La mort du prédicateur radical Hamadou Kouffa est-elle synonyme d’étêtage du serpent du terrorisme au centre du Mali ? En l’absence de Kouffa, n’y aurait-il pas une succession ? Parmi ses lieutenants qui va le remplacer ? Autant de questions qui devraient inciter les autorités militaires du Mali à savourer ce succès militaire avec modération.
Apparus dans le Centre du Mali, il y a 3 ans, Hamadou Kouffa et ses hommes ont tué plus de 500 civils et provoqué des conflits intercommunautaires jamais vus au Mali, selon le dernier rapport de l’ONU publié au début de cette année. La mort de Kouffa en début de week-end dernier est consécutive à une opération militaire conjointe organisée par l’armée française et l’armée malienne, elle a été annoncée par le sous-chef d’état-major général des armées maliennes, le général Abdoulaye Cissé à l’AFP.
Il a précisé qu’il avait été gravement blessé au cours de l’attaque de leur base dans la forêt de Wagadou au centre du Mali et qu’il a été transporté par ses proches avant de décéder après. Cette opération représente un coup dur pour les jihadistes, estiment des analystes de l’Institut international de Stockholm pour la recherche de la paix.
La mort de Kouffa, si elle est avérée, est assez significative. Hamadou Kouffa était en quelque sorte le porte-parole du GSIM dans le Centre du Mali, a déclaré à l’AFP Aurélien Tobie, chercheur à l’Institut international sur la paix de Stockholm (Sipri).
Il faisait référence principalement à l’alliance jihadiste au Sahel, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. “Ce n’était pas un important chef militaire, mais le GSIM a un message global et un message pour le Mali. S’il s’adresse au Mali, Kouffa, originaire du Centre du pays, avait cette légitimité. C’était l’ancrage du GSIM dans la région”, ajoute le chercheur.
Depuis l’apparition du groupe de Kouffa, les violences intercommunautaires se sont multipliées au centre du pays, opposant notamment les Peuls traditionnellement éleveurs et les ethnies bambara et dogon, pratiquant majoritairement l’agriculture. Ces violences ont fait plus de 500 morts civils selon le dernier rapport de l’ONU publié au début de cette année.
Le 8 novembre passé, Kouffa était apparu aux côtés du chef du GSIM Iyad Ag Ghaly, de l’Algérien Djamel Okacha dit Yahia Abdoul Hamman, dirigeant d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dans une vidéo dans laquelle il invitait les musulmans en général à faire le “jihad”, avant de s’adresser en particulier à l’ethnie peule.
La mise hors d’état de combat d’une trentaine de jihadistes dont des lieutenants du prédicateur radical de la Katiba de Macina est une action d’ampleur, complexe et audacieuse, a souligné Florence Parly la ministre française de la Défense.