Terrorisme, conflits inter communautaire et les actions de lutte contre le terrorisme ont fini par faire du Centre du pays une poudrière en un laps de temps. Zone désormais plus meurtrière que le Nord du pays.
Il ne se passe plus un jour sans que le Centre du pays ne fasse parler de lui. En mal. Les meurtres entre différentes ethnies et l’emprise du terrorisme sur la zone en sont la cause. Ces deux phénomènes font des morts par dizaines. Plusieurs villages brûlés. Des Habitants tués comme des bêtes sauvages. Et même sur les places publiques de marché en pleine foire. Un Nomans land. Et les militaires qui viennent au secours des populations locales ne sont pas non plus épargnés. Les mines, les embuscades sont leur quotidien. Ils sont nombreux à être envoyés six pieds sous terre par ces actes de terrorisme. Les plus chanceux sont marqués à vie par des blessures. Arbitre malgré eux, entre les communautés en confits, ils sont aussi la cible de ces communautés. Traqués de toutes parts, la riposte des militaires peut souvent dépasser les limites.
Ainsi, ils sont très souvent pointés du doigt pour des violations massives des droits de l’Homme. La dernière en date est l’image d’un village calciné qui a fait le tour du net. «Certaines opérations des FAMA ont été de véritables expéditions punitives, répondant au même mode opératoire : arrestations sur la base de liste de noms, exécutions sommaires, enfouissement des corps dans des fosses communes », peut-on lire dans le Rapport. Le dernier Rapport de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et l’Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH) estime que 40% des attaques djihadistes menées dans le pays ces deux dernières années l’ont été au Centre. Des attaques qui, selon elles, ont fait « 1200 civils morts, une cinquantaine de villages brûlés, au moins 30.000 personnes ont fui la Région». Des chiffres qui font froid dans le dos.
Que faire ?
Pour mettre fin à cette escalade de violences, les opérations militaires sont préconisées par les plus hautes autorités. Une piste qui, selon les Défenseurs des Droits de l’Homme, ne serait pas la bonne option. «L’escalade des violences au Centre du Mali est en passe de devenir incontrôlable et ne se résoudra pas à coup d’opérations militaires spectaculaires. Sans retour d’un État fort et juste, qui entreprendra de rétablir le lien entre toutes les communautés, la terreur djihadiste et les affrontements entre communautés continueront de prospérer». Selon Me Moctar Mariko, Président de l’AMDH, « l’expansion continue des groupes armés djihadistes au Mali et dans toute la Sous-région marque l’échec du tout ordre sécuritaire,… », constate Florent Geel, directeur Afrique de la FIDH.
L’une des couches les plus affectées par cette crise au Centre du pays est celle des enfants. L’UNICEF a recensé 750 écoles fermées dans le Nord et le Centre du pays. La résolution de cette crise résiderait, donc, dans le retour de l’Administration dans toutes ces Régions. Chose pas du tout facile, quand on sait que les enseignants refusent de retourner à Kidal même après les menaces du Gouverneur et que le pays s’apprête à faire face à une autre crise qui pourrait naître du découpage administratif proposé par le Gouvernement et qui divise les communautés notamment du Nord et du Centre.