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violation des droits de l’homme: la FIDH et l’AMDH accusent
Publié le vendredi 23 novembre 2018  |  Info Matin
Conférence
© aBamako.com par A S
Conférence de presse de la FIDH et de L`AMDH
Bamako,le 21 novembre 2018 La Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), en collaboration avec l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH), a briefé la presse sur sur le projet conjoint dénommé «Mobilisation de la société civile pour répondre à la crise des droits humains au Mali». a la maison de la presse
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Dans le cadre de la sortie officielle du rapport conjoint, intitulé «Centre Mali : les populations prises au piège du terrorisme et du contre-terrorisme», la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et l’Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH) ont organisé ce mercredi 21 novembre 2018 une conférence de presse à la Maison de la Presse.

Cette conférence de presse était animée par Me Moctar MARIKO, Président de l’AMDH et Avocat des victimes qui avait à ses côtés, Mme Sissako Néné TRAORE, membre de l’AMDH ; Me Drissa TRAORE, Coordinateur du projet conjoint FIDH-AMDH ; Me Aliou KEITA, membre du Bureau National de l’AMDH.

A travers ce rapport de près de 97 pages, la FIDH et l’AMDH alertent sur la situation dans le centre du Mali, caractérisé par l’enracinement des groupes armés terroristes, l’intensification des violences intercommunautaires et les exactions commises dans le cadre d’opérations anti-terroristes. La publication de ce rapport survient au moment où plusieurs chefs djihadistes viennent d’appeler à la poursuite et à l’extension du conflit, en attisant cyniquement les différences communautaires. C’est pourquoi, les organisations appellent les pouvoirs publmics à juger enfin les auteurs des crimes et exactions graves commis dans la région, y compris par des militaires.

Situation alarmante

Issu d’une enquête de terrain menée entre mai et juillet 2018, le rapport présenté aujourd’hui est basé sur plus de 120 interviews et témoignages de rescapés, témoins, anciens djihadistes et responsables locaux. Il recense une série de meurtres et de tueries, en les réinscrivant dans la dynamique régionale des violences.

Dans son exposé, Me Moctar MARIKO assure que le centre du Mali concentre désormais 40 % des attaques djihadistes menées dans le pays. De même, ces deux dernières années, a-t-il indiqué, 1 200 civils y ont été tués, une cinquantaine de villages brûlés, au moins 30 000 personnes ont fui la région.

Pour le président de l’AMDH, l’escalade des violences au Centre du Mali est en passe de devenir hors contrôle et ne se résoudra pas à coup d’opérations militaires spectaculaires. «Sans le retour d’un État fort et juste, qui entreprendra de rétablir le lien entre toutes les communautés, la terreur djihadiste et les affrontements entre communautés continueront de prospérer», est-il persuadé.

Qui sont les auteurs ?

Parmi les auteurs de ces cas de violation, Me MARIKO indique que les djihadistes sont les premiers responsables de la terreur et de l’instabilité.

Sous l’impulsion d’Amadou KOUFFA, un prédicateur local devenu un des chefs de la nébuleuse Al Qaida au Sahel, la Katiba du Macina a ciblé militaires, représentants de l’État, chefs traditionnels et religieux et toute personne opposée à sa vision rigoriste de la religion. Ainsi, plusieurs dizaines de villages du Centre du pays vivent désormais sous leur joug, caractérisé par l’imposition de règles de vie totalitaires, des exactions graves et répétées. Il s’agit notamment des enlèvements, des actes de torture, d’assassinats sans oublier les violences sexuelles. Comme conséquences de cette terreur, selon un rapport de l’UNICEF publié en mai 2018, plus de 750 écoles publiques sont fermées dans la région.

A côtes des actes terroristes, il y a aussi les victimes collatérales des différentes opérations de lutte anti-terroristes menées par l’armée malienne dans la région. Début 2018, les autorités maliennes ont lancé un « Plan de sécurisation intégré » des régions du Centre, prévoyant un renfort de 4 000 militaires et des moyens supplémentaires. Cela s’est traduit par le lancement de l’opération anti-terroriste « Dambé » en février 2018, au cours de laquelle près d’une centaine de personnes auraient été exécutées sommairement et de façon extra-judiciaire. Au cours des six opérations détaillées dans le rapport, des unités des FAMA ont notamment arrêté et exécuté 67 individus présentés comme des « terroristes » et ont fait disparaître leurs corps dans des fosses communes. La majorité des victimes sont des civils Peuls assimilés aux djihadistes.

Enfin, il y a aussi la multiplication des milices d’autodéfense, essentiellement constituées sur des bases communautaires et ethniques, et désormais équipées d’armes légères. Qu’elles soient Peules, Bambaras ou Dogons, elles ont contribué à l’infernal cycle d’attaques et de représailles. La passivité de l’État face aux exactions commises par plusieurs milices, notamment Donsos, questionne sur les soutiens politiques dont bénéficient certaines milices.

Pour Me MARIKO, ces exactions participent à l’engrenage des violences et la marginalisation de certaines communautés, constituant un frein au retour de l’État dans certaines zones, en passe de devenir les bases arrière des manœuvres de déstabilisation observées dans d’autres Etats de la région.

Les recommandations

Dans ce rapport, ces deux organisations ont également adressé une série de recommandations aux autorités maliennes, à la communauté internationale et à la justice internationale.

Concernant la non-répression des crimes commis au centre du Mali, le rapport invite l’Etat à engager la lutte contre l’impunité, assurer l’accès à la justice et à la réparation pour les victimes et à la réconciliation. Les deux organisations de défense des droits de l’homme invitent les responsables politiques, militaires et judiciaires à engager des poursuites contre les responsables d’atteintes aux droits humains et au droit international humanitaire, quels qu’en soient les auteurs.

Il s’agit de diligenter des enquêtes impartiales, ouvrir des instructions judiciaires sur les crimes commis dans le Centre et leurs auteurs, et les poursuivre en justice, y compris lorsqu’il s’agit d’agents de l’État ou de personnes agissant sous son contrôle effectif ; rendre publics les résultats des enquêtes menées par les différents services de l’État (armée, police, justice, Assemblée nationale, Commission nationale des droits de l’Homme, etc.) sur les violations des droits humains, quels qu’en soient leurs auteurs ;

Enfin, la FIDH et l’AMDH invitent les groupes armés à s’abstenir de toutes attaques contre les civils et à respecter l’intégrité physique et mentale des populations civiles ; à respecter en toute circonstance le droit international humanitaire et les conventions de Genève et l’accès humanitaire des ONG aux populations.

Par Abdoulaye OUATTARA

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