Finalement, je me rends compte de la manière dont IBK veut gouverner le Mali au cours de son deuxième mandat. Cela nous amène à parler de la question de son style de commandement. Un dirigeant doit savoir qu’il ne s’agit pas seulement de mettre en évidence, ce qu’il veut faire, mais l’essentiel c’est de savoir ce que les subordonnés peuvent accepter de lui. Un pouvoir ne se maintient que s’il satisfait un besoin de dépendance. A ce sujet Etienne de la Boétie en 1548 dans son recueil intitulé, le discours sur la servitude volontaire disait ceci : Un tyran n’a d’autres pouvoirs que ce qui lui sont donnés par le peuple, le problème étant moins la volonté de servitude de ces sujets. Lorsqu’un chef veut asseoir son autorité vis-à-vis de ses subordonnés, il doit savoir que c’est l’attitude de ses subordonnés qui peut dresser une barrière à l’extérieur pour arrêter son autorité. La démocratie a codifié ces pratiques par des constitutions respectant les droits de l’homme. Un des indicateurs de ce degré de soumission des subordonnés est la distance hiérarchique. Elle se mesure à la perception que le subordonné a du pouvoir de son chef. En effet la représentation mentale de l’autorité dont bénéficie le supérieur va déterminer le comportement du subordonné. La motion de distance hiérarchique est donc précisément la perception du degré d’inégalité de pouvoir entre celui qui détient la réalité du pouvoir et celui qui est soumis. Cette perception étant très variable, le concept de distance hiérarchique apparait comme un critère extrêmement riche pour distinguer la nature des différents dirigeants quel que soit le poste occupé.
En analysant, le cas IBK, trois indicateurs retiennent notre attention dans sa perception de la gouvernance. Le premier indicateur est le fait du goût immodéré du luxe. Il veut la première qualité donc très coûteuse en toute chose (montre de luxe coûtant plus de 50 millions F CFA, voitures de luxe Mercedes dernière génération, les 4×4 type, Expédition de Général Motor of Chicago (GMC), fourchettes, cuillères et couteaux dorés, plat de Marianne Pavaroti baignoire type Copa Cabana, fauteuils Louis XIV ou XV, avion présidentiel aménagé luxueusement et interdit aux journalistes, des vestes coûtant plus de 6 millions F CFA etc.).
Le deuxième indicateur est l’usage abusif du tapis rouge, même en brousse lors de ces tournées. Le cas le plus criard a été la cérémonie officielle de démarrage de la campagne vaccinale des bœufs contre la peste à Maraka-Koungo ou le tapis rouge a été posé sur les bouses de vache pour lui permettre d’atteindre la cache à vacciner. Un véhicule pick-up est réservé uniquement pour le transport du tapis rouge et la chaise sur laquelle il s’assoit. Signalons qu’il y a belle lurette qu’il ne tend plus sa main aux personnalités villageoises. Il salut les bras croisés désormais et gare au premier villageois imprudent qui lui tendra sa main. Aussi, notons aussi qu’il aime être accueilli par une grande foule à chaque occasion à l’image des rois ou des princes. Le troisième indicateur est la priorité donnée à ses besoins même étant secondaires au détriment des priorités du peuple.
Par rapport à ce comportement, le peuple subit sans broncher, malheureusement, car il est établi qu’en Afrique le peuple aime un dirigeant qui instaure une distance hiérarchique entre lui et ses subordonnés. Il n’accepte pas de contestation et veut tout imposer au peuple. Ce type de dirigeant est un chef qui commande fermement. Cette façon de diriger le peuple était fréquente avant l’avènement de la démocratie. Mais actuellement, c’est le consensus qui prime en terme de gouvernance car l’avis du peuple compte, y compris celui des minorités pour que le respect des droits de l’homme fasse parti des normes de gouvernance démocratiques. Ce nouveau principe crée ainsi des dirigeants consultatifs. Peut-on dire que c’est le cas au Mali ? Non, nous savons que pour notre président l’inégalité est naturelle dans ce bas monde et tant pis pour l’opposition et le peuple.