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Chemin de fer : Les Retraités de 2017 en colère chez le DFM après 11 mois sans indemnités de départ
Publié le vendredi 23 novembre 2018  |  Le Combat
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© aBamako.com par Androuicha
Départ du train voyageur Dakar Bamako marquant la reprise du trafic ferroviaire au Mali
Bamako, le 12 février 2018. Avec le ministre des Transports et du Désenclavement à bord, le train voyageur Dakar Bamako s`est ébranlé de la gare ferroviaire pour Kayes marquant ainsi la reprise officielle du trafic ferroviaire au Mali.
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La triste réalité des conditions de vie déplorable depuis un an, après une quarantaine d’années de service à la nation, est devenue insupportable pour une trentaine de Retraités du chemin de fer. Selon les victimes, cette situation est due aux comportements monarchiques et irresponsables du DFM du Ministère des Transports et du Désenclavement qui, même après l’accord du paiement des indemnités ordonné par le Ministre, refuse de mettre les ayants droit en possession de leur dû.

Le mercredi dernier, vers 9 H 30 minutes, à l’arrivée de notre équipe de reportage, les cheminots retraités de décembre 2017 et les Responsables du syndicat unique du chemin des fers ont commencé à envahir l’enceinte du siège de leur syndicat, sis à Médina Coura. En face de la cour, on pouvait voir une vaste campagne d’herbes et de tas d’ordures envahissant tous les longs des lignes de rails, des bâtiments désertés et quelques cheminots désemparés qui erraient dans les environnants, juste pour passer un moment. Mais un moment douloureux, à chaque fois qu’ils jettent un coup d’œil sur les rails rouillés et abimés. Ces rails qui, jadis ouvraient la porte à des milliers de Maliens soit 23.000 Riverains pour y vivre pleinement. Aujourd’hui, ces personnes ne vibrent plus au rythme économique depuis que les trains voyageurs Bamako-Kayes-Dakar ont arrêté de siffler plus pour des raisons connues de tous. Sous l’ombrage d’un vieux manguier, vers le côté sud de la cour, un vent léger effleurait les visages serrés des cheminots, ces grands oubliés de la place, qui étaient assis autour d’une table, à l’attente de leur Secrétaire Général. Les premiers arrivants échangeaient sur les difficultés qui secouent au niveau de la structure. De l’époque coloniale à celle de l’indépendance nationale en passant par tous les autres régimes voire sa privatisation par la société Transrail en 2005, jamais, selon eux, les cheminots n’avaient fait l’objet d’une telle indifférence, d’une telle humiliation. «Les travailleurs à 8 mois sans salaires, les Retraités 2017 à 11 mois sans leurs indemnités de départ». Et, pourtant, c’est l’un des premiers secteurs vitaux de l’économie nationale depuis le départ du colon. Les débats des cheminots parfois entrecoupés par un silence lourd qui rappelle les animations économiques et sociales autour des 495 kilomètres de rails séparant Bamako et Kayes en passant par Kati, et autres …

À l’arrivée du Secrétaire Général des Retraités en la personne d’Abdoulaye Berthé, tous se sont dirigés vers la grande salle de réunions dans l’espoir d’entendre une bonne nouvelle sur l’état d’avancement de leurs revendications après 11 mois d’attente. À l’entame de ses propos qui dégageaient déjà des sentiments d’indignation, le Secrétaire Général a souligné que le dossier reste toujours bloqué au niveau du Département des Finances et Matériels. «Nous ne sommes pas des Fonctionnaires de l’État. C’est un droit pour nous. Depuis la résiliation de la convention du 15 décembre 2015, l’État malien et l’État sénégalais ont pris en charge ce paiement. Ceux qui sont partis en 2015 ont reçu leurs indemnités. Ceux qui sont partis en 2016 ont également reçu leurs indemnités. Et voilà que nous, nous sommes devenus des orphelins, les enfants abandonnés de l’État malien. Cela fait au moins 11 mois sans salaires ni indemnités de départ. Au regard de la situation, on était obligé d’aller vers les renseignements et voir, ce qui se passe. Tout compte fait, on a compris que l’État malien doit être remercié d’avoir autorisé ce paiement à travers le Ministère des Finances. Cela s’est passé à la suite de la présentation d’un état de paiement par la Direction Générale. Quand le Gouvernement a accepté, en ce moment, ils ont donné crédit à notre Département de finances pour payer. Et voilà à quel point nous sommes en train de subir toutes sortes de problèmes depuis un an. On est en train d’éviter d’aller en enfer. Souvent, on nous demande les fiches de recrutement comme si nous avons magouillé pour avoir ces primes. Aujourd’hui, on a honte. On a honte parce que le comportement du DFM, que j’appelle un comportement négatif, isolé de l’État, mérite d’être étudié et revu même au niveau de l’État pour éviter un tel comportement d’un Gouvernement responsable », s’en est emporté un cheminot devant une assemblée toute silencieuse et déçue, avant d’ajouter que cette contradiction entre les éléments de l’État est incompréhensible. Selon lui, le fait que le DFM refuse sous des prétextes infondés de payer les droits même après instruction du Ministre, relève de la monarchie et de la mauvaise volonté. « Est-il là pour faire un audit quand l’État signe déjà un état de paiement ? Nous, on n’empêche pas les contrôles, on n’empêche pas qu’on sache que tel et tel autre agent fait partie. Mais, aller jusqu’à demander les avancements après une quarantaine d’années de service. Il n’a pas compris que le chemin de fer est un métier professionnel avec ses règles de gestion qui n’ont rien à avoir avec la fonction publique. La Direction Générale du chemin de fer a une autonomie pour la gestion de son personnel vis-à-vis de l’État. Ces comportements négatifs ne doivent pas être là maintenant vu la situation difficile dont nous traversons. Pour nous, quand un Etat ordonne déjà, l’élément d’exécution qu’est le DFM doit savoir comment exécuter et répondre aux aspirations de l’État. C’est un acte isolé qui ne fait que dénigrer la position du Gouvernement du Mali par rapport à la gestion de cette indemnité. Comprenez bien que cette gestion est une régularisation et non un traitement de dossiers de salaires. Est-ce que, dans le cadre d’une régularisation, où l’État a déjà pris toutes les dispositions pour payer en donnant l’autorisation, en donnant le crédit à notre DFM, doit-on faire près d’un an de vérification ? », s’est-il questionné avant de rajouter «qu’aller jusqu’à dire certain propos à un travailleur qui est déjà parti à la retraite en sous-entend que tout le système est faux. Mais quand on me demande après 35 ans de service, comment as-tu été recruté ? À des retraités, un an sans être payés. On dirait que ces jeunes n’iront jamais à la retraite. Qu’il paie aujourd’hui ou qu’il ne paie pas, nous allons continuer de revendiquer nos droits. On est en train de nous trainer comme si on doit mendier nos droits. On est dans un Gouvernement où les éléments ne répondent pas aux aspirations et la prise en charge des travailleurs du Mali. Partout, des mécontentements sont créés par des éléments de l’État mis par l’État. On est venu informer la section nationale que nos droits ont été confisqués par la volonté isolée du DFM du transport. Et si c’étaient des dossiers des fournisseurs, il allait les payer depuis les premières heures, mais, malheureusement, nous ne sommes pas des fournisseurs».

Les indices qui se dégageaient dans les interventions du Secrétaire Général prouvaient à suffisance à quel point ces Chefs de famille dans cette difficulté financière depuis près d’un an se sentaient oubliés, marginalisés par la mainmise anarchique du DFM sur leurs indemnités : « Moi, je me demande s’il n’a pas été recruté par népotisme et par favoritisme. Nous, nous sommes venus par voie de concours et le chemin de fer est un corps professionnel. Nous, nous valons mieux que ce DFM. Ils pensent que nous sommes des derniers maliens ? Le Mali dans son ensemble a de sérieux problèmes de comportements individuels, de manque de capacités des intellectuels à cerner l’atmosphère géographique de leur niveau, de leurs connaissances pour se mettre à la tâche de l’État. Mais, au nom des retraités, nous allons nous battre. On a assez attendu », rassura-t-il.

Les retraités en colère chez le DFM

C’est dans cette perspective peu reluisante à l’égard des acteurs d’un des premiers secteurs qui ont contribué à l’essor du développement national que les différentes parties qui composaient la rencontre ont jugé nécessaire de se rendre au siège dudit DFM sis juste à une centaine de mètres du lieu .

Et d’un coup les voilà sur le chemin.

C’est après une quinzaine de minutes dans la salle d’attente du DFM qui, selon son Secrétaire Général, était en réunion, apparut quelques dossiers en main, lunette aux yeux, visiblement étonné d’une telle présence massive.

Après les explications sur les motifs du déplacement par le Secrétaire Général , les raisons qui ont été évoquées par le Chef des lieux n’ont pas été convaincantes. «L’argent est disponible, mais il ne sera pas question de paiement si toutes les analyses documentaires ne sont pas finies ». Des prétextes «non-fondés et facteurs de chantages qui ne doivent faire d’actualité après 11 mois d’analyse», rétorquèrent en chœur les visiteurs. Face aux propos francs des retraités, notre cher DFM a préféré disparaitre dans un Bureau d’à côté plutôt que de justifier la raison qui bloque le dossier des visiteurs en colères …

Seydou Konaté : LE COMBAT
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