Ce n’est certainement pas demain la veille de l’épilogue tant attendu de la crise trésorière que le pays connaît depuis le début de l’année 2018 et que le ministre Boubou Cissé a reconnu tout en rejetant toute faillite de l’Etat. Le phénomène a encore de beaux jours devant lui, à en juger du moins par cet autre aveu fait par le même ministre des Finances. Il nous revient en effet que face aux députés de la commission des Finances, le ministre n’a daigné méconnaître que plus 30% des recettes fiscales de 2019 ont été déjà consommés en 2018. Une dimension inédite des tensions trésorières dans l’histoire du pays, qui consiste à anticiper sur les recettes douanières et fiscales, ses principales ressources budgétaires. C’est dire qu’à défaut d’imaginer un élargissement de l’assiette – avec le risque d’étrangler les entreprises – il est fort probable qu’on revive un remake de la misère financière de l’année écoulée, faite de sevrages budgétaires sur fond de coupes sombres, de retards mortels dans le paiement des prestataires et d’incertitudes économiques en tous genres, etc. Sanogo se contenterait-il d’une geôle dorée
On n’en parle presque plus depuis qu’une certaine manifestation d’épouses de militaires en détention – dans le cadre de l’affaire des Bérets rouges – a été habilement étouffée dans l’œuf. Même le plus illustre des détenus, le Capitaine-Général Amadou Haya Sanogo, semble s’accommoder de l’oubli, donnant ainsi raison à ceux qui le soupçonnent de savourer discrètement une prison dorée. Intrigante, en tout cas, la posture silencieuse avec laquelle le putschiste en chef de 2012 et ses avocats accueillent la lenteur d’une procédure aux oubliettes depuis la suspension des audiences pour renouvellement de l’autopsie des 27 morts dont la responsabilité est imputée aux ténors du Cnrdre. Une diversion sans doute destinées à se donner le temps d’activer la rue sur le pouvoir fragilisé et en mal de popularité. Le tour n’étant pas joué, le Capitaine «bombardé Général» semble avoir plus d’intérêt à garder le profil bas – et peut-être même à transiger avec un pouvoir requinqué par le renouvellement de son mandat – qu’à s’exposer au risque d’universalisation de ses chefs d’accusation. L’épée de Damoclès de la CPI a réduit Sanogo au silence, est-on tenté de dire.