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Les députés de la majorité enjoignent IBK à dialoguer avec l’opposition: Début de décrispation ou désaveu de l’Exécutif ?
Publié le mardi 27 novembre 2018  |  Infosept
Plénière
© aBamako.com par A S
Plénière à l`Assemblée nationale sur la Prorogation du mandat des députés
Bamako, le 23 novembre 2018 l`Assemblée nationale a adopté à l’unanimité le projet de loi organique sur la Prorogation du mandat des députés
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Pour une des rares fois, les députés de la Majorité et ceux de l’Opposition, excepté cinq parmi eux, ont soufflé dans la même trompète en approuvant le projet de loi portant prorogation de leur mandat pour six mois. Mais au dela de ce qui semble s’apparenter à un deal entre les deux forces antagoniques à l’Assemblée Nationale, il faudrait lire en filigrane une soif de paix et de stabilité partagée par tous les députés. D’où leur appel solennel à IBK pour un dialogue inclusif, particulièrement avec l’Opposition. Après cet appel de cœur, les lignes vont-elles bouger au sein de l’Exécutif ?

Ils étaient au total 137 députés présents sur les 147 que compte l’Assemblée nationale et tous ont voté pour, sauf 5 qui se sont abstenus. L’adoption de ce projet de loi, au delà du fait qu’il permet aux députés de voir leur mandat prorogé de six mois, semble être une occasion voire un tournant décisif pour une véritable amorce de dialogue pour une stabilité politique. C’est en tous les cas ce que souhaitent les députés de la Majorité.

C’est sans détour et souvent avec émotion que certains députés, pas des moindres, de la Majorité ont lancé un appel solennel à IBK pour qu’il accepte de dialoguer directement avec l’Opposition. Cela pour une décrispation de la situation politique. Par cet appel des députés du RPM, principal parti de la Majorité, il y a lieu de s’interroger sur le pourquoi d’une telle prise de conscience maintenant ? Et sur cette volonté pour le RPM, de reprendre la main dans la gestion des affaires.

Il est fort probable que cette prise de conscience des députés du RPM soit guidée par leur souci de sortir de la crise post électorale, à travers un dialogue franc et inclusif. Ils semblent également être animés par le sentiment que seule une gouvernance consensuelle permettra de sortir le pays de ce chaos indescriptible. Les députés de la Majorité ont enfin mesuré l’immensité des défis auxquels le pays est confronté et surtout l’ampleur des menaces qui pèsent sur le Mali.

C’est pourquoi ils souhaitent que le Président de la République descende de son piédestal royal pour dialoguer, sans délai, avec l’Opposition afin de désamorcer la latente bombe socio-sécuritaire voire politique. IBK accédera-t-il à cette demande de sa Majorité ? Rien n’est moins sûr. Et pourtant il y va de la stabilité du pays. A défaut les députés seront dans l’obligation d’imposer leur volonté à l’exécutif sans être menacés de perdre leur mandat. Surtout quand on sait que le gouvernement, avec ses problèmes, ne souhaite pas ajouter une crise à une autre en dissolvant l’Assemblée Nationale. Donc, les élus nationaux pourraient jouer pleinement leur rôle en montant au créneau pour imposer à l’exécutif la marche à suivre.

Pour les députés du parti majoritaire, la mise à l’écart du parti dans la gestion des affaires est considérée comme une trahison. C’est pourquoi ils semblent déterminer à reprendre la main pour leur pleine et entière implication dans la gestion du pouvoir. C’est en tout cas tout le sens de l’interpellation des députés du RPM. Ils sont mécontents de voir relégué au second plan les caciques du parti. Pour preuve, tous les postes clés de l’administration les échappent, à commencer par la Primature. C’est irrité par ce genre de comportement que le RPM a condamné avec la dernière énergie la répression du meeting de l’Opposition par les forces de l’ordre sur instruction du gouvernement.

Après le communiqué de condamnation, c’est un appel au dialogue qu’il vient de lancer au Président de la République. Car pour les députés, tard vaut mieux que jamais. Et qu’après avoir soutenu aveuglement tous les projets de loi de l’exécutif, même les plus impopulaires, les élus nationaux sont désormais sur leurs chevaux de bataille et semblent avoir une occasion idoine de se racheter en imposant la paix et la stabilité et même la bonne conduite au gouvernement comme leur confère la Constitution.

Youssouf Sissoko
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