Engagé contre le projet de découpage administratif initié par le gouvernement Soumeilou Boubeye Maiga, le Front de sauvegarde de la démocratie (FSD) et la Coalition des forces patriotiques (COFOP), en meeting, le vendredi 16 novembre 2018, ont été vigoureusement réprimés par les forces de sécurité. C’est à la suite d’un bras-de-fer autour de l’opportunité de la manifestation. Contestant dans une correspondance les raisons avancées par les autorités pour interdire le meeting, l’opposition soutient que «pour manifester au Mali, on n’a pas besoin d’autorisation, mais juste informer les autorités. Et de préciser que «l’objectif de ce rassemblement était de dénoncer, entre autres, le projet de réorganisation territoriale et la prorogation du mandat des députés ». L’instabilité et l’insécurité à Bamako évoqué par le gouverneur, explique-t-on, sont des motifs d’autant moins convaincants et déplorables qu’au même moment le gouvernement organise des rassemblements dans le pays autour du découpage territorial et la communauté musulmane se prépare à fêter le Maouloud.
Ainsi, en dépit des menaces de répression, le meeting non autorisé a été maintenu par les organisateurs. Conséquence : les dirigeants et militants de l’opposition ont été dispersés à coups de gaz lacrymogène et un bilan désastreux de nombreux blessés dont les deux députés du parti SADI, Oumar Mariko et Amadou Araba Doumbia, ainsi que des arrestations parmi les militants.
Dans la soirée, les opposants ont rendu public un communiqué pour condamner la répression en la qualifiant de barbarie préméditée au plus haut niveau de l’Etat. «En s’en prenant au droit de manifestation pacifique garanti par la constitution, le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta veut intimider et terroriser l’opposition, les forces vives et l’ensemble du peuple malien. Ce faisant, il espère faire passer par la terreur ses réformes dont la finalité est la déstabilisation du Mali», ont-ils mentionné, en lançant au passage un appel à la mobilisation de toutes les forces démocratiques de l’intérieur et de l’extérieur pour faire échec au «fascisme rampant et les plans machiavéliques du régime».
Selon ledit communiqué, les forces de l’ordre sans sommation et sans chercher à parlementer, contrairement à toutes les règles du maintien d’ordre, ont délibérément jeté des grenades lacrymogènes sur les dirigeants de l’opposition à peine arrivés sur l’Esplanade de la
Bourse du Travail. Et d’ajouter que l’intention était claire : «tuer ou blesser pour l’exemple, faire peur et dissuader l’opposition à organiser d’autres manifestations». Les opposants dénoncent par ailleurs une volonté obsessionnelle du régime d’user de la violence pour étouffer même la contestation pacifique, et déplore le manque d’égard pour ce faire à des personnalités de dimension nationale et internationale comme Ali Nouhoum Diallo, Soumaïla Cissé, Mme Sy Kadiatou Sow, Djibril Tangara, Mohamed Ali Bathily, Choguel Kokalla Maïga, Housseinou Amion Guindo, Maîtres Mountaga Tall et Hassane Barry, Djiguiba Keïta, Oumar Mariko ou Coulibaly KadiatouSamaké ».
Sur son compte-twitter, Tiébilé Dramé, l’ancien directeur de campagne de M. Cissé, a dénoncé une répression comparable à celle du 2 juin 2018 contre la même opposition malienne, tandis que Nouhoum Sarr, le président du parti Front africain pour le développement a relevé pour sa part une «violation de toutes les règles du maintien d’ordre et de la démocratie avec le jet des gaz lacrymogène sur des personnalités politiques manifestement ciblées. «Le député Amadou Araba Doumbia du parti Sadi, a été tabassé dans l’intention de tuer, a-t-il l’aisé entendre.
La commission nationale des droits de l’homme au Mali a également dans un communiqué rappelé que la liberté de manifester sans troubler l’ordre public participe de l’exercice démocratique et constitue un droit fondamental des droits de l’homme. Et d’appeler le gouvernement à l’observance de ce droit constitutionnel. Tout en invitant les acteurs au respect de la légalité et à user plutôt des voies de recours prévues par la règlementation en vigueur, la commission a condamné fermement tout recours excessif à la force. Elle a enfin exhorté l’ensemble des forces vives à créer et maintenir un climat politique apaisé dans l’intérêt supérieur de la nation en engageant un dialogue politique constructif.