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Consommation du Tramadol au Mali : Une jeunesse hors contrôle
Publié le mercredi 28 novembre 2018  |  Le Pays
Incinération
© aBamako.com par A S
Incinération des stupéfiants
l`Office central des stupéfiants a incinéré mercredi plus de quatre tonnes de cannabis et de cocaïne saisies
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La santé publique est menacée au Mali par la consommation de certaines drogues comme le Tramadol. Ce médicament est très prisé au sein de la jeunesse malienne et met toute la société en danger. Il importe vraiment que les autorités agissent vite avant que tous les jeunes ne deviennent des mabouls.

Les jeunes Maliens sont de grands consommateurs de drogue. Il suffit de se rendre dans les quartiers pour le remarquer puisqu’ils ne s’en cachent plus. Le Tramadol, ce médicament destiné à calmer les douleurs très intenses ou à des traitements psychiatriques comme nous l’a expliqué Amédou Mallé, infirmier de la santé, est de plus en plus sollicité par ces jeunes qui se sentent obligés d’en prendre afin de se sentir en forme durant toute la journée. Un apprenti d’une Sotrama (transport en commun) que nous avons empruntée le disait fièrement en criant « Kalabancoro-Rails da » : « Aujourd’hui, je mettrai le paquet car je suis avec mon grand ami Tramadol ». Entendez par là qu’il en a consommé avant de commencer à travailler.

Ce médicament, qui ne doit pourtant pas se vendre sans prescription médicale, se trouve à la portée des jeunes comme un simple bonbon. Maïmouna, vendeuse de médicaments au bord de la voie principale de Kalaban-Coro, nous fait savoir que les jeunes ont un langage codé pour le désigner. Au lieu de Tramadol, ils disent 200 ou 120. Quant au prix de vente de ce produit, elle nous confie qu’il varie. Un seul comprimé de ce produit est compris entre 100 et 200 FCFA. Malgré la cherté de cette drogue, elle est grandement sollicitée, précise-t-elle.

Selon les statistiques des saisis courants de l’Office Central des Stupéfiants (OCS) du Mali durant le premier semestre, 32 091 comprimés du Tramadol ont été saisis majoritairement à Kayes (19 125 comprimés), à Koulikoro (5 330 comprimés), à Mopti (5 200 comprimés), à Sikasso (2 436 comprimés).

Pourtant, les conséquences sur l’état de santé sont très graves. Certains d’entre eux perdent souvent tout leur contrôle. Tel a été le cas d’un jeune de Kabala, quartier périphérique de Bamako, qui, aux dires de Aicha, une infirmière, après consommation abusive de ce produit, a perdu complètement le contrôle de sa personne. Il a été amené à la clinique où l’infirmière travaillait. Des traitements lui ont été administrés. Le jeune, chef de famille d’ailleurs, a passé toute la nuit à uriner dans son lit pendant que sa femme se trouvait à son chevet. Il s’est réveillé ensuite et s’est mis à insulter tout le monde en réclamant une dose de Tramadol.

Quelques semaines après cet incident, il a rendu l’âme sous l’effet d’une surdose. Le chef de division, prévention, communication et relations publiques de l’Office Central des Stupéfiants, M. Mohamed Kanouté, n’a pas manqué de nous faire part d’une de ses expériences vues à Badalabougou : « J’ai vu un chauffeur descendre son apprenti parce qu’il était sous l’effet du Tramadol. Le petit, une fois hors du véhicule, n’arrivait plus à se tenir debout et ne faisait que baver. » Le chauffeur aurait agi de la sorte parce qu’il avait demandé en vain au petit d’arrêter de consommer cette dose qui ne peut être que nocive sur sa santé.

Quant à savoir la provenance de ce produit toxique, le Lieutenant-Colonel Salif Mallé, chef du service renseignement de l’OCS, nous explique que la Guinée Conakry constitue la « principale pourvoyeuse du Mali en Tramadol ». Outre la Guinée, nous avons le Niger et cela transite par Ansongo, Ménaka et Gao, indique-t-il, tout en précisant que cette voie n’est pas aussi fréquentée. Enfin, le Tramadol parvient au Mali en provenance de la Côte d’Ivoire, notamment par le village de Katiana, frontière Mali-Côte d’Ivoire.

Face à cette calamité, le gouvernement doit s’assumer en interdisant les entrées frauduleuses ainsi que les ventes illicites de ce médicament dangereux pour la santé. Il faut un réel contrôle des affaires de toutes ces femmes qui vendent des médicaments sur la voie publique. Il faut également coller une peine sévère à tous ceux qui en prennent pour que ça serve de leçon aux autres.

Le fait que les vendeuses et consommateurs se cachent prouve que c’est interdit. Il faut donc maintenir une certaine rigueur du côté des autorités et le tour sera joué. D’ailleurs, la création de l’Office Central des Stupéfiants, selon le décret n°10-212/P.RM du 13 avril 2010, régularisé par l’ordonnance n°2013-012/P-RM du 2 septembre 2013, répond à ce souci de lutte. C’est, en tout cas, ce que nous a confié M. Kanouté. À l’en croire, l’OCS agit sur deux volets : la prévention et la répression. L’OCS est chargée de mener un contrôle aigu sur la circulation de toutes les sortes de drogues. Elle joue la fonction de « police judiciaire ». Cette présence doit s’étendre davantage dans les coins régulés et surtout aussi les quartiers périphériques de la capitale malienne.

Fousseni TOGOLA
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