BAMAKO - Quelque 6.000 soldats africains présents au Mali vont intégrer à partir de lundi la nouvelle force de paix de l’ONU qui aura la difficile mission d’assurer la sécurité et la stabilité de ce pays qui a traversé en 2012 la plus grave crise de son histoire.
L’entrée en scène de la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), qui va absorber les 6.300 soldats de la Mission africaine de stabilisation du Mali (Misma), suit le feu vert donné lundi par le Conseil de sécurité à son déploiement à la date prévue du 1er juillet.
Commandée par le général rwandais Jean-Bosco Kazura, la Minusma sera composée d’ici fin décembre de quelque 12.600 hommes (militaires et policiers) et devra assurer la sécurité du Mali, en particulier de sa vaste partie nord, soit les deux-tiers du pays.
A la faveur d’un coup d’Etat militaire à Bamako le 22 mars 2012, cette région et ses principales villes, Gao, Tombouctou et Kidal, ont été occupées les mois suivants par des groupes jihadistes et criminels liés à Al-Qaïda qui y ont commis de nombreuses exactions.
Ils en ont en grande partie été chassés par l’intervention de l’armée française qui a débuté le 11 janvier et se poursuit aujourd’hui en appui au forces ouest-africaines et tchadiennes de la Misma.
Toutefois, des éléments jihadistes résiduels y sont encore présents et y
ont encore récemment commis des attentats suicides.
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, notait lui-même début juin que s’ils avaient perdu "l’avantage tactique" et une grande partie de leur "sanctuaire" dans le nord du Mali, les groupes jihadistes y avaient toujours "la capacité de faire peser une menace importante", ainsi que "des réseaux de soutien et des structures de recrutement".
La Minusma pourra encore compter pendant un temps sur les 3.200 soldats
français toujours présents au Mali - au plus fort de l’intervention française
ils étaient 4.500 - qui, selon Paris, vont progressivement diminuer pour
n’être plus qu’un millier à la fin de l’année.
Délai de grâce
Les troupes qui compléteront les forces africaines de la mission de l’ONU
devraient venir d’autres continents que l’Afrique et il n’est pas garanti que
l’ensemble des soldats africains qui la composeront dès lundi restent tous sur
place.
Les armées africaines disposeront en effet d’un "délai de grâce" de quatre
mois pour se mettre aux normes requises par l’ONU en termes d’équipements,
d’armements, de formation et de discipline, selon des diplomates onusiens.
"Nous, Africains, devons prendre le relais et pour prendre le relais, il
nous faut être à jour, il nous faut entraîner davantage nos forces de défense
et de sécurité, il nous faut les équiper davantage", a reconnu vendredi le
président sénégalais Macky Sall, dont le pays a 800 soldats au Mali, dans un
entretien accordé à quelques journalistes à Dakar.
Avec l’armée malienne humiliée en 2012 par les groupes armés et aujourd’hui
en pleine recomposition, un des premiers défis de la Minusma va être d’assurer
la sécurité lors du premier tour de la présidentielle qui doit avoir lieu le
28 juillet.
Trente six personnes dont quatre anciens Premier ministres se sont portés
candidats pour ce scrutin, a indiqué samedi à l’AFP un membre de la Cour
constitutionnelle qui doit valider les dossiers.
Le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) du
Mali a déclaré jeudi qu’il serait "extrêmement difficile d’organiser" cette
élection à la date prévue tant les "défis à relever" sont encore nombreux.
Il a cité le peu de temps restant pour distribuer des cartes à près de 7
millions d’électeurs et la situation à Kidal, ville du nord-est du pays
occupée par la rébellion touareg où l’armée malienne ne s’est toujours pas
déployée en dépit d’un accord signé le 18 juin à Ouagadougou.
Mais dans un communiqué publié samedi à Ouagadougou, les rebelles touareg
du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et le Haut Conseil pour
l’unité de l’Azawad (HCUA), ont affirmé que "rien ne justifie un report de
l’élection présidentielle prévue le 28 juillet 2013 sous un quelconque
prétexte lié à la région de Kidal".
Vendredi, la France, qui a exercé une forte pression sur le pouvoir de
transition en place à Bamako depuis le putsch de mars 2012 pour que le scrutin
présidentiel ait lieu en juillet, avait affirmé qu’il se tiendrait "dans les
délais prévus".
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