Depuis avant-hier mercredi, les membres l’exécutif observent les traditionnelles vacances gouvernementales, au titre de l’année 2018. Si en juillet- août, période habituelle de repos annuel des ministres, le gouvernement n’a pu avoir de congés pour des motifs d’élection présidentielle, ces vacances annoncées par un communiqué de la primature, tombent cependant à un très mauvais moment, au regard des attentes et préoccupations de l’heure. L’équipe gouvernementale laisse apparaitre, à travers cette décision, l’image d’un capitaine qui abandonne son navire en pleine tempête !
Alors qu’une tension de trésorerie couve, malgré les démentis de l’exécutif ; le front social en ébullition des suites d’une élection, dont les conséquences impactent encore de plein fouet l’équilibre socio-politique du pays, le gouvernement annonce, en grande pompe, des vacances pour ses membres. Ces vacances, selon le communiqué de la Primature, se feront en deux vagues : la Première vague à partir de ce mercredi 21 novembre et la seconde vague, à compter du 3 décembre prochain. Cette décision mal inspirée est motivée par le fait que ‘’le Gouvernement n’avait pas observé de vacances pendant les mois de juillet et août de cette année en raison de l’organisation de l’élection présidentielle’’, poursuit le communiqué.
Pour deux raisons, le gouvernent SBM ne devrait pas s’offrir ce luxe. En effet, l’équipe SBM II, mise en place le 9 septembre 2018, n’est qu’à deux mois de boulot. Où est la nécessité de repos pour une telle équipe mise en place pour faire face à des urgences ? En tout cas, un congé ou des vacances pour un fonctionnaire ou un travailleur quelconque, c’est à la suite de l’accomplissement d’une tâche ardue ou d’une année bien remplie. Cette équipe, très attendue par les Maliens, a pour mission de rallumer la flamme de l’espoir dans les cœurs des Maliens sur la voie de la paix, du dialogue ; à consolider la sécurité sur l’ensemble du territoire ; à rassembler les Maliens autour de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale ; à cultiver l’amour du travail et la reconnaissance du mérite ; à promouvoir l’autonomie des femmes et des jeunes et enfin à organiser une lutte implacable contre la corruption. En ce mois de novembre, peut-on dire que cette mission a été accomplie ? Pas si sûr au regard des réalités de tous les jours. Alors, en annonçant ces vacances avec moins de trois mois d’exercice et face aux attentes des Maliens, le gouvernement ne présente pas une image dynamique au peuple qui végète, qui tire le diable par la queue, à cause de la conjoncture du moment, un contraste saisissant entre les durs labeurs du quotidien du bas peuple avec le farniente annoncé.
En deuxième lieu, le gouvernement devrait faire l’économie de ces vacances pour prouver sa prise de conscience réelle et sa solidarité avec un peuple qui souffre le martyre du chômage, du sous-emploi, de la guerre, de l’insécurité… Depuis la présidentielle, les fronts social et politique sont en ébullition. D’un côté, une opposition qui refuse de se soumettre au verdict des urnes et de l’autre, des syndicats qui se plaignent de leurs conditions de vie et de travail.
En optant pour la rupture, dans ces conditions, le gouvernement donne raison à ceux qui taxent ses membres d’incompétence, de mépris pour le peuple, d’insensibilité face aux tragédies du bas peuple… En tout cas, ces vacances annoncées sonnent dans l’oreille du commun des Maliens comme un motif de désespoir dans un pays où l’horizon peine à se dégager malgré la confiance renouvelée des Maliens à un Kankélétigi qui a promis un Mali meilleur pour tous ses fils.