Bamako- Un groupe armé de chasseurs dogons accusé d’exactions envers les Peuls dans le centre du Mali a annoncé mercredi se désengager du cessez-le-feu observé depuis plus d’un mois, pour défendre les civils de sa communauté.
Cette annonce intervient alors que plusieurs membres de ce groupe, baptisé Dan Nan Ambassagou, ont été tués lors d’un accrochage avec l’armée malienne le 18 novembre dans le village de Koromatintin (centre).
Depuis l’apparition il y a trois ans dans cette région du groupe jihadiste
du prédicateur Amadou Koufa, les violences intercommunautaires se multiplient
entre les Peuls, traditionnellement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon,
pratiquant majoritairement l’agriculture. Ces violences ont fait plus de 500
morts civils depuis le début de l’année, selon l’ONU.
"Nous avons rompu la trêve il y a quelques jours. C’est terminé pour le
cessez-le-feu. Des terroristes peuls massacrent nos parents dogons sans armes.
C’est terminé, nous reprenons la protection des populations", a déclaré à
l’AFP lors d’une brève conversation téléphonique Moussa Togoun, un proche du
chef militaire du groupe, Youssouf Toloba.
Youssouf Toloba avait signé le 27 septembre un document baptisé "engagement
en faveur d’un cessez-le-feu unilatéral", qu’il avait promis de respecter à
condition "que l’Etat malien assure la sécurité de tous les citoyens", lors
d’une rencontre le 2 octobre entre Peuls et Dogons présidée par le Premier
ministre, Soumeylou Boubeye Maïga.
Mais un responsable de l’aile politique de Dan Nan Ambassagou, David
Tembiné, a désavoué cette dénonciation du cessez-le-feu par la branche
militaire.
"Nous condamnons cette rupture du cessez-le-feu. Si nos combattants
constatent des violences opérées par des terroristes peuls ou autres sur le
terrain, ils doivent le signaler à l’armée", a déclaré à l’AFP M. Tembiné.
Le groupe a mené ces dernières semaines "des opérations de sécurisation"
des populations dogons dans plusieurs localités, a indiqué à l’AFP Moussa
Togoun, sans autre précision.
Plusieurs personnes sont portées disparues ou ont péri lors de ces
"opérations de sécurisation", selon des sources locales, dont un responsable
du gouvernorat de Mopti.
Par ailleurs, des attaques attribuées à ces chasseurs dogons ont visé
mercredi le village à majorité peule de Djabel, selon une source municipale à
Mopti.
Le chef de ce village a été assassiné mardi par des jihadistes présumés à
la foire de la localité voisine de Bankass, avait indiqué un élu local. Ce
village avait subi le 18 novembre une attaque d’hommes armés qui avait fait
plusieurs blessés.
Les Peuls dénoncent des exactions de la part de groupes de chasseurs,
tolérées voire encouragées selon eux au nom de la lutte contre les jihadistes,
par les autorités ou l’armée, ce que dément le gouvernement.
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