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Centre du Mali: l’après Kouffa…
Publié le mercredi 28 novembre 2018  |  Info Matin
Amadou
© Autre presse par DR
Amadou Koufa
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Après la neutralisation du prédicateur radical Amadou KOUFFA, dans la nuit du 22 au 23 novembre, dans la région de Mopti, de nombreuses questions taraudent les esprits : le timing de l’opération militaire ; la recomposition de la Katiba du Macina privée de son chef charismatique ; les retombées pour les populations vivant dans la terreur, avec un déchirement du tissu social…

La mort de Amadou KOUFFA, suite à une intervention conjuguée des Formes maliennes et françaises, constituât indubitablement un coup dur pour le Mouvement dont il était l’incarnation, à savoir le Front de libération du Macina ou la Katiba du Macina, succursale, hier, de Ansar Eddine de Iyad Ag GHALY, et désormais affilée au Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM). Avec cette mort, c’est un pas important qui est franchi dans la lutte contre le terrorisme.

Pour autant, la décapitation de la Katiba du Macina qui s’est aussitôt choisi un nouveau leader est loin de signer la mort du terrorisme. La mort de KOUFFA fait surgir de nombreuses questions, dont les réponses s’avéreront aussi déterminantes que l’élimination d’un chef jihadiste.

Pour la curiosité, il y a le timing de l’opération conjointe qui a abouti à la mise hors de combat d’une trentaine de jihadistes, dont des chefs à l’instar de Amadou KOUFFA lui-même ; Djourétou, le chef de la base ; Bobala, le chef des opérations ; le successeur potentiel de KOUFFA, à savoir un certain Imrane.

Selon les chefs militaires, la planification de l’élimination de Amadou KOUFFA a pris plusieurs mois, mobilisant une impressionnante logistique et des efforts considérables sur le plan du renseignement militaire. Autant dire que sa neutralisation était dans le pipeline, d’autant plus que probablement une occasion inespérée s’était présentée en cette fameuse nuit du 22 au 23 novembre.

Pour autant, un élément déclencheur a pu précipiter cette opération. Ce serait cette apparition de Amadou KOUFA, le 8 novembre 2018, dans une nouvelle vidéo aux côtes de Iyad Ag GHALY et de Djamel OKACHA, dans laquelle il appelle les Peuls à l’insurrection dans les sept pays d’Afrique où ils sont présents : « j’en appelle aux Peuls où qu’ils se trouvent : au Sénégal, au Mali, au Niger, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Nigeria, au Ghana et au Cameroun ». C’était là, de toute évidence, la faute de trop qui a signé son arrêt de mort. A-t-il violé un pacte qui lui garantissait une certaine impunité ?

Ceci pourrait amplement expliquer que ce chef terroriste qui passait pour un fantôme aux yeux de l’opinion, certains allant jusqu’à nier son existence, tant il était insaisissable, a été localisé avec précision et neutralisé, en moins de deux semaines. Ce, alors qu’il a écumé les villages, y semant mort et désolation durant des années.

Pour ce qui est de la survie de la Katiba du Macina, après l’élimination de KOUFFA, il importe de rappeler ce diton : quand on coupe la tête d’un serpent, le reste est une corde. Ce diton pourrait être vérifiable dans deux cas de figure.

Le premier est l’hypothèse très plausible d’un Amadou KOUFFA personnage charismatique, pourvoyeur de moyens matériels et financiers au Jihad ou toute autre appellation qui siérait le mieux.

Le second est l’hypothèse d’un ciment dogmatique qui idéaliserait le combat engagé par Amadou KOUFFA.

Dans ces deux cas de figure, s’il faut s’attendre à une période de flottement, il va sans dire que la mort de KOUFFA n’est qu’une bataille de gagnée, mais qu’il faudra gagner la guerre contre le terrorisme. Il faudra s’attendre à une recomposition du mouvement pour l’atteinte du même objectif : l’islamisation forcée des populations qui le sont déjà.

A contrario, et ce serait le scénario le plus souhaitable, en l’absence du chef charismatique, la Katiba pourrait imploser pour donner naissance à des particules de mouvements. Ce qui porterait un coup sérieux à sa capacité de nuisance.

Avec de telles inconnues, quelles peuvent être les retombées de la neutralisation de Amadou KOUFFA pour les populations, en particulier celles du Centre, victimes de sa barbarie ?

Pour les plus enthousiastes, les retombées seront, à coup sûr, positives. C’est le cas du Gouverneur de la région de Mopti, Sidi Alassane TOURE : « La mort de Hamadoun Kouffa aura forcément des retombées positives. Au final, le seul problème qu’il y avait entre les Peuls et les Dogons, c’était le terrorisme ». S’il faut donner raison à M. TOURE, il faut également souligner que son observation ne porte que sur les causes apparentes et immédiates de la crise.

Il y a les causes lointaines qu’il revient aux populations de diagnostiquer et qui nécessitent un traitement du passé pour asseoir un nouveau vivre ensemble. De même, en considérant que le développement est le substrat naturel à l’éclosion et à la croissance de la paix, cette question mériterait un traitement préférentiel. À ce prix, la neutralisation de Amadou KOUFFA pourrait avoir des retombées positives pour les populations.

PAR BERTIN DAKOUO

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