secondes pour diffuser leur avis. Le porteur de message était le porte-parole de «L’ÉQUIPE DE CHOCS», répondant au nom de Karim. Après un court exposé, ils quittèrent les lieux en s’excusant devant l’Assemblée.
Le message est le suivant : «Nous sommes ici pour vous montrer nos pièces d’identité maliennes et vous dire que Koïta a menti. Il nous a traités de mal éduqués et de ne pas être des Maliens. En plus, ce qui nous a outrés, c’est qu’il porte la parole du Gouvernement malien et aucun membre de ce Gouvernement n’a réagi à ces propos. Ce qui nous fait croire qu’ils cautionnent cela. Nous venons juste lancer un appel et un avertissement, voire un ultimatum. Nous exhortons le Gouvernement à dire à son porte-parole de venir s’excuser. Si jamais il ne le fait pas, nous pouvons le prendre comme des menaces et nous réagirons par conséquent.
Parmi nous, il y a ceux qui sont arrivés en France par le canal des études et ceux qui sont venus par la mer. Et Dieu seul sait ce que les seconds ont bravé pour être là. Cela parce que nos Gouvernants n’ont pas su faire convenablement leur devoir de Responsables sinon un enfant de 14 ans n’allait pas risquer sa vie en prenant le chemin de la mort. Traiter ces gens-là de mal polis, d’apartheid, cela relève de l’irresponsabilité. Aujourd’hui, il se passe beaucoup de choses en France. Si nous sommes dispersés dans plusieurs mouvements de ce genre, c’est que les personnes élues pour sauvegarder la République sont des gens mal élus. C’est la raison qui fait que nous nous sommes levés pour prendre notre destin en main… ». Ils ont terminé leur message par l’hymne national du Mali pour prouver l’exactitude de leur provenance; c’est-à-dire qu’ils sont des vrais Maliens.
À la sortie, un des acteurs donne son avis: «Nous avons manifesté notre mécontentement ; car, nous trouvons qu’ils dilapident l’argent des contribuables maliens en venant parader à Paris avec leurs costumes. Notre message est très clair. Nous attendons des excuses. La prochaine fois, ça serait plus intense».